Qui oserait encore présenter
SADUS à son lectorat ? Sûrement pas moi. Entre 1988 et 1992, les Américains ont plié le
game du
thrash death metal technique («
Illusions » ;
« Swallowed in Black » ;
« A Vision of Misery ») et même si le grand
Steve DiGiorgio ne tient désormais plus la basse, le duo
Jon Allen (batterie) /
Darren Travis (basse, guitare, chant) est encore capable d’en remontrer aux jeunes qui poussent derrière afin de conquérir le trône laissé vacant trop longtemps.
En effet, alors que d’aucuns pourraient se laisser dire que suite aux semi-fours que furent «
Elements of Anger » (1997) puis surtout le mal-aimé «
Out for Blood » (que je trouve personnellement tout à fait délicieux), prêter une oreille à ce «
The Shadow Inside » serait une perte de temps, je réponds avec aplomb : que nenni ! Déjà, la formation s’est dotée d’un son hyper puissant totalement d’actualité et je trouve ce regain de modernisme tout à fait approprié à ces dix nouvelles compositions qui démontrent justement que les deux protagonistes savent vivre avec leur temps sans regarder en arrière. Ou tout du moins sans que le glorieux passé n’empêche d’évoluer dans la continuité. Ainsi, au rayon des bonnes surprises, nous pourrons noter que les expérimentations à base de synthétiseurs ont disparu du paysage et ce que l’on perd en n’ayant plus
DiGiorgio aux quatre cordes (ses lignes incroyables manquent tout de même cruellement), on le gagne en radicalité : le style se veut désormais moins techniquement démonstratif, même si le riffing des guitares atteint de beaux sommets, de même que les solos, particulièrement vifs et inspirés (« Anarchy » pour n’en citer qu’un).
L’autre atout est que
SADUS possède un style qui lui est propre, impossible à confondre, même avec les groupes dont il est le plus proche :
CORONER et
DARK ANGEL principalement. Autrement dit, ce que ces musiciens jouaient dans les années 90, ils le jouent encore aujourd’hui sans que cela ne sonne « daté », preuve s’il en fallait qu’ils sont plus que jamais à l’avant-garde de leur art. Et si effectivement la nostalgie me ramènera toujours davantage sur les traces d’«
A Vision of Misery », «
The Shadow Inside » fait bien plus que simplement marquer un
come-back après un peu moins de vingt ans de silence. Tout n’est certes pas ici parfait (l’instrumental « New Beginnings », dispensable) mais l’album permet au moins aux Américains de reprendre leur place au sein de la hiérarchie
metal, scènes
thrash et
death confondues tant le duo a toujours flirté avec la frontière.
Le disque renoue avec ces mid-tempos à la fois techniques et plein de groove qui ont toujours caractérisé la formation, le chant criard de
Darren Travis fonctionne encore parfaitement et j’adore le son très mat de la grosse caisse de
Jon Allen qui, s’il n’a peut-être plus sa rapidité d’antan, balance encore des patterns bien chiadés qui confèrent beaucoup de dynamisme aux morceaux. Le seul et unique regret de cette sortie sera donc de ne pas y retrouver
Steve DiGiorgio, dont la seule présence aurait fait passer la note de 8 à 10 j’en suis convaincu. Il ne reste maintenant plus qu’à espérer que
SADUS soit durablement de retour et que d’autres LP suivront car, si je considère encore ce dernier comme un tour de chauffe permettant de confirmer que le feu sacré est encore là, je gage que ses successeurs se hisseront tout en haut de la chaîne alimentaire.
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05/07/2024 12:50
05/07/2024 08:02