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Bölzer - Hero

Chronique

Bölzer Hero
C’est un fait, Bölzer est l’un des groupes au succès (si tant est que l’on puisse parler de "succès" pour ce genre de musique) le plus fulgurant de ces dernières années. Il n’aura fallu en effet qu’un petit EP de seulement trois titres pour réussir à enflammer tout l’underground et voir ainsi les deux suisses figurer à l’affiche de tous les festivals européens et étrangers. Il faut dire qu’Aura avait largement de quoi séduire et surprendre, proposant un Death Metal étrange et original où riffs aquatiques (rappelant étonnement un certain Mastodon) et voix hallucinée venaient se mélanger pour former une espèce de puissant maelstrom intense et particulièrement addictif (je reste marqué à jamais par ce redoutable "Entranced By The Wolfshook").
Après un Soma moins tonitruant présenté par Bölzer comme la partie "féminine" de ce dyptique, on attendait fébrilement que KzR et HzR passent à l’étape suivante, celle de l’album. Le groupe nous aura fait languir plus de deux ans avant de sortir via Iron Bonehead Hero, l’un des disques les plus attendus de cette fin d’année. Malheureusement pour moi, les choses ne s’annonçaient pas aussi simples que je pouvais l’espérer...

Pour commencer il y a cet artwork complètement pété sorti de l’imagination détraquée d’un putain de hippie sous acide. Heureusement que j’en ai terminé avec mon épilepsie contractée au début de l’adolescence car je crois que j’aurai fini allongé sur le sol, la langue violacée à baver sur le parquet les yeux perdus dans le vague tel un demeuré... Le problème c’est que j’étais loin de me douter que les difficultés seraient ailleurs... Accompagné ainsi de mes certitudes et de mes attentes, je dois bien avouer que j’ai particulièrement déchanté lors de ma première écoute de Hero. Et pour ne rien arranger à ce qui s’annonçait déjà comme la plus grosse déception de l’année, les relectures qui ont suivi n’ont pas spécialement arrangé cette très mauvaise impression.

Groupe à la personnalité très affirmée, connu pour son originalité et partageant une vision moderne du Death Metal c’est-à-dire capable de sortir des sentiers battus tout en restant fidèle à une certaine tradition, Bölzer a toujours été là où on ne l’attendait pas. En cela, il faut saluer cette audace qui pousse aujourd’hui le groupe à se réinventer et se mettre ainsi en péril dans une démarche perpétuelle de création. Malheureusement, si cette vision artistique reste salutaire, elle n’est pas systématiquement couronnée de succès. Dans mon cas, il a fallu faire preuve de beaucoup d’abnégation avant que je puisse en partie me satisfaire de ce premier album.
Le problème avec Hero vient selon moi de trois éléments distincts : les riffs, le rythme et la voix. Pour le premier, on ne trouve plus ou alors très peu de cette puissance et de ce charisme d’antan, celui que l’on pouvait entendre sur un titre tel que "Entranced By The Wolfshook". Moins agressifs, plus lissés et surtout beaucoup plus mélodiques, les riffs de KzR ont clairement perdu en immédiateté se faisant dorénavant bien plus exigeants que par le passé. En dehors d’un "Spiritual Athleticism" (et dans une moindre mesure "Phosphor") qui reste selon moi très proche du Bölzer de Aura, les autres titres demandent beaucoup plus de temps pour être appréciés à leur juste valeur. En dépit de ces quelques remarques, ils conservent tout de même une certaine lourdeur ainsi que cette sonorité si particulière qui, depuis le moment où je les ai découverts, me fait penser aux Américains de Mastodon.
Ce riffing plus mélodique et plus subtil a clairement une incidence sur le rythme général. Celui-ci est désormais davantage tourné vers le mid-tempo que vers l’attaque. Un choix qui offre à Bölzer la possibilité d’instaurer un climat quelque peu différent à ses compositions en jouant désormais sur une spiritualité beaucoup plus affirmée (et nettement moins hallucinée) qu’auparavant. Outre les nombreux samples et interludes présents ici et là, cette cadence plus mesurée apporte avec elle un côté plus aérien, plus lumineux et moins torturé à l’ensemble. A ce titre, la preuve la plus flagrante est probablement le morceau "I Am III", composition tout en demi-mesures et aux envolées vocales presque apaisantes. Si la plupart du temps, ce parti pris n’est pas spécialement gênant, on en vient quand même parfois à vouloir pédaler nous-même histoire d’accélérer un peu la cadence (comme par exemple sur Hero où je ne peux m’empêcher de croire que quelques BPM en plus n’auraient pas été de trop...).
Enfin il y a ce chant et surtout ce chant clair qui risque de donner de l’eau au moulin à tous ceux qui crachaient déjà bien volontiers au visage de Bölzer, ce groupe à la "hype" démesurée responsable aujourd’hui de tous leurs malheurs à commencer par la corruption de leur underground si cher et si balisé. Soyons clair, le chant clair d’Okoï Jones ne me gêne absolument pas. Au contraire, le grand gaillard s’en sort ici très bien grâce à des séquences tour à tour puissantes, épiques, poignantes et gorgées d’émotions. Mais si la voix profonde de KzR sonne juste, certains placements peuvent tout de même s’avérer légèrement bancals, comme notamment sur le refrain de "Chlorophyllia" à 1:16. Mais c’est surtout l’absence de growl et ces moments complètements hallucinés que l’on pourra regretter. Certes, le chant demeure abrasif grâce à la voix rugueuse, puissante et virile d’Okoï Jones mais où sont passés ces moments totalement habités où KzR, seul dans la lumière, déclamait du haut de son perchoir ses vérités à un auditoire conquis ? C’est dommage car c’était selon moi un des traits de personnalités les plus forts et convaincants de Bölzer jusque-là.

Malgré tout, en dépit de ces reproches qui m’ont longtemps gêné à l’écoute de Hero (et qui d’ailleurs continuent de le faire, avec peut-être un poil moins de convictions au fur et à mesure que le temps passe et que les écoutes se succèdent), je reconnais à cet album des qualités indiscutables. L’atmosphère est ainsi particulièrement saisissante. Il y a (et il y a toujours eu) dans le Death Metal de Bölzer quelque chose de fort et d’hypnotique. Une sensation constamment présente et pourtant difficilement discernable qui rend la musique du duo addictive et entêtante. Et si le riffing en est la cause évidente, l’atmosphère qui émane de Hero se détache de celles de ses prédécesseurs. Plus aérienne et plus flamboyante, elle procure à l’auditeur un sentiment de grandeur et d’épanouissement que j’aurai du mal à expliquer mais qui est plutôt bien résumé par le chant clair et majestueux d’Okoï Jones. De même, bien que le rythme se soit assagi et que les riffs sont désormais beaucoup plus mélodiques que par le passé, il m’est d’une manière générale bien difficile de ne pas être séduit par le jeu, le riffing et les constructions atypiques de ce duo qui continue d’amener sa musique ailleurs, là où personne ne les attendait vraiment. Cela n’est pas venu naturellement. De nombreuses écoutes m’ont été nécessaires, d’abord déçu de ne pas trouver ce que je souhaitais ardemment y trouver. Mais finalement, une fois l’esprit ouvert, lorsque l’on comprend enfin que nos attentes sont derrière nous et qu’elles n’ont rien à voir avec la musique de Bölzer mais plutôt avec une forme de satisfaction personnelle, il est alors possible d’apprécier Hero comme ce qu’il est, c’est à dire un disque original, personnel et audacieux à mille lieux des conventions et des idées préconçues de chacun.

Voilà donc un premier album qui ne manque absolument pas d’ambition. Certains y verront là l’album de la discorde, marquant leur séparation avec les Suisses, d’autres y verront un coup de génie, une preuve supplémentaire de leur talent irréfutable. Pour ma part, j’ai du mal à me situer. Hero n’est clairement pas l’album que j’attendais. Malgré tout, j’ai appris au fil des écoutes à l’apprécier avec ses qualités et ses défauts (certains s’étant d’ailleurs estomper avec le temps). Je sais néanmoins, en dépit du caractère audacieux que je continue de saluer avec enthousiasme, que j’aurai préféré voir Bölzer emprunter le chemin tracé sur Aura pour son côté lourd et accrocheur marqué par des riffs mémorables. Mais je ne suis pas le maître à bord mais seulement invité à participer au voyage. Libre à moi d’y adhérer ou non. De fait, après bien des difficultés pour rentrer dedans, les choses se passent beaucoup mieux désormais. Ce ne sera probablement jamais le grand amour mais les choses vont quand même nettement mieux qu’il y a quelques semaines. Comme quoi, il faut toujours se donner la peine.

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Bölzer
notes
Chroniqueur : 7/10
Lecteurs : (19)  8.18/10
Webzines : (1)  8.5/10

plus d'infos sur
Bölzer
Bölzer
Death Metal - 2008 - Suisse
  

tracklist
01.   Urdr  (01:04)
02.   The Archer  (06:12)
03.   Hero  (07:29)
04.   Phosphor  (07:47)
05.   Decima  (00:52)
06.   I AM III  (09:23)
07.   Spiritual Athleticism  (05:49)
08.   Chlorophyllia  (07:20)
09.   Atropos  (00:42)

Durée : 46:38

line up
  • KzR / Chant, Guitare
  • HzR / Batterie

parution
25 Novembre 2016

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