Crisix - Against The Odds
Chronique
Crisix Against The Odds
J’ai longtemps joué à cache-cache avec Crisix… Je me souviens avoir été totalement bluffé, il y a de cela maintenant presque sept ans par un premier album sorti de nulle part, « The Menace », qui se hissait allègrement parmi ce qui se faisait de mieux en matière de revival thrash alors. Mais comme beaucoup d’autres, le groupe catalan m’est sorti de la tête… A tel point que « Rise… Then Rest », leur deuxième effort n’a atterri dans mon lecteur que bien plus tard, en fait au moment de la sortie de « From Blue To Black » il y a deux ans, album qui a réactivé mon attention pour Crisix avant de lui aussi se retrouver noyé par les flots du quotidien, malgré un niveau affiché encore très très haut. Tout cela pour dire qu’il était enfin temps que nos Espagnols apparaissent en ces pages ! C’est désormais chose faite avec ce « Against All Odds », quatrième effort d’un combo dont la productivité n’a d’égal que la constante qualité de chaque sortie.
Tous ceux déjà bien familiers avec le quintette (dont le line-up n’a pas bougé depuis le début, hormis un changement de bassiste en 2013) ne seront pas bien perturbés par ce nouveau bébé qui poursuit peu ou prou le chemin tracé par ses prédécesseurs tout en maintenant (quasiment ?) le même niveau d’exigence. Pour les ceusses qui n’aurait jamais ouï la moindre note de nos Barcelonais, disons que Crisix, à l’instar de leurs copains d’Ultra-Violence, représentent ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière de thrash contemporain. Un thrash qui puise bien évidemment ses racines parmi les grands noms des années 80-90, notamment la scène de la Bay Area mais tout en y apportant un aspect plus massif voire brutal, d’aucun dirait ‘’moderne’’, à commencer par une production transpirant bien souvent la testostérone. C’est le cas ici avec un son imposant mais sans tomber dans les excès de certaines productions totalement synthétiques, ici les guitares possèdent encore un grain assez appréciable. L’assise rythmique qui n’hésitera pas si besoin à aller titiller du blast (« Leave Your God Behind ») et des vocaux s’autorisant quelques digressions plus gutturales complèteront le tableau pour ce qui est de ce côté plus brut. Ne vous y trompez pas pour autant, « Against The Odds » comme ses ainés transpire le thrash pur et dur par tous les pores de sa peau ! Un thrash mené le plus souvent pied au plancher par un Javi Carrión plutôt porté sur le tchouka-tchouka et ce que j’aime appeler le d-beat furax sans jamais, bien évidemment, lésiner sur la dose de double qui va bien. Inutile de préciser que, comme tout bon album de thrash qui se respecte, « Against The Odds » ne manquera pas de rythme et écarte dès lors au maximum le risque d’ennuyer l’auditeur qui se retrouve bien souvent perdu dans son headbang, à ne plus savoir où donner de la tête entre les séquences ultra rapides à foison, les riffs plus mid-tempo bien accrocheurs (« Leech Breeder » à 1’06) et quelques breaks plus lourds (« Leech Breeder » à 2’13, « Perseverance » à 3’47). Pas question d’une quelconque monotonie ici, que ce soit en termes de rythmique ou même de style, Crisix n’hésitant pas à s’éloigner régulièrement de son thrash pur jus pour d’autres contrées. Que ce soit ce feeling hardcore sur ces quelques sing along fédérateurs du plus bel effet (« Technophiliac », « Perseverance », « The North Remembers »), « Perseverance » que je ne peux voir que comme un gros clin d’œil à Hatebreed tant, au-delà du titre lui-même, le riffing up-tempo ultra accrocheur rappelle sans équivoque la bande à Jamey Jasta (et de quelle manière ! Ca claque ! ), le riffing d’obédience thrash/death mélodique sur « Leave Your God Behind » ou encore le feeling très metalcore de « The North Remebers », les Espagnols ne se ferment aucune porte et personne ne s’en plaindra tant tout cela enrichi un album qui parvient à éviter certains écueils comme le riffing saccadé qui n’apparaitra qu’avec parcimonie (« Perseverance » à 2’37, « Xenomorph Blood » à 1’54) ou les chants clairs (ouf !) quand bien même une petite touche plus mélodique viendra adoucir le propos sur la très réussie « Prince Of Saiyans ». Rien à redire ou presque d’ailleurs sur le travail des deux six-cordistes qui nous livrent une fois encore une prestation nette et sans bavure. Sans tomber dans la surenchère ni dans la facilité (allez on oubliera ce riff un poil trop monocorde à 2’18 sur « Technophiliac »), il y a une fois de plus du bon riff à se mettre sous la quenotte, je regrette simplement des leads qui auraient mérité plus considération.
Fort de toutes ces qualités « Against The Odds » finit d’asseoir Crisix comme l’un des tout meilleurs représentants thrash européens (au minimum). Pour peu que vous fassiez votre affaire du chant éraillé de Julián Baz (qui pourra agacer les plus frileux), ce quatrième album des Barcelonais ne devrait pas avoir de mal à vous convaincre tant la qualité est une nouvelle fois au rendez-vous. Même si globalement je le placerais un poil en dessous de ses ainés en terme de composition (c’est dire le niveau affiché par le groupe sur ses premiers opus !), même si la production plus brut des deux premiers seyait mieux au propos et même si j’aimerais y trouver plus de leads (les solos sont excellents mais trop courts à mon goût) et d’envolées duellistes à douze cordes, « Against The Odds » n’en demeure pas moins un excellent album d’un groupe encore trop confidentiel eu égard à la qualité de son travail et dont la discographie à l’heure où je vous écris reste un sans-faute.
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5 COMMENTAIRE(S)
citer | Ouais! Moi aussi. Même commentaire que M. Lapinou (je me demande d'ailleurs si je n'étais pas tombé sur la chro de From Blue to Black sur CoreAndCo...). Quant à moi, j'apprécie le côté un poil plus frontal de celui-ci.
Et vous m'intriguez avec The Menace, je vais m'écouter ça dans la foulée. |
citer | "From Blue To Black" m'avait mis une claque monumentale. Ce nouvel album est encore de la très bonne came, quoiqu'un peu moins variée, et un peu plus (trop?) orientée Crossover/HxC. M'enfin on ne boudera pas notre plaisir... On se fait le set ensemble à Clisson Nikta |
citer | "Trop confidentiel" sont les mots pour définir ce groupe qui est au-dessus dans le genre du revival Thrash.
The Menace reste pour moi leur chef-d'oeuvre, qui fourmille de richesses par-ci par-là. Efficace mais intelligemment écrit, avec un groove qui n'arrête pas !
On retrouve ces éléments dans cet album qui fait complètement le café mais, je me voile pas la face, The Menace avait frappé super fort, faire mieux sera impossible, faudra faire différent, je pense |
citer | Je découvre en récupérant les liens audio que le groupe a pondu une reprise de "Hardwired" du dernier Metallica. Je pose ça ici :
https://www.youtube.com/watch?v=o3i0E3OuSVo |
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5 COMMENTAIRE(S)
29/05/2018 15:58
Et vous m'intriguez avec The Menace, je vais m'écouter ça dans la foulée.
26/03/2018 13:10
Avec plaisir lapionu !
26/03/2018 12:24
25/03/2018 09:02
The Menace reste pour moi leur chef-d'oeuvre, qui fourmille de richesses par-ci par-là. Efficace mais intelligemment écrit, avec un groove qui n'arrête pas !
On retrouve ces éléments dans cet album qui fait complètement le café mais, je me voile pas la face, The Menace avait frappé super fort, faire mieux sera impossible, faudra faire différent, je pense
24/03/2018 20:42
https://www.youtube.com/watch?v=o3i0E3OuSVo