Blame - Blame

Quoi de plus difficile que de chroniquer un album d'un groupe qu'on connait très bien ? L'exercice n'est pas facile puisqu'il peut être à double tranchant. Soit la critique est bien digérée, soit je me fais greffer un autre visage en espérant échapper à une mort certaine. C'est donc une énorme prise de risque à laquelle je vais me livrer puisque je ne vais pas hésiter à mettre ma vie en jeu au nom de la liberté d'expression. On est comme ça sur Thrashocore, on a signé donc on met le paquet.

Blame (prononcez Bléïm pour vous la péter en societé) est un tout jeune groupe qui nous vient du fin fond des Vosges. Depuis quelques années, le quintet écume les salles de la région jusqu'à n'en plus pouvoir. Avec des concerts à la pelle, il est difficile de ne pas avoir déjà vu la formation ne serait-ce que dans le département. C'est donc pour taper plus haut et aussi pour remercier sa légion de fan que Blame sort enfin ce mini-album tant attendu. « Tout vient à point à celui qui sait attendre » comme dit le dicton et il faut avouer qu'attendre a du bon puisque le résultat est à la hauteur.

Ce mini cd qui ne porte pas de nom (quel foutage de gueule quand même), a été le fruit de nombreux soins dans lesquels on compte un mixage au Hertz Studio en Pologne, rien que ça. Il faut donc s'attendre à un son relativement correct puisque des écuries telles que Vader ou encore Kronos s'y sont rendus. C'est bien évidemment le cas ici et force est de constater que pour une auto-production, le travail effectué est remarquable puisque chaque instrument est à sa place sans prendre celle d'un autre. Les guitares sont agressives et tranchantes, le chant est clair même qu'on y distinguerait les paroles.

Musicalement parlant, les influences de Blame sont nombreuses, entre Behemoth, Death, Metallica ou encore Carcass dans sa période rot'n'roll. Le contenu de ce mini album est résolument dans une optique thrash avec des plans death et une petite touche mélodique pour faire joli. Il y en a donc pour tout les gouts, des riffs bien taigneux, des solos de rockers (mention spécial à celui de Bimbo dans « Opium »), des accélerations véloces, du blast, une basse parfaitement audible et mixée, le tout pour des compositions très bien ficelées. Un mot sur le chant, une voix gutturalo-hurlée à mi-chemin entre le death et un schouia de hardcore qui donne une bonne patate à l'ensemble. Il est bien placé, articulé et par moment doublé par des backings utilisés avec justesse.

Le mordant reste le maitre-mot de ces 5 titres puisque l'intensité ne tombe que très rarement, d'où une grande homogénéité qui fait passer le cd comme une lettre à la poste. Le batteur n'a certaiment pas le touché du petit bonhomme en mousse et alterne les changements de rythmes avec fluidité pour donner une bonne dynamique aux morceaux. Et du dynamisme il y en a, d'ailleurs le dernier titre le hausse d'un cran. « C'est la bagarre » comme on pourrait dire. L'intro est imparable et puissante, le rythme est soutenu pour une fort belle conclusion. Leger reproche cependant, la grosse caisse est parfois un peu trop présente et un titre supplémentaire aurait été le bienvenu.

Mais tout cela n'entâche en aucun cas la qualité de ce mini-album qui, je l'espère, permettra au groupe de faire parler de lui en dehors de nos belles contrées verdurées. La musique de Blame tape dans plusieurs styles différents, beaucoup devrait y trouver leur bonheur (à part peut-être les amateurs de vielle à roue mais à la limite, ce n'est pas tellement grave). M'enfin, je me doute que ça se fera sans trop de pro-Blame (Guy Lux sort de mon corps).

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