Revocation - Netherheaven
Chronique
Revocation Netherheaven
Si habituellement le groupe de David Davidson est très productif il a cette fois-ci franchement ralentit l’allure pour sortir ce huitième album tant attendu, vu qu’il lui a fallu presque quatre ans jour pour jour pour voir arriver le successeur du très bon
« The Outer Ones »… un record depuis qu’il a démarré ses activités. Il faut dire qu’entre les freins liés au Covid et le départ de Dan Gargiulo les embûches ont été nombreuses mais n’ont pas arrêté son leader historique, qui a décidé de continuer contre vents et marées et il a d’ailleurs bien fait tant cet opus n’a rien à envier à ses prédécesseurs en s’y inscrivant dans leur droite ligne. Peaufiné à l’extrême ce « Netherheaven » ne va clairement pas changer la donne tant il satisfera les fans sans pour autant en attirer de nouveaux, mais visiblement le combo s’en fout totalement vu qu’il continue d’offrir une musique si reconnaissable où technique, violence et mélodie se mélangent habilement tout en gardant une certaine fluidité générale.
Bref comme d’habitude on aura du très bon, du sympathique et quelques moments moins inspirés… même si tout cela va débuter de très bonne manière avec les classiques et variés « Diabolical Majesty » et « Lessons In Occult Theft », qui proposent toute la palette technique de chacun des membres entre brutalité intense et passages plus lents mélodiques. On s’aperçoit en tout cas que ceux-ci malgré le temps qui passe ne perdent pas la maîtrise de leurs instruments respectifs, tant sa tête pensante continue de nous régaler de solos de toute beauté et à la grande fluidité tout comme le frappeur qui est impressionnant de maîtrise quel que soit la vitesse déployée, sans jamais faire bourratif et indigeste (même si ça les frôle parfois). Après cette doublette qui fait le boulot de manière efficace et accrocheuse « Nihilistic Violence » va appliquer un tempo majoritairement plus lourd, créant ainsi une ambiance rampante et groovy aux accents très sombres qui amènent de fait quelque chose d’inquiétant et d’oppressant bien calé aux deux extrémités de ce morceau (où déferle en son milieu des explosions de toutes parts). Totalement réussi là-encore il montre que même en jouant moins rapidement ça reste consistant et même finalement plus intéressant, il n’y a qu’à écouter l’aérien et orageux « Galleries Of Morbid Artistry » pour le confirmer, vu que la froideur y est mise en exergue via de doux arpèges et des parties tribales enivrantes ponctuées d’accélérations courtes mais intenses. Si les passages débridés sont impeccables c’est néanmoins quand ça ralentit l’allure que le niveau augmente d’un cran et cette plage y parvient facilement offrant un vrai récital de virtuosité sans tomber dans l’excès, montrant autant un rendu lumineux que nocturne… point présent aussi sur l’excellent « Godforsaken ». Mettant sur un pied d’égalité autant les parties rampantes que celles remuantes et brise-nuques le rendu y est très lourd vu que ça reste bridé sans jamais monter en accélération, et ça convient parfaitement vu que ça ne perd jamais en puissance et intensité même en jouant sur la fibre plus massive.
Cependant si tout cela rend une copie nickel et sans accrocs il n’en va pas de même de « Strange And Eternal » qui ne décolle jamais, la faute à une écriture moins inspirée et une durée beaucoup trop longue qui donne la sensation de ne jamais vouloir en finir. Et quand ça n’est pas ça qui pose problème ce sont carrément ces voix claires d’un goût douteux, qui si elles essayent d’amener des accents solaires cassent surtout une dynamique qui n’avait pas besoin de ça. Heureusement ceci sera le seul moment de faiblesse de cette galette - et ce même si l’interlude instrumental « The 9th Chasm » n’amène pas grand-chose malgré ses solos magnifiques au feeling imparable - vu que le tout va se clôturer par l’agréable « The Intervening Abyss Of Untold Aeons » qui sert de parfait condensé d’obédience basique, avant que l’ensemble ne se clôture sur le radical et brutal « Re-Crucified » totalement frontal et hargneux (où l’on peut entendre l’apport vocal de George Fisher et du regretté Trevor Strnad), qui met un point final aux hostilités de la façon la plus virulente possible proposée par l’entité.
Si tout cela ne changera pas la donne (ça ne sera au final qu’un enregistrement supplémentaire dans une discographie désormais bien fournie), il n’en reste pas moins que ce cru 2022 a suffisamment d’arguments pour qu’on y revienne régulièrement avec le même plaisir, et ce malgré un manque de futurs classiques en puissance qui passeront l’épreuve du temps. Autant dire qu’avec tout ça la formation du Massachusetts reste parmi les ténors du Thrash/Death Mélodique Technique, style auquel elle a donné ses lettres de noblesse malgré quelques excès sonores et de temps qui auraient pu lui coûter cher dans un passé proche
(« Revocation » et « Deathless » pour ne pas les citer). Ces erreurs sont ici absentes ici durant quarante-cinq minutes qui passent rapidement et sans douleur, signe d’un disque réussi à l’instar des précédents à défaut de marquer l’année de son empreinte… une habitude en fait dont on ne lui tiendra pas rigueur.
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