Si le label norvégien Edged Circle Productions crée en 1997 n’a pas branlé grand-chose entre 1998 et 2013, on peut dire qu’il s’est copieusement rattrapé depuis avec ne serait-ce que pour cette année deux de mes principales découvertes. Alors tant pis pour le suspens car de toute façon j’ai quand même deux/trois choses à vous dire au sujet de Sepulcher.
Comme ses chères collègues d’Inculter signés sur le même label et responsables de l’excellent
Persisting Devolution (album que je vous conseille fortement dans une veine relativement similaire), Sepulcher est lui aussi originaire de Fusa en Norvège.
Mausoleum Tapestry est la seule sortie que compte sa donc bien maigre discographie mais que voulez-vous, en seulement deux ans d’existence et à moins de s’appeler Vardan (huit albums pour cette seule année), on ne peut décemment pas sortir une multitude de disques en un lapse de temps aussi court. Et finalement vu la qualité de ce
Mausoleum Tapestry, cela importe bien peu.
Mais commençons par les choses qui fâchent, le format. Sorti le 30 septembre dernier, ce premier album de Sepulcher n’est disponible pour le moment qu’en cassette... 150 copies qui réjouiront à coup sur ceux qui arrivent encore à s’accommoder de ce format préhistorique. Les autres n’auront qu’à prendre leur mal en patience car pour le moment rien n’est officiellement annoncé concernant la sortie d’une version CD ou LP (bien que cela ait été évoqué sur la page Facebook du label et du groupe)…
En attendant, cela ne doit pas vous servir de prétexte pour passer à côté de ce disque finalement assez surprenant dans son genre (toutes proportions gardées). En effet, si le groupe semble se cacher derrière une approche des plus rétrogrades (album disponible uniquement sur bandes et en très petite quantité, production dépouillée, influences late 80’s...), Sepulcher cache plutôt bien son jeu et nous offre un disque de Death Metal old school thrashisant plus tordu et alambiqué qu’il n’y paraît de prime abord. Pour s’en rendre compte sans même appuyer sur la touche "play" il suffit que vous vous attardiez sur la durée de ces sept titres dont plus de la moitié dépassent les six minutes. Un format paradoxalement bien peu conventionnel pour un groupe mettant en avant un tel héritage. Surprenant,
Mausoleum Tapestry l’est donc très certainement. Pour autant, on ne peut dire que ce soit un album particulièrement novateur. Non, ces morceaux aux durées allongées sont en fait l’expression d’un besoin pour le groupe de calmer le jeu à quelques occasions ("Structural Death" à 2:11, la longue introduction de "The Cloaked Few" suivi de ce break à 6:41, "Phantom Vortex" à 1:17 et 6:01, etc). De proposer un contenu tout simplement moins agressif et plus ambiancé, moins facile et en même temps plus sournois, moins convenu et donc forcément plus personnel. Un choix salutaire étant donné les quelques similitudes partagées avec ses compagnons norvégiens que sont Inculter, Aura Noir ou Nekromantheon. C’est aussi le reflet d’une certaine maturité pour ce jeune groupe qui a bien compris qu’il ne servait à rien de copier bêtement ses ainés sans y apporter un semblant d’individualité.
Pour ce qui est du reste, accrochez-vous bien car Sepulcher n’y va pas de main morte. Bien au contraire. Aidé par une production extrêmement dépouillée (souffle, saturation, bruits mécaniques de pédale...) le trio norvégien nous balance un Death/Thrash foutraque ultra old school sur un rythme d’enfer. Une section rythmique de tous les diables menées par des séquences de tchouka-tchouka d’une rare intensité, de courts passages blastés pour le moins chaotiques et d’un usage des cymbales des plus tonitruants. Pas le temps de niaiser, c’est à fond les ballons que Sepulcher mène ses assauts alors que nous, pauvre auditeur, tentons tant bien que mal de reprendre notre souffle entre chaque séances de headbanging toutes plus jouissives les unes que les autres. Et si le groupe réussit à convaincre avec autant de facilité c’est également grâce à la qualité de ses riffs. Rien de bien sorcier puisque là encore Sepulcher n’a vraiment rien inventé. Pour autant on ne peut nier un certain feeling dans ce riffing qui réussit à faire mouche à chaque titre. Je ne sais pas vous mais pour ma part, j’ai bien du mal à ne pas devenir débile à l’écoute de passages comme ceux de "Delirious" à partir de 0:11 ou à 2:22, les débuts sur les chapeaux de roues de l’excellent "Structural Death", le passage complètement halluciné de "The Cloaked Few" à partir de 4:59, "Planetary Decay" à 0:06 et son riff à se taper la tête avec les genoux, "Phantom Vortex" à 0:53... Et comme si cela ne suffisait pas, Sepulcher se fend de temps à autre de quelques soli, parfois plus mélodiques, souvent un brin chaotiques, toujours fort agréables et bien sentis. Une manière de renforcer encore davantage cette atmosphère intense et presque bordélique qui suinte littéralement de ce
Mausoleum Tapestry.
Ajoutez à tout cela une voix arrachée et vous obtenez probablement l’un des meilleurs albums de retro Death de l’année. On pense parfois aux premiers disques de Morbus Chron ou de Tribulation pour cet aspect à la fois poussiéreux et en même temps ultra nerveux bien que l’approche de Sepulcher soit tout de même bien différente, notamment de par ses fortes accointances Thrash et cette production bien plus Punk que Death Metal. Qui plus est, derrière cette recette vue, revue et rerevue empruntant à tous ces groupes de la fin des années 80, Sepulcher a réussi le tour de force de faire de
Mausoleum Tapestry un album pas forcément original mais pour le moins personnel. Un pari pas évident à tenir et pourtant franchement réussi à l’écoute de ce disque tout simplement jouissif. Je n’ai qu’une seule crainte. Non pas que Sepulcher ne puisse réitérer l’exercice à l’avenir mais que cet album ne soit jamais pressé en CD.
5 COMMENTAIRE(S)
08/02/2017 23:28
30/10/2015 08:18
28/10/2015 15:35
BUY OR DIE!!!
09/10/2015 22:29
La même !
09/10/2015 16:18