Molder n’est peut-être pas le premier groupe auquel on pense lorsque l’on évoque la jeune scène Death Metal américaine émergente, il n’en reste pas moins un bon petit soldat à la fois appliqué et terriblement dévoué qui, vaille que vaille, continue de tracer son petit bonhomme de chemin à coups de sorties plus ou moins utiles et mémorables. Parmi elles, ont compte notamment ce premier album paru en mars 2020 sur Goat Throne Records (CD), Rotted Life Records (vinyle) et Headsplit Records (cassette).
Intitulé
Vanished Cadavers, ce premier essai longue durée est à l’image de son artwork, brut, cradingue et particulièrement dégénéré. C’est également sans surprise que celui-ci s’inscrit dans la continuité de
An Act Of Revenge, première démo dont je vous ai déjà parlé ici et dont on retrouve d’ailleurs trois titres au tracklisting ("The Sweet Taste Of Death", "Act Of Revenge" et "God's Critters"). Présents également, deux des trois morceaux proposés par Molder sur la démo
Necrobiome parue en mars 2019 sur Goat Throne Records ("Granulated Chunks" et "Necrobiome"). Au final,
Vanished Cadavers offre à l’auditeur ayant suivi la carrière des Américains cinq nouveaux morceaux à se caler sous la dent ainsi qu’une reprise d’Asphyx avec le titre "Serenade In Lead".
Produit par Scott Caroll (guitariste de Cianide) et Cheyenne Brandt (Ares Kingdom, Cianide...), ce premier album est notamment marqué par les participations de nombreux musiciens externes à la formation. On va ainsi retrouver Ted Soukup (Melting Rot, Organ Failure), Cody Davidson (Sanguisugabogg, Dyskinesia), Chris Monroy (Skeletal Remains), Mike Perun (Cianide) et Tom Knizner (Cardiac Arrest) venus soit pousser la chansonnette soit poser ici et là quelques solos. Des collaborations sympathiques (même si pour la plupart elles pourraient passer plus ou moins inaperçues) qui apportent ainsi un petit peu de relief à un album qui continue de marcher sans honte dans les pas de formations telles qu’Obituary, Death, Autopsy ou Asphyx.
Car pour apprécier la musique de Molder, il ne faudra pas être du genre à vous offusquer d’avoir à vous enfiler une formule bêtement calquée sur celles des grands anciens de l’âge d’or du Death Metal. D’une simplicité confondante, la recette déployée par Molder tout au long de ces trente-quatre petites minutes n’a en effet rien de très original et s’inscrit dans un registre vu et revu qui aujourd’hui ne surprendra probablement plus grand monde.
Si ce postulat de base ne vous a pas déjà fait fuir, sachez tout de même que
Vanished Cadavers possède heureusement bien d’autres qualités à commencer par une efficacité pour le moins redoutable. Mené bon train à coup d’accélérations thrashisantes plus ou moins rapides et héritées de tous ces albums ayant marqué de leurs empreintes la fin des années 80 (
Slowly We Rot,
Leprosy,
Consuming Impulse,
Severed Survival...), ce premier long format ne souffre pas d’un quelconque problème de rythme. Sans pour autant nous éblouir par sa vitesse d’exécution (malgré quelques passages un poil plus musclés mais souvent assez courts), il est particulièrement facile et agréable de se laisser prendre au jeu de ces séquences relativement soutenues menées pour l’essentielle à coups de tchouka-tchouka toujours aussi redoutables d’efficacité ("Vanished Cadavers" à 1:01, "Feasting On Dirt" à 0:23, "Act Of Revenge" à 0:32, "Blood Chugger" à 0:09...) et de ces passages plus modérés au groove pour le moins irrésistible (les premières notes de "Granulated Chunks", "The Sweet Taste Of Death", "Ritual Killing" et "Necrobiome"...). À cela vient s’ajouter des riffs à trois notes pas bien compliqués mais suffisamment bien ficelés pour éviter l’écueil d’un Death Metal que l’on pourrait jugé trop générique et anecdotique. Encore une fois, il n’y a strictement rien de neuf dans ce que propose ici Molder mais malgré tout, on ne peut s’empêcher de prendre du plaisir à l’écoute de ces compositions sauvages et primitives rappelant avec nostalgie une certaine époque aujourd’hui révolue. La production abrasive et parfaitement équilibrée participe également pour beaucoup à l’appréciation de
Vanished Cadavers avec notamment cette basse métallique et ces guitares rugueuses qui vont venir nous racler le fond des conduits auditifs. Enfin, impossible de ne pas mentionner le chant d’Aaren Pantke dont les intonations vont venir rappeler tour à tour les voix de Chuck Schuldiner, Martin van Drunen et John Tardy.
Primitif et rétrograde jusqu’au bout des ongles, ce premier album se destine non pas à ceux ayant peu d’exigences en matière de Death Metal mais plutôt à ceux qui encore aujourd’hui restent sensibles aux charmes d’une formule depuis longtemps éprouvées et que l’on a tous bien évidemment déjà entendu des milliers et des milliers de fois. Avec ses attraits surannés,
Vanished Cadavers ne plaira probablement pas à tout le monde à cause justement de ce caractère trop simple, trop facile et cet aspect copier/coller probablement trop évident pour certains. Pour autant, on passe un très bon moment tout au long de cette petite demi-heure d’une efficacité à toute épreuve.
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