Crisix - Full Hd
Chronique
Crisix Full Hd
Sans être devenu un incontournable du genre dans son pays comme à l’international le quintet Catalan n’a cessé depuis une décennie de montrer sa motivation à toute épreuve, tout en étant d’une productivité et régularité constante et dont le line-up quasiment inchangé depuis ses débuts est sans doute une des clés de cette réussite. Car à chacune de ses sorties celui-ci n’a cessé de s’améliorer en offrant des disques systématiquement accrocheurs et homogènes, où la simplicité et l’énergie étaient de mise. Du coup il n’est pas étonnant que ce sixième album reprenne exactement le même chemin qu’entendu précédemment, tout en continuant à faire preuve d’une vraie qualité musicale où la diversité rythmique est de mise. En effet nulle surprise n’est à attendre ici vu que l’on y retrouve les mêmes éléments si reconnaissables et où le classicisme n’hésite pas à voir l’ajout d’influences traditionnelles locales comme étrangères, qui amènent un soupçon de personnalité bienvenu et agréable.
Celles-ci vont d’ailleurs se faire entendre dès l’introduction de « The Many Licit Paths » où l’on se croirait embarqué de l’autre côté de la méditerranée entre les Touaregs et la chaleur suffocante du Sahara. Cependant après ce moment dépaysant la suite va être bien plus classique et habituelle en jouant sur des riffs et plans typiquement Thrash où le mid-tempo et les parties rapides passent l’une après l’autre, pour offrir une certaine variété rythmique particulièrement remuante et agréable. D’ailleurs ce début classique mais efficace va se prolonger dans la foulée via le très sobre et simple « Extreme Fire Hazard » qui ne cherche pas à révolutionner quoi que ce soit mais juste faire passer un bon moment, ce à quoi il y réussit parfaitement avant qu’une furieuse envie d’en découdre n’apparaisse ensuite et en premier lieu sur l’énervé « Full HD ». Mélangeant habilement la radicalité du Punk avec la lourdeur propre au Hardcore cette plage donne la sensation d’être balloté dans un pogo bien massif par des gars tout en muscles et dont la musique aux accents virils sied totalement à l’univers des espagnols, et ce même quand elle montre une facette festive étonnante mais en total raccord avec le reste. En effet que ce soit avec « Macarena Mosh » ou « Speak Your Truth » on est emmené dans une grosse fiesta locale qui sent bon l’été et les barbecues de par ses accents légers et je-m’en-foutiste assumés, même si tout cela garde une volonté de rester sérieux et crédible via une vitesse prédominante et son riffing punkisant fort sympathique.
Néanmoins entre ces deux facettes différentes - mais néanmoins complémentaires le combo va aussi rajouter de la variété en sus afin de ne pas trop vite se répéter, ce qu’il évite d’ailleurs facilement en intégrant régulièrement des cassures et variations nombreuses. Et dans le genre étonnant « John Was Born For Metal » en est un parfait exemple vu que lors de son démarrage on est étonné par ce solo joué façon guitar-hero qui lorgne facilement vers le Hard-Rock, ou encore par les accents mélodiques et modernes de « Boc De Biterna ». Si le rendu pour la première des deux compos passe comme une lettre à la poste en revanche pour l’autre ces effets teintés de modernisme Metalcore ne sont pas forcément du meilleur goût, et gâchent un peu le produit fini qui contenait de bonnes idées tout en étant osé mais donne au final un sentiment mitigé. Néanmoins il faut saluer la prise de risque même si le résultat est en dessous du reste, cependant ça sera le seul moment de faiblesse de ce long-format qui va redresser la tête immédiatement après via l’excellente conclusion intitulée « Escape The Electric Fate ». Montrant toute la panoplie de jeu et d’ambiances aimées par ses créateurs cette ultime moment de bravoure nous sort un début à la guitare sèche typiquement local où l’on s’approche du flamenco et des danseuses andalouses tout en criant un "olé" à l’unisson, avant de dérouler toute la puissance électrique menée tambour battant.
Du coup avec cette joie communicative et ces accents positifs (mis comme d’habitude en avant) ce cru 2022 n’a rien à envier à ceux précédemment sortis, malgré sa pochette tape à l’œil pas forcément attractive. Néanmoins cela n’affecte en rien le très bon rendu proposé qui passe facilement le cap des écoutes et défoule comme il faut, à défaut de marquer les esprits tant ça peut finir par se ressembler à la longue dans la construction… d’où la bonne idée du rajout de ces idées personnelles qui évitent la redondance chronique. Rien de neuf donc sous le soleil d’Igualada tant ça reste dans la lignée des anciennes réalisations des locaux mais toujours avec cette même accroche et joie de vivre collégiale, où la force de frappe reste intacte tout en ne se prenant pas du tout la tête. Ce point étant d’ailleurs plus qu’agréable en ces temps troublés où on apprécie de mettre le cerveau en veille durant un petit moment qui défile sans coup férir et sans lassitude… tout ce qu’on demande au style en fait !
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