Invictus - The Catacombs Of Fear
Chronique
Invictus The Catacombs Of Fear
Si je vous dit comme ça "Invictus", j’imagine que la plupart d’entre vous me répondront quelque chose du genre : "Ah oui, l’excellent label irlandais dont la réputation n’est désormais plus à faire". Sauf que non, ce n’est pas de lui dont nous allons parler aujourd’hui mais d’un groupe japonais originaire de Nagano dont les premiers balbutiements remontent à 2015.
Formé autour des frères Seki (Toshihiro et Takehitopsy de leurs prénoms), le groupe évolue depuis toujours sous la forme d’un trio avec pour les accompagner un certain Haruki Tokutake (Parasitario) prenant place ici derrière les fûts. Aussi depuis sa formation il y a sept ans, le groupe ne s’est pas montré particulièrement prolifique puisque sa discographie n’est à ce jour constituée que de deux singles (pour trois titres), un split et un album intitulé The Catacombs Of Fear dont il va être question ici.
Paru sous les bannières d’Obliteration Records (CD), InCoffin Productions (cassette) et F.D.A. Records (CD), celui-ci est illustré par l’artiste espagnol Juanjo Castellano dont il est d’ailleurs aisé de reconnaitre l’excellent coup de pinceau (et ces éternelles similitudes avec un certain Dan Seagrave). En matière de contenu, The Catacombs Of Fear propose un total de onze titres (on y retrouve d’ailleurs tous les morceaux sortis par Invictus avant cela, soit : "Lord Of The Pit", "Devouring Room", "Spawn Cycle Of Rotting", "At The Gate Of Crypts", et "The Catacombs Of Fear") pour une durée peu excessive d’à peine trente et une minutes. Alors en effet, ce n’est pas avec ça que l’on risque de s’étouffer mais c’est néanmoins largement suffisant pour espérer passer un bon moment en compagnie de ces trois japonais.
Comme toujours ou presque, je me dois de vous gratifier de mon éternel petit laïus pour vous signifier ô combien Invictus, au même titre que bien d’autres groupes (l’essentiel de tout ce que je chronique à vrai dire), ne s’est pas fixé pour mission de révolutionner quoi que ce soit avec son Death Metal. De l’artwork sans équivoque aux thèmes abordés fricotant notamment avec la notion de blasphème en passant par ces compositions directes dont les titres se veulent tous plus évocateurs les uns que les autres ("Infernal Covenant", "Diabolic Intent", "Sinkhole Of Ghouls", "Necrocrypt"...), tout chez les Japonais transpirent le Death Metal dans ce qu’il a de plus classique et de traditionnel. Un parti pris peu risqué et probablement un peu trop passe-partout pour certain mais qui lorsqu’il est parfaitement exécuté peut s’avérer particulièrement payant.
D’ailleurs si je suis là pour vous en parler aujourd’hui c’est justement parce qu’en dépit de son caractère effectivement assez conventionnel, The Catacombs Of Fear possède suffisamment d’atouts pour espérer convaincre. Parmi ceux qui sautent aux yeux et surtout aux oreilles, on retiendra notamment ce degré de brutalité relativement élevé dont fait preuve la formation pendant cette demi-heure particulièrement explosive. Une dynamique intense qui passe ici par un riffing et des structures héritées de la scène Death / Thrash de la fin des années 80 et du début des années 90 (on pense parfois à Kreator, Demolition Hammer ainsi qu’au Pestilence des débuts pour ces accélérations radicales menées tête dans la guidon) mais également par tout un tas de plans et autres séquences un poil plus tarabiscotés qui nourrissent en parallèle une nature plus variée qu’il n’y paraît de prime abord et qui en ce qui me concerne lui donne des airs empruntés à Morbid Angel, Angelcorpse, Centurian, Perdition Temple et autres formations particulièrement musclées évoluant dans le même registre.
En effet, les changements de rythmes sont nombreux tout au long de ces trente et une minutes et même si la cadence globale s’avère élevée, le trio s’applique à ne jamais sombrer dans une certaine linéarité en enchainant ainsi accélérations thrashisantes toujours aussi efficaces ("Bizarre Dreams" à 2:01, "Infernal Covenant" à 0:49, "Diabolic Intent" à 1:50...), blasts plus ou moins soutenus ("Lord Of The Pit" à 1:08, les toutes premières secondes de "Bizarre Dreams", "Necrocrypt" à 0:28...), ralentissements brises-nuques ("Infernal Covenant" à 2:35, "Sinkhole Of Ghouls" à 1:04, "Spawn The Cycle Of Putrefaction" à 2:11...) le tout bien évidement épaulé par un riffing nerveux et incisif qui lui aussi a bien du mal à tenir en place ainsi que par quelques leads et autres solos mélodiques amenant à leur manière une dimension moins frontale au Death Metal des Japonais. Enfin, si Invictus fait preuve d’un bagage technique évident, il n’en fait pas ici une démonstration stérile et préfère s’en servir pour le bien de ses compositions (efficacité, nuance, dynamisme...) plutôt que pour tenter d’épater la galerie et ainsi perdre de vue l’essentiel.
Si certains qui suivent le groupe depuis ses débuts en 2015 trouveront sûrement à redire quant à la présence de cinq titres déjà entendus ailleurs, les autres qui comme moi découvriront le groupe avec ce premier album saurons ne pas lui en tenir rigueur. Certes, et comme je le disais un petit peu plus haut, il n’y a là rien de très original dans ce que nous propose Invictus. Pour autant, le trio sait se montrer particulièrement convaincant tout au long de cette petite demi-heure. De quoi satisfaire à l’appétit de tous les insatiable amateurs de Death Metal physique et intense peu regardant sur la question de l’originalité et de la personnalité mais à l’inverse toujours partant pour se prendre un bon bourre-pif bien placé.
| AxGxB 1 Juin 2022 - 1036 lectures |
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