Vous en avez un peu ras-le-bol du revival Swedish death metal ? Je vous comprends, ce n'est pas non plus le type de death que j'affectionne le plus et il y a clairement une saturation. Certains groupes arrivent toutefois à tirer leur épingle du jeu et à se démarquer de la masse. Le premier album de Wombripper,
From the Depths of Flesh, avait ainsi fait son petit effet. Pas que chez moi puisque, outre une réédition chez les fins limiers de Redefining Darkness qui m'avait permis de découvrir le combo, les Russes ont par la suite rejoint Memento Mori, autre maison de renom. C'est donc sur le label espagnol, à la fin du mois d'octobre de l'année dernière, qu'est paru leur deuxième album
Macabre Melodies, illustré par une pochette certes plus stéréotypée que son prédécesseur, mais diablement alléchante.
Petit changement chez la formation, la voilà désormais réduite à un trio suite au départ du guitariste Ivan Markin qui a peut-être voulu se concentrer sur son nouveau projet black metal Passéisme chroniqué en ces pages. Ou pas puisque ses autres membres viennent aussi de Wombripper. Cette perte n'a toutefois pas changé grand chose au son des Slaves qui reprennent la formule à succès de
From the Depths of Flesh, avec toutefois un côté un poil moins débridé et un aspect mélodique plus accentué (le riff à 1'48 sur "Obscurity Depths", c'est presque du melodeath !). À l'instar de leurs talentueux compatriotes de Pyre, Wombripper fait dans le vieux son suédois de Stockholm. Celui avec les guitares au son de friture. Dismember en tête pour tous ces trémolos mélodiques. Entombed forcément aussi quand ça pourrit un peu plus, ainsi que Grave pour la face bourrine. Parce que oui, Wombripper ne fait pas dans la dentelle. Il ne s'est pas calmé depuis son premier méfait et a su garder son énergie communicative des plus efficaces. Les Russes jouent dans l'urgence la plupart du temps, sur du tchouka-tchouka ultra frénétique rehaussé de pas mal de blast-beats qui sonnent très énervés grâce à une excellente production batterie sans artifice. Ce tempérament bagarreur se trouve aussi renforcé par le chant mi-growlé mi-hurlé du guitariste Dan Kuskov qui crache ses poumons tout au long des trente-sept minutes. Tellement que c'est un peu lassant à la longue, d'autant que son timbre, certes rageur, a tendance à m'irriter les tympans. Le riffing, basé sur du tremolo plus ou moins mélodique typique du Swedeath, ne propose rien de très frais mais tranche dans le vif avec une efficacité qui force le respect, tout comme les quelques mid-tempos plus groovy et catchy. Un groove inhérent au son stockholmois dans lequel la basse vrombissante délectable joue un rôle prépondérant. Et si Wombripper se plaît à foncer dans le tas, il propose en parallèle un très bon sens de la mélodie. Outre les trémolos de la guitare rythmique, on appréciera ainsi les nombreux solos, qu'ils se montrent chaotiques ou plus construits et techniques (il y a même du sweep !), ainsi que les autres leads elles-aussi indissociables du genre.
Et quand on commence à se dire que la bastonnade à outrance risque de nous faire tourner un peu en rond malgré toutes les qualités évoquées, les Russes décident de varier davantage les plaisirs sur la deuxième moitié de l'album après l'interlude "Macabre Void" à base de larsens et de vibrato qui fait penser au démarrage culte de "Raining Blood" de Slayer (on n'attend plus que les fameux coups de toms !). Les morceaux s'allongent un peu, le mid-tempo se montre davantage et l'ambiance devient plus macabre. "Devastation into Waste", qui pointe à cinq minutes, s'ouvre ainsi sur un mid-tempo pesant à l'atmosphère sombre. Un classique du death à la suédoise ! Les deux derniers morceaux, de la même façon que sur
From the Depths of Flesh, montreront eux aussi un éventail plus large des compétences de Wombripper. Rythmiques plus modérées avec même des passages carrément écrasants ou juste lents, quelques lignes d'arpèges (dès le début pour "Church of Repulsion"), un peu de spoken words, la fin de
Macabre Melodies, qui se termine sur un "Fractures" plus posé de près de huit minutes, explique mieux le choix du titre de l'œuvre et permet d'aérer le propos vindicatif de la formation en composant de façon un peu plus recherchée.
Bon, "recherché", on se comprend hein ! Ce n'est pas de l'avant-garde ou de l'expérimental ! Juste du putain de bon Swedish death metal joué par des Russes doués et foutrement énervés. C'est d'ailleurs ce côté plus brutal que la normale dans le style qui me plait tant chez Wombripper, comme chez Brutally Deceased, autre entité rendant un hommage encore plus musclé à la vieille scène scandinave des années 1990. Skank beats accélérés et blast beats for the win ! Ça et leur sens du riff et de la mélodie plus prononcé que sur le disque précédent. Du groove aussi car mine de rien, ce
Macabre Melodies se révèle fort catchy malgré le taux élevé de testostérone. On pourra certes pointer du doigt le manque total d'originalité, quelques séquences plus génériques ou le chant assez irritant à la longue. Je garde également une légère préférence toute personnelle pour
From the Depths of Flesh qui m'avait pris par surprise avec sa violence punk complètement débridée. Mais foutre Satan, quelle efficacité ! Hautement jouissif et bien meilleur que bon nombre de noms plus connus. Amateurs de Dismember, Entombed, Grave et assimilés, Wombripper ne peut que vous combler. Même les fans de The Crown peuvent essayer. Nul doute que si l'on devait faire le ménage dans cette scène saturée jusqu'à l'indigestion, Wombripper resterait parmi les quelques élus.
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