Quelle découverte ! Fin 2012, intrigué par la présence du guitariste et du batteur d’une autre surprise,
December Flower,
Swallowed By The Ocean's Tide aura littéralement submergé mes esgourdes. Certes, comme bon nombre d’autres formations metal, Sulphur Aeon usait de la thématique du Cthulhu de maître Lovecraft mais rarement le rendu final n’avait retranscrit avec autant de réalisme le monstre titanesque à tête de pieuvre. Caméra GoPro embarquée sur la bestiole (à la manière d’un Godzilla/Pacific Rim), nous suivions son périple dans les abysses sur fond de death metal tout aussi massif. Autant vous dire que ce deuxième album
Gateway To The Antisphere était plus qu’attendu pour ma part. Le trio allemand revient une nouvelle fois épaulé du génie discret Ola Larsson (Disma, King Of Asgard, Thy Primordial) pour un artwork toujours aussi hallucinant de détails (le précédent n’est pas égalé malgré tout) ainsi que du même producteur Simon Werner. Une sortie qui sera partagée entre Ván Records et Imperium Productions.
Le Cthulhu continue le tracé de son périple dans l’océan, tout comme Sulphur Aeon. La recette de son death metal mastodonte reste la même. Terminé le son obscur, la production imposante paraîtra dorénavant nettement plus « claire » et permettra d’isoler les instruments ainsi que les vers incantatoires de M. (semblant gagner en coffre). Au centre, des frappes sans aucune finesse du batteur et des riffs plus épais marqués au fer Behemoth (notamment dans les gammes orientales). Le grand retour de la bête ? Pourtant les morceaux s’enchaînent et une moue se dessine assez rapidement, il sera difficile de retrouver pleinement les passages marquants d’antan. Il faudra attendre le cinquième titre « Abysshex » pour retrouver le Sulphur Aeon de
Swallowed By The Ocean's Tide. Pourquoi ? Une des forces du guitariste T. piochait dans son penchant fortement typé death/black suédois (déjà démontré dans December Flower). Des mélodies simples mais à l’aura souveraine. Le gaillard a été plus avare ici, seul « Diluvial Ascension - Gateway To The Antisphere », « He Is The Gate » (son break méchamment aguicheur à 2:58) et « Conclusion » arriveront à réellement titiller nos tympans. Non pas que les Allemands bourrinent sans temps mort, au contraire, le groupe joue toujours sur les variations de débits pour aérer ses compositions et tenter d’asseoir leur ambiance. En demi-teinte…
L’atmosphère et le travail mélodique demeuraient indubitablement les principaux socles de Sulphur Aeon. La brutalité, la technicité ou la complexité de leur musique n’étant vraiment pas le point fort du trio. Le groupe joue donc désormais la carte du « straight in your face » (batterie et riffs 33 tonnes), le Cthulhu n’est plus la seule créature (les divinités Azathoth et Yog-Sothoth font leur apparition). Le monstrueux « Titans » résumant au mieux ce tsunami sonore (à écouter volume élevé). Sauf que la régularité n’y est pas, certains passages manquant cruellement d’inspiration, les bancals (ou chutes de studio) « Calls From Below » et « Seventy Steps » en tête. Sulphur Aeon aurait pu peaufiner ses ambiances occultes, en usant de samples et de breaks pour redonner vie à ces masses difformes tentaculaires majestueuses ainsi qu’à son décor sous-marin. Les bribes sur l’introduction de « Diluvial Ascension - Gateway To The Antisphere » ou l’instrumental « Conclusion » paraîtront bien trop maigres. Quel dommage… Les 51 minutes seront compliquées à tenir sans esquiver certains titres trop ternes et ennuyeux. Ces moments fades mis de côté, une vague moins surprenante que dans le passé il est vrai, mais dévastatrice à n’en point douter.
Moins inspiré et accrocheur mais surtout à l’atmosphère manquant de saveur,
Gateway To The Antisphere (ou certainement l’album de 2015 le plus attendu de mon côté), décevra malheureusement une partie de ses adeptes… Rien de foncièrement mauvais mais la fraicheur évaporée ainsi que le gap de qualité avec
Swallowed By The Ocean's Tide demeurent néanmoins conséquent. Reste que Sulphur Aeon écrasera encore une fois nos pauvres oreilles et c’est peu de le dire... Les frappes barbares (un cran au dessus) du batteur ainsi que les rares mélodies et breaks parsemés rehausseront dès lors l’intérêt du brûlot. Les invocations semblent inachevées.
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