Au fil des écoutes, la perception de la musique s'affinant dans les détails comme dans sa globalité, il n'est pas rare que l'on change d'avis sur un album. Pourtant avec « Unscared », l'impression générale qui me reste au terme d'une vingtaine d'écoutes est sensiblement la même que celle que je m'étais forgée dès les trente premières secondes de la toute première écoute de « Trained For Life », celle-ci pouvant se résumer en substance par: « Ouawh, quelle patate! ».
« Ouais, super papy! Mais vas-y maintenant, accouche: ils jouent quoi là, comme musique, tes Tapon?
- EOn. EOn, petit. Pas Tapon! »
Il était une bergè-reuh, …
Euh, bon promis: c'est la dernière fois, je le refera p'u …
Hum. Les Toulonnais de eOn (
Pour Element Of Noise) donnent effectivement dans le metal énergique. Pour être un peu moins vague, l'énergie pouvant se manifester sous des formes aussi diverses que variées dans cette musique qui nous est chère, on précisera que les fondamentaux du groupe sont essentiellement hardcore/metal, comme en attestent nombre de rythmiques, quelques refrains agrémentés de chœurs virils et un registre vocal écorché/braillard relativement typique du genre. Mais à partir de ce terreau somme toute fertile, le groupe entreprend de faire un grand écart acrobatique. D'un côté, il va satisfaire la frange la plus velue du public metal en balançant des riffs teigneux et hyper véloces à la mode thrash&crust, tandis que de l'autre il badigeonne ses décibels de mélodies accrocheuses beaucoup plus faciles d'accès ainsi que d'un chant clair semblant cibler le teenager sortant de la pataugeoire Muse/Coldplay pour se diriger d'un pas mal assuré vers le grand bain metal. Et si un grand écart pouvait partir dans une troisième direction (
figure finalement pas si irréalisable que ça pour peu que l'on soit du genre à mélanger des chromosomes Y à ses chromosomes X), ce serait vers les mélodies en twin guitares et les leads heavy métalliques que partirait eOn sur « Unscared ». A titre d'illustration, on sent le réflexe
Maidenien à 0:27 sur « One More Beer », et ça vire même carrément au clin d'œil à Trust à 0:36 sur « No Sacrifice » (
perso j'y retrouve la trame mélodique de « Antisocial » en filigrane). Mais cette dimension est tout de même explorée bien moins profondément que les deux autres (
ce qui n'a rien d'étonnant si l'on garde à l'esprit l'image du grand écart masculin précédemment évoqué…).
Pour un vieux trognon comme moi, j'avoue que le chant clair typé d'jeune arrive toujours comme un cheveu sur la soupe – déjà que j'ai du mal avec celui que l'on trouve chez
Psykup, groupe dont je suis pourtant particulièrement fan, alors ‘faut pas trop m'en demander! De plus le côté fashion de la dimension hardcore à l'œuvre ici – Allez viens tâter de mes mosh parts viriles! Allez viens hurler ta haine sur ces tempos pour tough guys! – aurait plutôt tendance à me congeler le fondement. Au final la somme des deux caractéristiques ci-avant dépeintes de manière quelque peu négative a un peu trop tendance à faire revivre le fantôme d'un metalcore qui ne m'a jamais vraiment touché autrement qu'en me vrillant les nerfs. Enfin il y a ces tentatives plus ou moins assumées de faire du teenage radio friendly, sur un « One More Beer » bien dans le trip happy
Offspring (
d'ailleurs très typée mais très sympa cette gratte à 1:04 !), ou sur un « Change the End » très mélodique et très calibré… Bref, le tableau n'est a priori pas totalement idyllique.
Et pourtant, le constat au terme de l'écoute des 13 titres d'« Unscared » (
pour seulement 36:45 minutes) est finalement asseez positif. Comment se fait-il, me demanderez-vous - et même si vous ne me le demandez pas je vais vous répondre bougre de lecteurs ne jouant pas le jeu de l'interactivité -? Eh bien: et de 1), le groupe réussit à déployer une énergie, une hargne, une volonté d'en découdre communicative qui devrait toujours être à la base de tout bon album de metal. Et de 2): chacun des morceaux est rempli ras la gueule de riffs (
il y en aurait pas moins de 95 différents sur l'album!), rythmes et passages divers qui forment une structure non linéaire aussi dynamique que stimulante, l'accélération meurtrière ou le riff lumineux (
genre à 0:26 sur « The Flat Arm Of Justice ») pouvant toujours être tapis au détour du break suivant. Et de 3): les morceaux ne dépassent que rarement les 3:30, ce qui laisse peu de place à la lassitude, tout juste le temps de faire monter la pression et d'arroser copieusement nos oreilles de gros décibels. Et de 4): merde, comment résister à ce riff crusty à 1:07 sur « Scar »? Ou à l'énorme début tout autant crusty de « Hate »? Ou au thrash boosté à l'énergie punk du début de « No Sacrifice » (
titre qui par ailleurs bénéficie d'un featuring de Poun de Black Bomb A )? Le tout étant de plus emballé dans un gros son bien joufflu, il est aisé de comprendre comment eOn réussit aussi facilement à remporter notre adhésion.
Il est sûr que cet album passera comme une lettre à la poste auprès d'un auditoire assez jeune, apte à encaisser le chant et le type de hardcoreries qui m'ont vu grommeler quelques lignes plus haut. Mais au-delà de cet auditoire évident, si des oreilles moins chastes daignent jeter une oreille à l'album ou assister à l'une des prestations scéniques du groupe, je ne serais pas étonné d'apprendre que d'autres vieux ronchons se fassent avoir. Bref je suis bien emballé par ce « Unscared », bien que freiné dans mon enthousiasme par un style pas 100% en adéquation avec mes goûts. A vous de juger grâce aux titres en écoute en haut à droite.
8 COMMENTAIRE(S)
18/02/2010 14:45
12/06/2009 13:29
Tiens ? Faut que je ré-écoute pour voir ...
12/06/2009 09:22
Bon, pour l'instant, j'ai pas encore de chanson qui se détache plus qu'une autre, mais je suis toujours pris d'une irrésistible envie de ré-appuyer sur play à la fin du skeud.
Le featuring de Poun est un gros plus pour moi, étant un inconditionnel de ce chanteur.
Sinon, d'accord avec la chro, le jeune trend que je suis avale bien goulûment cet album bien arrosé de sauce rock/core (oh putain, elle est bien bonne) même avec du chant clair gay.
Ca a du bon, d'être un trend !
Par contre, le truc marrant, c'est que c'est sur "Several Truths" que j'entends "Antisocial", au moment du pont musical.
20/05/2009 15:28
Cyril, vil copieur !
Ce serait bien malgré moi si j'avais emprunté une mauvaise blague à ce chantre de l'humour franchouillard made in Grosses Têtes !
PS: Papayu, le lélé, qu'il est ! Pas Tatayu
20/05/2009 14:37
Cyril, vil copieur !
20/05/2009 13:58
20/05/2009 13:53
Sinon oui bon album, des 2-3 écoutes que j'en ai eu.
20/05/2009 13:23
...
Cet homme n'a aucune limite et ne s'arrêtera jamais m'sieurs,dames !