Capable de hisser ses compositions au delà des frontières du genre auquel il est pourtant associé, Bølzer fait parti de ces groupes de Death Metal qui ont réussi à toucher un public plus large sans pour autant donner l'impression de le vouloir. Il n'y a qu'à voir le nombre d'articles parus dans les magasines papiers (chroniques ou interviews) et les participations passées ou à venir à certains festivals plus "généralistes" pour se rendre compte du phénomène qui accompagne les Suisses.
Car si avec
Roman Acupuncture Bølzer posait déjà les fondations de cet univers aquatique et halluciné, c'est surtout avec la sortie de
Aura, premier EP paru sur Iron Bonehead et Necroshrine Records, que le groupe à véritablement commencer à explorer cette identité toute particulière.
Son successeur était donc particulièrement attendu même si je dois reconnaître que j’espérais quelque chose d'un peu plus consistant qu'un simple EP. Mais peu importe après tout... Bølzer s'est donc associé pour l’occasion au label irlandais Invictus Productions pour la sortie en CD et en vinyle de
Soma, EP deux titres de presque vingt minutes illustré par un Alexander L. Brown (guitariste de Witchrist et illustrateur pour Altars, Cruciamentum, Lvcifyre, Ritualizaton, Vorum...) un peu moins inspiré que d'habitude. Fallait-il y voir le signe d'une quelconque déconvenue? Peut-être bien...
Bien qu'assez difficile à restituer par écrit, c'est pourtant un sentiment diffus de déception qui pointe en filigrane après les premières écoutes de
Soma. Notamment en ce qui concerne "Steppes", premier titre de ce court EP où l'on remarque très vite que quelque chose manque. Où sont passées en effet ces lignes de chant complément hallucinées, cette alternance de voix grave et de chant arraché, cette frénésie présente sur
Aura? Certes, il y bien cette longue séquence en forme de prière obscure à partir de 2:05 ou encore ce growl à 4:11 mais c'est finalement trop peu en comparaison d'un "Coronal Mass Ejaculation" ou d’un "Entranced By The Wolfshook". À cela, s’ajoute également le rythme moyennement soutenu de "Steppes" ainsi qu'une certaine répétition dans les riffs qui au final n'aident pas à rendre l'immersion aisée.
Avec plus de douze minutes au compteur, "Labyrinthian Graves" n'est pas soumis aux mêmes critiques et s'imposent rapidement comme le morceau le plus intéressant de
Soma. Moins redondant, ce dernier offre bien plus de variations et l’on retrouve finalement tout ce qui faisait le charme du précédent EP à savoir du rythme (une succession de passages relativement soutenus et d’autres plus en retenue) ainsi que cette fameuse alternance vocale des plus judicieuses, sorte de joute verbale entre une voix hallucinée, tel un dieu invisible et menaçant, et un growl profond, sale et terrifiant. Malgré ces quelques qualités, il manque encore selon moi un petit quelque chose pour espérer égaler les trois titres qui composent
Aura. Je ne sais pas quoi exactement si ce n’est que j’ai l’impression de voir en
Soma un groupe en mode pilotage automatique, un groupe capable de mieux mais qui se laisse aller à ronronner pépère.
Malgré ces remarques, on retrouve pourtant sur
Soma cette identité si particulière qui fait de Bølzer, encore aujourd’hui, l’un des groupes les plus intéressants du moment. Le travail sur la sonorité des guitares demeure, en matière d’ambiances et de personnalité, l’un des plus gros points forts du groupe suisse. On retrouve ainsi ces mêmes atmosphères aquatiques et lumineuses que sur
Aura, ces riffs distordus et étranges capables de transporter l’auditeur 20000 lieux sous les mers avec ce je ne sais quoi d’oriental en plus. Tout est souvent une question de ressenti en matière de musique mais une chose est sûre, Bølzer possède un son qui lui propre.
Parler de déception au sujet de
Soma est donc probablement exagéré. Toutefois, il est certain que j’en attendais davantage de la part de Bølzer qui avec ces deux nouveaux titres n’est pour moi pas tout à fait à la hauteur de l’excellent
Aura. Un petit travers forcément un peu dur à avaler pour tous ceux qui attendaient le groupe de pied ferme. Néanmoins, il est évident que les Suisses demeurent l’un des groupes les plus captivants de ces quelques dernières années en matière de Death Metal et cela grâce à une vision personnelle qui les font clairement sortir du lot. Déception ou pas,
Soma reste donc une très bonne mise en bouche qui, on l’espère, se verra concrétiser à l’avenir par la sortie d’un album à la hauteur, cette fois-ci, de nos (mes) espérances.
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