Trois ans après un premier essai extrêmement prometteur, les jeunes Norvégiens de Sepulcher signent aujourd’hui leur retour avec la sortie de
Panoptic Horror, un nouvel album paru il y a quelques semaines via Edged Circle Productions. Si à l’époque il avait fallu attendre près d’un an et demi avant que
Mausoleum Tapestry ne soit proposé autrement qu’en cassette, c’est aujourd’hui tout l’inverse puisque seuls CD et vinyle sont pour le moment disponibles. Un choix qui me convient très bien puisque je ne suis pas spécialement friand de ce format à bande.
Que vous soyez familier ou non avec la musique de Sepulcher, la première chose que l’on remarque au sujet de ce deuxième album c’est cet artwork grandiose, à vous donner le vertige par ses proportions impressionnantes, du Polonais Mariusz Lewandowski. Un jeune homme de cinquante-huit printemps, largement inspiré par son défunt compatriote Zdzisław Beksiński, et qui depuis quelques mois semble susciter un certain intérêt chez certains groupes de l’underground (c’est à lui que l’on doit notamment l’artwork particulièrement somptueux du dernier album de Bell Witch ainsi que celui du premier album de Shrine Of The Serpent). Avec un talent pareil, nul doute que l’on ne sera pas sans revoir son travail dans les prochains mois.
Bien que je n’ai pas l’information sous la main permettant de le confirmer, la production de ce nouvel album semble en tout point calquée sur celle de son prédécesseur. Comme le très efficace
Persisting Devolution de leurs compères d’Inculter au rendu sonore pour le moins identique, ce
Panoptic Horror a lui aussi été enregistré aux Mugge Studios. Je mets donc ma main à couper que
Mausoleum Tapestry est lui aussi sorti de ces mêmes murs capitonnés. On retrouve en tout cas ici ce qui faisait le charme de ce premier album à savoir une production abrasive et plutôt dépouillée qui va ainsi nourrir cette atmosphère tendue et explosive dans laquelle baigne chacune de ces sept nouvelles compositions.
Il n’y a donc pas de grands bouleversements à prévoir à l’écoute de ce nouvel album qui marche sans grande surprise dans les pas de son prédécesseur. Une suite logique dont les qualités restent évidement les mêmes. Notamment cette approche mêlant à la fois un certain respect des traditions et une envie de sortir des carcans parfois trop étriqués qu’imposent ces genres que sont le Death Metal ou le Thrash. En soit,
Panoptic Horror n’a donc rien de fondamentalement nouveau à proposer mais comme pour son prédécesseur, ce sont ces constructions plus ou moins alambiquées et/ou inattendues proposées sur des morceaux à la durée relativement étirée (une bonne majorité des titres de l’album tapent au-delà des cinq minutes) qui permettent à Sepulcher de tirer son épingle du jeu et de développer ainsi une certaine personnalité. Alors bien sûr, on pense toujours un peu à Obliteration voire même à Nekromantheon à l’écoute de ce Death/Thrash furibard et faussement bancal exécuté avec cette urgence toujours aussi jouissive mais malgré certaines similitudes plus qu’évidentes, j’ai toujours trouvé que les Norvégiens avaient un petit quelque chose de bien à eux.
Si Sepulcher passe ainsi le plus clair de son temps à cent à l’heure, brinquebalant l’auditeur à coup de tchouka-tchouka exécutés tête baissée, de riffs bâtards (quelque part entre Punk, Thrash et Death Metal) particulièrement nerveux et abrasifs et de cris écorchés et vindicatifs à la réverb si désuète (et donc délicieuse), le groupe sait aussi comment faire redescendre l’intensité à coup de séquences plus en retenues mais non moins tendues. Comment ? Et bien tout simplement en calmant le jeu à l’aide de riffs moins directs et plus tortueux mais en conservant cependant toute l’âpreté de son propos, notamment via ce chant arraché particulièrement expressif ("Corporeal Vessels" de 3:00 à 5:12, la première moitié instrumentale de "Towards An Earthly Rapture", les deux premiers tiers de "Corrupting The Cosmos", "Ethereal Doom" de 1:46 à 2:15, la dernière partie de "Scourge Of Emptiness", "Haunting The Spheres" de 2:24 à 4:25). Comme toujours, ces moments de calmes relatifs permettent d’aérer les compositions de Sepulcher et de souligner encore davantage la dynamique de ce nouvel album exécuté une fois de plus de main de maître.
Moins surprenant que son prédécesseur qui m’avait fait, il est vrai, une plus grosse impression à sa sortie,
Panoptic Horror n’en demeure pas moins un très bon album au son typique de ces scènes de Fusa (Inculter et Reptilian dont tous les membres sont également issus) et de Kolbotn (Obliteration, Desecration, Nekromantheon...). Un disque rugueux, mené le couteau entre les dents et dont es quelques moments de répit ne font que mettre en lumière toute l’intensité et l’urgence de ces compositions savamment orchestrées. En attendant la chronique du nouvel album d’Obliteration, voilà un disque sur lequel vous devriez vous pencher si vous êtes clients de ce son si particulier.
1 COMMENTAIRE(S)
02/11/2018 16:32