« Hideuse contradiction de toutes les lois de la matière et de l’ordre cosmique » (H.P Lovecraft), le monstre titanesque à tête de pieuvre, Cthulhu, sommeille dans la ville engloutie de R'lyeh. Le groupe allemand Sulphur Aeon osera réveiller la divinité bannie. Formé il y a peu (2010), ce trio compte dans ses rangs deux membres de December Flower (guitariste et batteur), alors forcément lorsque les géniteurs de
When All Life Ends… (une des découvertes majeures de 2011 pour ma part) remettent le couvert, je saute sur l’occasion. Sulphur Aeon aura sorti une démo puis un EP en début d’année (
Deep Deep Down They Sleep), c’est le label teuton F.D.A. Rekotz qui s’occupera de la distribution de ce
Swallowed By The Ocean's Tide (Imperium Productions pour la version vinyle).
« Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn », l’introduction « Cthulhu Rites » démarre l’incantation. La bête sort de sa léthargie. Plutôt sceptique sur un énième groupe metal reprenant le thème du « Cthulhu », Sulphur Aeon est pourtant l’un de ceux utilisant au mieux l’imaginaire de Lovecraft. L’artwork somptueux (à tomber par terre) d’Ola Larsson (Disma, King Of Asgard, Thy Primordial) interpelle sans avoir mis l’album en platine, il ne pouvait pas mieux présenter la musique de ce
Swallowed By The Ocean's Tide. Tel un commandant Cousteau adepte de musiques extrêmes, c’est un périple de 45 minutes dans les profonds abysses du Pacifique Sud (« Death Metal from the lungs of the deepest sea ») au côté de cette « montagne » en mouvement, le Cthulhu. Pour décrire cette monstrueuse corpulence, un bloc sonore monolithique. Une production massive limite étouffante, au mixage mettant les potards au maximum pour chaque instrument et voix. Un mur du son dévoilant un savoureux mélange entre death blasphématoire US (Incantation en tête de liste), death old school de Stockholm et les débuts glacial du death/black mélodique suédois de la première moitié des années 90. Des plus alléchant donc.
Contrairement à des groupes similaires récents (la coqueluche Disma) peut-être trop « doomy » pour certains, Sulphur Aeon met ainsi de côté à prime abord quelconque subtilité pour nous annihiler les tympans tout le long. Un chaos jouissif porté par le batteur « brutasse » (les accélérations dantesques de « Where Black Ships Sail ou l’uppercut « Monolithic ») Daniel Dickmann qui avait déjà su démontrer ses talents dans December Flower (ah cette intro de « The Apprentice », je ne m’en lasserai pas !), des riffs triple épaisseur et un chant profond alternant entre criard et vocaux death (le refrain imparable à grogner en faisant sa vaisselle de « Beneath. Below. Beyond. Above »). Eprouvant ? Qui dit « December Flower », dit forcément « mélodies ». Relativement discrètes et parsemées, elles permettent de faire « respirer » l’écoute et de dégager une ambiance froide particulière. La patte accrocheuse de la tête pensante Torsten Horstmann est aisément reconnaissable : le break fatal de « The Devil's Gorge » (2:51), les arpèges (aux relents d’un Dissection) du morceau éponyme (et le passage heavy/death mélodique à 3:35) ou bien « From The Stars To The Sea » (3:41).
Le morceau (et hit) « Inexorable Spirits » aura converti bon nombre d’auditeurs à la musique de Sulphur Aeon (moi inclus). 11 titres de ce calibre et je pense que l’on se retrouvait aisément avec un petit chef d’œuvre du death metal. Après moult écoutes, l’effet « ras de marée » sonore propulsé par la production se dissipe. On commence à découvrir plus en détails les riffs et à cerner les titres de
Swallowed By The Ocean's Tide. Un album malheureusement légèrement inégal aux passages trop primaires (un titre d’ouverture « Incantation » en demi-teinte ou « Those Who Dwell In Stellar Void » par exemple), camouflé par ce son « réacteur d’avion ». « Trop primaire » car le contraste avec certains passages ambiancés et/ou mélodiques se fait parfois ressentir. Le final instrumental « Zombi » reprenant le thème (ultra kitsch) du mythique film de Lucio Fulci confirme ce sentiment. Le travail d’atmosphère semble inabouti. Un potentiel immense qui gagne à être exploité en somme.
« Impérial », adjectif qui pourrait résumer au mieux ce premier album de Sulphur Aeon. Un death metal imposant et mélodique en fond sonore pour un Thalassa de l’extrême et du surnaturel (suivant les hallucinations délectables de H.P Lovecraft). En caméra embarquée au côté du colosse cauchemardesque Cthulhu, vous découvrirez la cité sous-marine R’lyeh et les profondeurs inexplorées de l’océan. Les bases sont posées, on sent que Sulphur Aeon peut d’avantage marquer les esprits en affûtant ses compostions et son ambiance. Retenez bien ce nom, je prévois un avenir radieux pour ces Allemands.
Iä, Iä,Cthulhu fhtagn.
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