Tankard - One foot in the Grave
Chronique
Tankard One foot in the Grave
Selon la formule consacrée, je ne vais pas te faire l’insulte de te présenter les allemands de Tankard, figures de proue du thrash teuton, Dieu parmi les Dieux du metal énervé, rapide et festif. J’avoue un amour immodéré pour le groupe, qui me porte à dire qu’il siège tout en haut de la hiérarchie des groupes de cette mouvance, à la même hauteur que Kreator et Sodom, loin devant Destruction et consorts. J’assume également un parti pris. Leur thrash, que nombre de chroniqueurs considèrent comme simple, voire simpliste, est en réalité tout l’inverse : gorgé de feeling, technique, très solidement construit, il se fait l’égal, sur ce terrain, des meilleurs Slayer. Mais peu importe. Aujourd’hui (hier en fait, l’album étant sorti le 2 juin) est un jour de fête (de la bière) : One foot in the Grave vient de paraître, fier 17ème album en près de 33 ans de carrière. Chapeau bas et coude haut. Et tu vas rire ; cet album est excellent. Comme tous les autres.
Tankard n’est pas un groupe politique. Mais depuis quelques années, les choses changent subrepticement comme en témoigne, par exemple, Pay to pray qui dénonce les évangélistes du dimanche ou Syrian Nightmare. En revanche, leur musique reste intacte, comme conservée dans du permafrost. Pay to pray, le premier titre, enquille direct sur une (fausse) mélodie déroutante qui donne le la pour les grattes, incisives, rapides, hachées, typique du style Tankard. La voix de Gerre n’a pas bougé d’un iota. Les solis ancrés dans les 80’ sont encore de la partie (sur Arena of true lies encore ou sur Syrian Nightmare), conférant parfois aux titres un petit air de Maiden bienvenu. Arena of the True Lies accélère le pas mais conserve les mêmes principes ; les grattes attaquent sec, tapissent l’espace sonore en ne laissant aucune respiration (The Evil That Men Display encore). Ce sont elles qui supportent toute l’architecture des titres (Andy Gutjahr est par trop sous-estimé).
On note cependant un son plus sage, plus propre que sur les premières réalisations et, globalement également, des compos plus posées, plus mâtures, ce que je regrette un peu. La sauvagerie d’un The Morning After, Mercenary, Poison… me plaisaient bien. L’âge, combiné aux événements de la vie, a calmé en partie nos amis allemands. Mais les hymnes demeurent (Don’t Bullshit Us !), comme les chansons à boire (Sole Grinder ; Secret Order 1516 en référence à la loi sur la pureté de la bière). Tout comme les faux départs. One foot in the Grave débute sous des auspices graves, menaçants avant de tourner en pur thrash de folie, grattes tournoyantes, rythmique de dingue en avant (même chose pour Northern Crown et son départ légèrement doom). Secret Order 1516 débute comme un morceau de musique classique puis dérive en chanson à boire, pur concentré de thrash agressif là encore.
Tankard ne se réinvente pas, il évolue. Il se pose sans s’asseoir. Son thrash incisif demeure intact mais délaisse en partie la rapidité à tout crin au profit d’une dynamique, certes toujours élevée, mais davantage calculée, ciblée (Lock’em up par exemple, où les attaques de guitares sont plus rares mais plus meurtrières ; The Evil That Men Display).
Il est en revanche une évidence. Bon nombre de ces titres ne dépareilleront pas en concert aux côtés des grands classiques. Tankard traverse les âges sans fausse note, sans esbroufe, avec sa sincérité – et sa science du thrash – en bandoulière. Amen.
| Raziel 3 Juin 2017 - 2104 lectures |
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