Sulphur Aeon - The Scythe of Cosmic Chaos
Chronique
Sulphur Aeon The Scythe of Cosmic Chaos
Secousses sismiques, ciel apocalyptique et comme une odeur de soufre iodé pour cette fin d’année glaciale. Le monstre divin imaginé par Lovecraft revient piétiner nos tympans sous un angle death metal teuton. Près de quatre années ont passé depuis
Gateway To The Antisphere, album mitigé qui aura pris la poussière depuis 2015 car sans la saveur et la fraîcheur de son colossal prédécesseur. Pour cette nouvelle offrande au Cthulhu, le trio Sulphur Aeon devient quintet en recrutant un deuxième guitariste et un bassiste. Moins reconnaissable ici mais une nouvelle fois un artwork du génie discret Ola Larsson (Disma, Thy Primordial), pour un style moins réaliste (plus graphique) et surtout plus « dark ». « Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn ».
Sulphur Aeon ne chamboule pas sa recette death metal hybride, à la manière de la marche et de la puissance destructrice du géant cosmique, une musique orientée mid-tempo mais jouant toujours sur les variations de débit pour capter notre attention. Pour les néophytes, des influences empruntant principalement au black/death polonais d’un Behemoth (gammes orientales comprises), au death US (Morbid Angel, Immolation) et aux mélodies scandinaves. A cette liste s’ajoute malgré tout une petite nouveauté, un aspect doom découvert sur le premier extrait dévoilé « Yuggothian Spell » (un des meilleurs titres). Un chant clair appuyant davantage l’ambiance incantatoire et qui se mue particulièrement bien avec le reste. Un brin de fraîcheur fort honorable mais qui paraîtra cosmétique dans ses longues 51 minutes. Après un départ littéralement écrasant et prenant, la moitié de l’album nous fera décrocher de l’univers, défauts déjà présents il y a quatre ans...
Un death metal nous plongeant encore dans une léthargie par intermittence, il faut attendre un réveil de la bestiole par un matraquage de fûts ou une mélodie épique, coincée entre deux gros blocs monolithiques. Mention particulière pour « Lungs into Gills » et sa longue introduction de 2 minutes pour une mandale et surtout son final dantesque avec ce lead imparable (4:44), immersion au côté du Cthulhu comme un air marin de 2013. L’ambiance peinant (quelques samples et effets faméliques) et les frissons n’y étant pas, la plupart des titres auraient pu aisément être rognés vu la simplicité et la certaine redondance des compositions (près de 10 minutes pour « Sinister Sea Sabbath », c’est bien trop) camouflée par la production titanesque (je n’ose imaginer
Swallowed by the Ocean's Tide avec un tel rendu sonore). Le batteur monte d’ailleurs encore d’un cran dans son déferlements de frappes et double pédale tractopelle (pauvre batterie) ! Ceux connaissant les aptitudes mélodiques du guitariste de feu December Flower (T.) resteront sur leur faim, des bribes de Hypocrisy ou des arpèges black/death suédois avec un côté épique prononcé mais peu marquants au bout du compte.
Les tares de l’oublié
Gateway To The Antisphere refont surface, à savoir un death metal à rallonges et à l’ambiance en demi-teinte. Une musique reboostée par une production ultra massive qui sied parfaitement avec la thématique (frappes de bûcheron de mise) et des mélodies épiques, le soufflé sera trop saccadé pour une écoute plaisante (ou en faisant des avances rapides). En grattant ce son outrancier cela reste quand même trop maigre après tant d’attente, frustrant quand on ressort
Swallowed by the Ocean's Tide, inégal certes mais à l’atmosphère toute autre. La bête peut retourner en hibernation pour affûter sa prochaine destruction.
| Mitch 18 Décembre 2018 - 3258 lectures |
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