Troglodyte - Don't Go In The Woods
Chronique
Troglodyte Don't Go In The Woods
Peut-être vous souvenez-vous du film Wrong Turn, premier du nom, avec la délicieuse Eliza Dushku? Un slasher movie à l'américaine dans lequel une bande de jeunes étudiants, beaux et bien gaulés, se retrouvaient par le plus grand des hasards perdus sur une route de montagne au milieu de nul part. Le hasard faisant plutôt bien les choses, nos étudiants allaient faire la rencontre fortuite d'une famille d'autochtones particulièrement attachants, très hospitaliers et pour qui le mot consanguinité a toujours eu très peu de valeur. Et bien Troglodyte, groupe américain originaire de Kansas City dans le Missourri, semble être constitué par quelques lointains cousins de cette fameuse famille. Des énergumènes masqués, quelque part entre Slipknot et Gwar, jouant à fond la carte du second degré puisque tout chez Troglodyte tourne autour de Big Foot, du Sasquatch, du Yeti et de ces slashers movies ayant lieu dans la forêt ou dans un quelconque chalet perdu en montagne.
D'emblée, il semble donc évident d'aborder la musique des américains avec un peu moins de sérieux qu'à l'accoutumé. Mais ce n'est pas pour autant que nos quatre garçons sont là pour enfiler des perles et raconter des blagues au coin du feu. Au contraire, malgré un petit côté série B totalement assumé, il faut reconnaître à Troglodyte une réelle envie de bien faire. Et cela commence évidemment par une pochette absolument incroyable que l'on doit à Justin Osbourn de Slasher Design. Un excellent travail qui rappelle forcément les productions cinématographiques des années 80 avec un coup de crayon, certes, plus moderne et incisif et qui surtout pose tout de suite les bases de l'ambiance qui règne au sein de cet album. Mais ce n'est pas tout car la production est plutôt bonne. Sans en mettre plein la vue, elle offre à Troglodyte le nécessaire pour mettre en valeur son Death Metal primaire et primitif.
Don't Go In The Woods est ainsi le deuxième album de Troglodyte et fait suite au tout aussi attrayant Welcome To Boggy Creek paru en 2011. Tous les deux autoproduits, ils s'échangent aujourd'hui contre seulement 10$ frais de port compris (même à l'international). Une aubaine pour nous petits français même si je m'étonne encore de voir que le groupe n'a pas réussi à convaincre un label comme Razorback de les héberger.
Pourtant et comme le suggère la pochette de ce nouvel album, la musique de Troglodyte s'inscrit parfaitement dans cet univers horrifique de seconde zone si cher à Razorback. Mais si nous sommes à première vue en terrain connu, Troglodyte fait preuve d'originalité en traitant de sujets qui, pour une fois, n'ont rien à voir avec l'Egypte, les zombies ou Lovecraft. De quoi attirer un minimum de sympathie auprès d'un public rompue à ce genre de thèmes vus et revues. Pour autant, l'originalité s'arrête là car pour le reste la musique des américains renvoie évidemment à quelques standards cette fois-ci bien connus. Ainsi, la musique de Troglodyte reprend les codes d'un Death Metal à l'Américaine, rappelant tour à tour les premiers Cannibal Corpse, Suffocation ou Deicide pour le meilleur ("The Trap Is Set", "Murderous Bi-Pedal Hominid Rampage (Where Are My Legs?)", "Sasquatch Ocean", "In Search Of...") comme pour le plus anecdotique (souvent quelques plans par-ci par-là plus qu'un morceau en particulier - les premiers riffs de "Cripple Foot Cast", "Cro-Magnum Force" ou "Don't Go In The Woods" par exemple). Et si Troglodyte se rapproche très franchement dans la démarche d'un certain Cannabis Corpse rendant hommage à vous savez qui, il n'empêche qu'on prend énormément de plaisir à l'écoute de ce Death Metal aussi primitif qu'efficace. Les musiciens, bien loin d'êtres des manches, fournissent ici tout le nécessaire à un bon album de Death Metal digne de ce nom: déferlante de blasts, mid-tempo brise nuque ("The Trap Is Set", "Nowhere To Hide", "Minnesota Iceman Cometh"), riffs glacés et tranchants à vous filer la chair de poule, leads démoniaques ("Cripple Foot Cast", "Murderous Bi-Pedal Hominid Rampage (Where Are My Legs?)"), changements de rythmes bien amenés, growl puissant et caverneux, quelques shrieks de mongoliens... Bref, absolument tout ce qu'il faut pour séduire n'importe quel fan de Brutal Death. J'apprécie pour ma part particulièrement ce côté brut de décoffrage. Troglodyte ne s'embarrasse ici d'aucune fioriture, tout juste quelques samples, et balance surtout son Death Metal en moins d'une demi heure, allant clairement à l'essentiel et oubliant de se perdre dans des plans soit trop longs soit inintéressants.
Troglodyte renvoie inévitablement à tous les clichés que véhicule encore aujourd'hui le Death Metal: un nom ridicule, une pochette, certes superbe, mais encrée ad vitam eternam dans un registre qui n'a rien d'original, des influences évidentes que le groupe ne cherche certainement pas à dissimuler. Bref, nous sommes en terrain connu. Seulement, y a pas à chier, quand c'est bien fait et bien ça se laisse quand même écouter non sans déplaisir. Et pour le coup, ce deuxième album de Troglodyte n'est pas sans faire son petit effet. Primaire, bestial, hargneux et presque Punk par moment, tout est réuni pour passer un bon moment sans prise de tête. Un Death Metal presque rafraîchissant dont les thèmes sortent clairement des sentiers battus et méritent à eux seuls qu'on s'intéresse à ce jeune groupe américain. Parfait pour terminer l'année.
| AxGxB 28 Décembre 2012 - 1854 lectures |
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