Endseeker - The Harvest
Chronique
Endseeker The Harvest
Lentement mais sûrement les hambourgeois sont en train de se faire une petite notoriété à force de travail et d’application, car après un EP qui donnait le ton peu de temps après le début de leurs aventures ceux-ci récidivaient en 2017 avec le très bon « Flesh Hammer Prophecy » qui confirmait leur passage réussi sur le format supérieur, où leur Death rétro fortement inspiré par la scène suédoise des années 90 se révélait très agréable sur la durée. Si le line-up n’a pas évolué depuis la création de l’entité en 2014 il y’a en revanche une chose qui a changé pour elle, le départ de son label historique F.D.A. Records pour signer chez Metal Blade, ce qui représente un vrai bon en avant en termes de visibilité et de promotion. Car si la mythique écurie californienne bénéficie toujours d’une qualité assez constante et d’un aura qui dépasse les frontières, en revanche leur désormais ancienne maison basée à Wriezen est malheureusement en net déclin depuis quelques temps déjà. Celle-ci a vu en effet partir nombre de ses découvertes les plus intéressantes vers des cieux plus prestigieux (CHAPEL OF DISEASE, DESERTED FEAR, SKELETAL REMAINS, SULPHUR AEON…), et semble ne plus avoir le même flair qu’auparavant en matière de découvertes, tant les nouveaux venus sur son catalogue sont hélas nettement moins convaincants que leurs aînés. Du coup il est certain que cette signature arrive à point nommé pour le quintet qui a tout ce qu’il faut pour franchir avec brio cette nouvelle étape de sa carrière, mais sans changer d’un iota sa formule musicale dont la recette reste identique et en terrain connu.
De ce point de vue précis il n’y a effectivement pas de changement à signaler, vu qu’on y retrouve notamment comme constante le fait d’intégrer une reprise pour égayer les débats, comme ce fut déjà le cas lors des précédentes livraisons des allemands. Après avoir rendu hommage à ENTOMBED et BOLT THROWER c’est cette fois-ci MEGADETH qui a été mis à l’honneur avec une version fidèle du classique « Symphony Of Destruction », juste un chouia plus puissante que l’originale. L’autre chose qui n’a pas changé c’est la durée excessive de l’album, car avec quarante-sept minutes au compteur celles-ci se révèlent parfois un peu répétitives et agrémentées de quelques baisses de régime évitables si l’ensemble avait été un peu raccourci. Cependant tout ceci n’est que de l’ordre du détail et le rendu général est largement à la hauteur du précédent opus, son successeur démarrant sur les chapeaux de roue avec l’énergique et explosif « Parasite » qui ne débande pas un instant et est carrément le morceau le plus court de cette galette. Autant dire que d’entrée les gars ont voulu montrer ce qu’ils ont dans le ventre tant ça joue vite et fort sans discontinuer, seulement ponctué de quelques passages en mid-tempo remuants parfait pour headbanguer, cela va d’ailleurs se prolonger dans la foulée avec « Pulse ». On retrouve ici les mêmes ingrédients que précédemment, seulement joués de façon plus variée et où des passages lourds et massifs vont apparaître, sans pour autant faire perdre en radicalité et puissance. D’ailleurs même en alourdissant son propos le groupe conserve son attractivité, preuve en est avec le sobre et réussi « Cure » où la vitesse entendue au démarrage s’estompe progressivement pour laisser place à un sentiment d’étouffant tant le gras déborde de toutes parts via ces plans en cassures où la lourdeur est de rigueur, sans que cela ne fasse tâche avec le reste.
Cependant une fois ce premier tiers clôturé on commence à apercevoir des longueurs évitables, « Spiritual Euphoria » ne fait pas exception à la règle car bien qu’il propose un schéma d’écriture varié où la brutalité n’est pas totale on ressent rapidement qu’il a du mal à s’achever, reprenant en boucle les mêmes riffs, à l’instar du groovesque « Whores Of War » parfait pour se dandiner et bouger de partout mais qui s’étale bêtement et sans cause réelle et sérieuse. Dommage car les idées sont bien en place mais avec un style si direct et simple techniquement il ne faut pas chercher à étoffer au maximum au risque de se casser la gueule, et c’est presque ce qui se passe là. Heureusement ça n’est pas rédhibitoire pour les teutons vu que dès la plage suivante les choses vont se remettre dans l’ordre car ce dernier tiers qui se profile à l’horizon est sans aucun doute le meilleur. Cela commence tout d’abord avec le dynamique et équilibré « The Harvest » qui fait office de mise en bouche classique et goûtue avant que « Immortalized » et « Vicious Devourer » ne montrent toute la palette de jeu de ses géniteurs, où l’entrain général et le dynamisme contagieux sont toujours bels et biens présents. Si tout cela est très générique et passe-partout ça fait quand même parfaitement le boulot et nul doute que sur scène ça va prendre une ampleur plus importante, à l’instar de la tuerie intitulée « Epitome Of Decadence » qui est sans doute la meilleure réalisation figurant sur cette sortie. Montant d’un cran en intensité par rapport au reste il y’a de bonnes chances que cette composition devienne un classique de la formation d’ici peu, tant les variations y sont plus nombreuses et fréquentes qu’ailleurs, notamment du fait des plages instrumentales très courtes qui n’ont guère le temps de s’installer, afin de renforcer le sentiment d’urgence qui prédomine ici.
Si évidemment ça ne révolutionne absolument rien et que ça ne figurera pas dans les bilans annuels ce second volet de leurs aventures est néanmoins plus qu’agréable, tant il fait passer un excellent moment et transmets une rage qui donne envie de tout casser et de se libérer d’un poids intérieur. Alors oui ENDSEEKER reste encore aujourd’hui (et le restera probablement toute sa carrière) un honnête artisan de deuxième division mais auquel on ne peut pas reprocher d’être un élève appliqué et sérieux dans son écriture, qui bien que contenant quelques erreurs de jeunesse bénéficie cependant de suffisamment d’atouts pour qu’on lui laisse sa chance. Il est en tout cas appréciable qu’à l’heure actuelle tant de jeunes loups continuent à faire vivre ce glorieux héritage du passé, dont l’influence à travers le monde ne se dément pas, et rien que pour cela ces voisins d’outre-Rhin méritent des encouragements nourris (et qu’on se penche du même coup sur cette œuvre comme sur les précédentes).
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