Un mois après SODOM et quelques semaines avant “Day Of Reckoning”, le prochain DESTRUCTION, TANKARD apporte une pierre supplémentaire à l'édifice d'un thrash allemand qui aura bien du mal à rivaliser avec ses compatriotes ricains. Vu l'état de forme affiché récemment par les EXODUS, OVERKILL et autres DEATH ANGEL, difficile de ne pas faire la fine bouche devant des skeuds qui, à des heures moins fastes, auraient largement sustenté les amateurs de rythmiques véloces et de riffs tranchants (un « In War And Pieces » très honnête, un « Day Of Reckoning » tout ce qu'il y a de plus classique). En ce qui concerne TANKARD, étant donné le fumet tiédasse d'un
« Thirst » aux compos à géométrie variable, point d'espérances démesurées à avoir, « Vol(l)ume 14 » emprunte sensiblement la même direction en levant, en lieu et place d'une pinte remplie de speed thrash ras la gueule, encore plus le pied.
Sur la pente descendante depuis les réjouissances brutales d'un
« Beast Of Bourbon » excessif à tous les niveaux, le quatuor de pochtrons emmené par un Andreas « Gerre » Geremia délesté de sa bedaine (le bougre a retrouvé ses 25 ans !) a pourtant rarement gagné à s'interroger sur l'orientation à donner à sa carrière, comme en témoignent les échecs relatifs ou avérés de
« Two-Faced » (1993) ou
« The Tankard » (1995). Dans un registre plus heavy que le speed thrash auxquel ils nous ont habitué depuis
« Chemical Invasion », seul un
« Disco Destroyer » assez réjouissant s'en tirait avec les honneurs en mixant allègrement ingrédients thrash, punk et heavy dans ce qui reste à ce jour l'opus le plus frais et le plus varié des (ex) vermines de Frankfurt. Entièrement composé par leur guitariste Andy Gutjahr, « Vol(l)ume 14 » a pour lui d'enrichir le décor de quelques motifs mélodiques auxquels on n'était plus guère habitués, comme en témoignent les arpèges assez mélancoliques sur « Weekend Warriors » ou l'excellente opening track « Time Warp ». Conséquence d'un background classic hard rock qui a probablement incité Andy à calmer le jeu après une triplette infernale
« B-Day »/
« Beast Of Bourbon »/
« The Beauty And The Beer », qui bûcheronnait quand même sévère. Moins directs et basiques, la plupart des titres gagnent en versatilité et surprennent à intervalles réguliers (le break de basse sur « Time Warp », la réverb' sur « Fat Snatchers », les riffs à tiroir sur « Condemnation ») même si tout cela s'opère au détriment de l'efficacité habituelle du combo allemand. Moins intense et plus lêché que d'ordinaire, à la valstar (à l'instar, sorry !) des lignes vocales d'un Gerre délaissant les râles de Grimbergen mal décapsulée pour un chant clair bien plus appliqué. Ça donne du bon (les refrains accrocheurs de « Time Warp », « Fat Snatchers » et « Condemnation ») et du moins bon (« The Agency », « Weekend Warriors » et un authentique massacre sur « Brain Piercing Of Death ») mais rien qui soit à la hauteur d'un « Minds On The Moon », pour citer la plus grande réussite de TANKARD dans ce domaine.
Globalement, ce retour à des fondamentaux plus heavy (sans délaisser le thrash pour autant, on trouve toujours bon nombre de passages rapides) aurait pu payer si le groupe s'était révélé plus inspiré. Malheureusement, si la plupart des titres sont d'un niveau acceptables, « Vol(l)ume 14 » partage avec
« Thirst » une absence de hit dommageable, défaut accentué par la monotonie des riffs couchés par un Gutjahr en pilotage automatique, y compris sur des montées descentes lead qui se ressemblent toutes. Seul le démarrage punk oxygénant de « Beck's In The City » (proche d'un « Frankfurt We Need More Beer ») casse un peu la routine d'un album ronronnant (« Weekend Warriors » emprunte pas mal à « Metaltometal », accentuant l'air de déjà entendu), rarement déplaisant mais inévitablement décevant pour qui suit de près la carrière de TANKARD. Dernier reproche et pas des moindres, le trop plein de sérieux de compositions en décalage avec les thématiques fun qui ont fait leur gloire : si l'humour est encore bien présent niveau paroles (Andy Bulgaropulos met toujours la main à la pâte, à défaut de rebrancher les amplis, sniff !), TANKARD, à trop se prendre au sérieux musicalement, en vient à perdre une bonne part de son charme animal et sa coloration festive. Un tout petit cru donc, à conseiller prioritairement aux auditeurs occasionnels ou aux fans acharnés des productions 90's du groupe.
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