Revocation - Chaos Of Forms
Chronique
Revocation Chaos Of Forms
Le nom de Revocation (anciennement Cryptic Warning pour un album, « Sanity's Aberration » en 2005) commence à circuler de plus en plus sur le net, s'attirant les éloges des uns tout comme le courroux des autres. Depuis leur premier effort « Empire Of The Obscene » en 2008, les Américains ont gravi allègrement les étapes avec notamment cette signature chez Relapse puis la sortie d'un deuxième album tout aussi remarqué, « Existence Is Futile » en 2009. C'est avec ce dernier que j'ai fait la rencontre du trio (à l'époque) du Massachusetts et son thrash-death de haute volée. Déjà à l'époque le groupe divisait: brillamment technique, carré et accrocheur pour certains, trop scolaire, démonstratif et manquant de personnalité pour les autres. Revocation nous revient donc cette année avec un « Chaos Of Forms » dans la droite lignée de son prédécesseur et qui ne risque donc pas de convaincre ses détracteurs.
Avouons tout de même qu'il faut être sacrément difficile pour ne pas trouver de qualités chez Revocation. La bande à David Davidson possède en effet de sérieux atouts à faire valoir, à commencer par le jeu de gratte du gus, tout droit sorti du Berklee College (comme quelques grands noms du jazz, du rock ou du metal [Dream Theatre]), et récemment élu par Metalsucks meilleur guitariste metal actuel. Même si cette décoration a de quoi surprendre, force est de constater que le frontman maîtrise son instrument à la perfection, distribuant des riffs bigarrés allant du très mélodique au plus brutal en passant par des tremoli d'inspiration quasi black, mais toujours dotés d'un pouvoir accrocheur indéniable et presque bluffant. Rien ne semble poser de problème à ce jeune surdoué qui ne se fixe d'ailleurs aucune limite et n'hésite pas à agrémenter sa musique d'influences diverses (rock ou jazz notamment). Et je ne parle pas des soli (pour le moment).
Bref, « Chaos Of Forms » suit le chemin tracé par ses prédécesseurs sans trop en dévier avec un thrash-death sacrément accrocheur et mélodique. Et quand bien même Revocation bouffe un peu à tous les rateliers on pourra citer parmi les influences thrash les plus flagrantes du combo Annihilator ou Megadeth (le feeling sur les leads n'est pas sans rappeler un certain Marty Friedman et ce n'est pas pour me déplaire!) auxquels on pensera notamment sur les deux premiers excellents titres (les deux gros tubes de cet album) « Cretin » et « Cradle Robber ». L'entame d'album présente en effet d'entrée de jeu les deux meilleurs titres, que ce soit en terme de riffs ou de soli (même s'ils sont bien trop courts!) Davidson et ses sbires savent y faire pour pondre des titres d'une efficacité redoutable, le songwriting intelligent permettant d'intégrer toutes les influences du groupes dans une totale homogénéité. Car au delà du simple thrash-death, les influences sont légion: qu'elles soient rock, bluesy (l'intro de « Conjuring The Cataclysm »), plus classiques (ces leads aériens sur le titre éponyme) avec de nombreux arpèges (« Dissolution Ritual », « Conjuring The Cataclysm ») ou frôlant le black (« Conjuring the cataclysm » encore à 1'40). Les Américains osent même le refrain limite heavy-power metal sur « No Funeral » ou encore l'utilisation d'instruments plutôt incongrus (ce break totalement inattendu et amusant au clavier sur « The Watchers »). Beaucoup d'influences diverses donc qui pourraient donner un côté ''fourre tout'' désagréable aux compos mais il n'en est rien tant les quatre musiciens démontrent le talent et la qualité d'écriture suffisants pour leur permettre de faire sonner le tout de façon très fluide et homogène. Mais attention! Revocation n'en oublie pas pour autant de nous enfiler quelques bonnes mandales lorsque l'envie leur prend. Quasiment tous les titres renferment leur lot de blasts bien bien méchants histoire d'appuyer là où ça fait mal (ce passage à 2'10 sur « Reprogrammed », miam!), et David Davidson n'hésite pas à donner de temps en temps dans le growl plus viril (peut-être moins qu'avant malgré tout, moins en tout cas qu'à l'époque de Cryptic Warning).
S'il est un album un peu inégal (les deux premiers titres sont des tubes qui sortent clairement du lot, talonnés de près par « No Funeral », « Chaos Of Forms », « Beloved Horrifier » ou « Reprogrammed ») ce troisième opus de Revocation n'en demeure pas moins une démonstration de thrash-death racé, dont la valeur ajoutée principale réside en son guitariste/frontman dont la technique impressionnante n'a d'égal qu'un feeling lui permettant d'illuminer cet album de ses riffs et soli tous aussi succulents les uns que les autres. Avec sa pochette old school (à des années lumières de celle magnifique signée Par Olofsson sur « Empire Of The Obscene ») et sa production équilibrée (la basse est notamment bien audible) « Chaos Of Forms » constitue l'une des bonnes surprises de cette année 2011. Nul doute que s'il continue sur sa lancée Revocation devrait squatter un moment les pages, virtuelles ou non, des magazines metal.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
3 COMMENTAIRE(S)
citer | Death thrash de tueurs avec de grosses influences Annihilator. Un peu longuet sur la fin mais très convaincant dans l'ensemble. |
citer | Posth 28/12/2011 18:55 | note: 8/10 | ouais ya des passages assez dingos, surtout certains leads, c'est un peu ce qui fait le charme de l'album je trouve. |
citer | Barak 04/12/2011 13:05 | note: 7/10 | Album bien cool mais je trouve malheureusement qu'il a tendance à s'essoufler sur la fin. Certains morceaux son tout de même totalement dingues et jubilatoires. |
AJOUTER UN COMMENTAIRE
3 COMMENTAIRE(S)
18/07/2012 10:42
28/12/2011 18:55
04/12/2011 13:05