Malgré un rythme de parution toujours aussi élevé (un split et un album live en 2020 suivis par la sortie en 2021 d’un single et d’une compilation), il aura tout de même fallu cinq longues années aux Américains de Coffin Rot pour donner une suite à leur premier album intitulé
A Monument To The Dead. Il faut dire que l’écriture de ces huit nouvelles compositions n’a débuté qu’en 2022 et que la même année, le groupe de Portland a également accueilli dans ses rangs un second guitariste en la personne de Jonathan Quintana. D’ailleurs si ce nom vous dit quelque chose sachez que c’est tout à fait normal puisque le monsieur est également guitariste chez Decrepisy, Grave Dust, Hell Strike, Ritual Necromancy, Thanamagus et même Ascended Dead avec qui il partage les planches... Bref, une embauche providentielle pour ce groupe de l’Oregon qui entend bien faire son trou et surtout monter en grade.
Intitulé
Dreams Of The Disturbed, ce nouvel album voit Coffin Rot poursuivre sa collaboration avec le label californien Maggot Stomp Records entamée trois ans auparavant avec la sortie de
Reduced To Visceral Sludge. Un disque passé entre les mains de Charles Koryn qui signe une fois encore l’enregistrement de ces huit nouvelles compositions ainsi qu’entre celles de Damian Herring (Horrendous) a qui l’on doit pour l’occasion le mixage et le mastering de ce second longue-durée. Pour ce qui est de cette illustration plutôt sympathique, elle est signée des mains de Jerry Hionis aka Wyrmwalk dont on a déjà pu apprécier le travail précédemment chez Abraded, Celestial Sanctuary, Devourment, Fulci, Morgul Blade, Sadistic Force, Sentenced 2 Die et quelques autres encore.
Présenté par Coffin Rot comme sa sortie la plus aboutie à ce jour (il aurait été de toute façon surprenant que le groupe nous affirme le contraire),
Dreams Of The Disturbed a déjà pour lui une production un poil plus ronflante que celle de son prédécesseur (qui n‘était pourtant absolument pas mauvaise, bien au contraire). Plus ronde, plus épaisse, plus dynamique et globalement plus valorisante, celle-ci conviendra davantage au plus grand nombre même si se faisant on peut dire qu’elle a tout de même perdu un petit peu en caractère (notamment cette batterie qui manque un poil de naturel à mon goût). Un choix qui découle très certainement d’un désir de séduire on l’imagine un plus grand nombre d’auditeurs.
Changement le plus remarquable, en tout cas de prime abord, celui-ci s’accompagne avec l’arrivée de Jonathan Quintana d’un regain mélodique relativement significatif. Si
A Monument To The Dead ne manquait pas particulièrement de leads et de solos, on va tout de même très vite constater que l’on est ici monté d’un cran ou deux, aussi bien en termes de représentation qu’en termes d’exécution. Désormais bien plus nombreuses, ces digressions mélodiques sont également dans l’ensemble bien plus abouties qu’auparavant. De "Slaughtered Like Swine" à 1:31 à "Perverted Exhumation" à 2:02 en passant par "Lurking In The Cemetery" à 3:44, "Unmarked, Shallow Grave" à 1:48, "Hands Of Death" à 1:35 et 2:23, "Predator Becomes Prey" à 2:08 et "The Howling Man" à 4:22, rares sont désormais les titres à ne pas nous offrir ce genre de gimmicks particulièrement réussis.
Enfin, pour en finir avec ce qui différencie ce nouvel album de son prédécesseur, il serait malvenu de ma part de ne pas évoquer le degré de brutalité lui aussi sensiblement plus élevé qu’auparavant. Car si
Dreams Of The Disturbed compte toujours ce qu’il faut de rythmiques thrashisantes, les séances de blasts sont, à l’image de ce que j’ai pu décrire concernant la place des solos sur ce nouvel album, désormais plus nombreuses et sensiblement plus allongées qu’elles ne l’étaient jusque-là. Sur certains titres tels que "Unmarked, Shallow Grave", "Living Cremation" et "The Howling Man" ce sont même elles qui prédominent. Résultat des courses, ce nouvel album gagne clairement en dynamique et en contraste tout en conservant ses atouts de la première heure.
Lorgnant toujours aussi ostensiblement du côté d’un certain Cannibal Corpse, Coffin Rot a su conserver le groove irrésistible qui faisait le charme de ses débuts. Des instants plus chaloupés qui ne manqueront pas de nous faire remuer à l’image de ce qui nous est proposé sur "Slaughtered Like Swine" à 1:59, "Perverted Exhumation" à 2:59, "Lurking In The Cemetery" à 0:54 ou "Predator Becomes Prey" à 1:11. On notera également quelques passages plus lourds histoire d’apporter encore un petit peu plus de relief à l’ensemble comme sur "Slaughtered Like Swine" à 0:54, "Hands Of Death" à 1:34, "The Howling Man" à 2:23...
Au final,
Dreams Of The Disturbed est peut-être bel et bien l’album le plus abouti des Américains de Coffin Rot. Un disque qui, comme ils le disent eux-mêmes, fait en quelque sorte la jonction entre le Death Metal d’il y a trente-cinq ans (celui des premiers albums de Cannibal Corpse et Autopsy) et le Death Metal d’aujourd’hui porté sur une approche rythmique un brin plus groovy. Quoi qu’il en soit, ce deuxième album est un disque très solide qui ne fera pas date dans l’histoire de la musique mais que l’on s’écoutera toujours avec beaucoup de plaisir dans les années à venir. Un album affûté offrant pendant près de trente-trois minutes tout ce ce qu’il faut afin de passer de bons moments. En ce qui me concerne, c’est largement suffisant.
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