Ah cette période fabuleuse de l'année où, le bilan approchant, je me rends compte que je suis complètement à la ramasse niveau chroniques ! 2021 a beau s'être montrée moins généreuse que 2020 en sorties remarquables, elle a tout de même donné matière à s'enthousiasmer et à oublier le fléau qui nous plombe depuis bientôt deux ans. Si certains albums devront attendre un peu avant de se voir étalés en ces pages, il était tout bonnement inconcevable que je fasse plus longtemps l'impasse sur ce premier album de Cambion. C'est que je l'attendais celui-là ! L'impitoyable démo
Unfold Chaos Supreme de 2015 m'avait en effet fait mettre le nom de l'arme de destruction massive germano-américaine dans le top 3 des groupes de death metal à suivre, le plus près possible. Il y a bien eu l'EP
Scourge of Power paru en 2017 mais uniquement au format numérique et ne contenant que deux titres. Il aura donc fallu attendre six années pour que Cambion mène enfin à bien son projet. C'était le 26 mars dernier, toujours sur Lavadome Productions qui lui aussi gardait un œil sur le groupe. Et à l'écoute de l'excellent titre "Cities of Brass" publié en avant-première, on ne trouvait qu'une seule chose à dire : hmmm, ça Cambion !
Une première bonne impression qui s'est vite vu confirmée.
Conflagrate the Celestial Refugium fait déjà plaisir à la vue du nouveau logo agressif aux arêtes coupantes bien plus pro que l'ancien fait sur Paint. Et surtout à celle de sa magnifique pochette, réalisée par l'Américaine Shaari Moth dont on retrouve un peu de ces visions fantomatiques et horrifiques qu'elle avait dépeintes sur le
Nocturnal Poisoning de Xasthur, cette fois à l'aide de davantage de couleurs et de détails. Si la peinture ne semble pas faire l'unanimité, je la trouve personnellement hyper réussie, illustrant à merveille le contenu infernal et chaotique de l'œuvre, véritable cataclysme cosmique comme on en fait peu. En passant au format long, Cambion a toutefois dû mettre un peu d'eau dans son vinaigre pour éviter les crises de foie chez ses auditeurs.
Conflagrate the Celestial Refugium ne se fait ainsi pas aussi jusqu'au-boutiste que la démo et varie un peu plus son jeu. On a par exemple le droit en fin de parcours à une piste instrumentale davantage portée sur l'atmosphère (sombre et oppressante), "Obscuratio", longue montée en puissance de presque dix minutes qui montre le trio sous un jour différent. Il y a même des arpèges ! Prouvant ainsi que le groupe sait faire autre chose que pilonner à tout va. Comme quoi tout est bon dans le Cambion. Une vraie réussite !
À l'instar des sept autres morceaux qui l'ont précédé. Cambion même l'album ne se montre pas aussi radical et extrême que les débuts de la formation toujours menée par le duo Thorben Rathje (Medecophobic, Wrath) à la guitare et l'Américain Richard Osmond (Pyre) au chant et à la basse en remplacement de CJ Holguin et dont la coopération remonte dès 1998 dans Reign of Terror, on ne peut pas non plus dire que les mecs sont là pour faire la fête. C'est Cambion, pas Campion ! Retourne dans ta caravane Marcel, t'es pas le bienvenu ! Autant dire que ça tartine sévère et méchant grâce à une production ultra musclée qui met bien en valeur les riffs rapides, nerveux et tranchants sur du blast-beat à foison en mode blitzkrieg à base de rafales brèves et dévastatrices, entrecoupées de roulements supersoniques, ou sur du thrashy frénétique. Non mais cette entrée en matière sans préliminaire blast + solo hystérique qui te colle direct au mur sur "Conflagrate the Celestial Refugium", j'ai encore du mal à m'en remettre ! Le groupe démarre d'ailleurs ses morceaux très souvent en trombe. On saluera la performance impressionnante du nouveau venu derrière les fûts, Chason Westmoreland (ex-Hate Eternal et The Faceless entre autres et session live pour Vitriol), qui, en plus de sortir la sulfateuse à tout va et de jouer à une vitesse sidérante, propose un jeu intéressant plus varié qu'il n'y paraît et qui apporte un gros plus à la musique de Cambion. J'aime bien par exemple sa façon de mitrailler la double en courtes salves. Un grand merci à lui également pour avoir adopté un son pas trop synthétique qui ne ressemble pas une horrible boite à rythme. Les blasts sonnent du feu de Satan. C'est quand même autre chose que les surcotés Perdition Temple et l'autre handicapé de Ron Parmer !
Pourquoi cette comparaison ? Critique gratuite ? Un peu de cela mais surtout parce que l'influence principale de Cambion s'appelle Angelcorpse. Les Américains n'ont rien inventé et doivent beaucoup à la bande de Pete Helmkamp et Gene Palubicki. Mis à part un riffing un peu moins evil et blackened, l'influence ne fait aucun doute. C'est encore plus flagrant au niveau du chant râpeux plein de haine. On a carrément l'impression d'entendre ce cher Petounet au début de "Eiton Euclarion" sur les premières paroles (
"Open the Earth"). Moi, ça me rend tout chose !
Et vous savez ce qu'il y a de bien aussi sur ce "Eiton Euclarion" ? Il se termine par un sample d'explosion atomique. Analogie parfaite pour ce
Conflagrate the Celestial Refugium hautement radioactif. C'est de la bombe, bébé ! Un putain de missile qui rase tout à des kilomètres à la ronde. Du death metal intransigeant et implacable comme on en fait plus ou plus assez et qui mériterait davantage l'étiquette brutal death que beaucoup d'autres sorties auxquelles on accole ce qualificatif trop souvent galvaudé. Malgré un niveau de radicalité légèrement en dessous de la démo et le long morceau de clôture plus axé sur le mid-tempo, l'œuvre s'impose comme l'une des sorties les plus violentes de 2021. Il n'y a guère que le nouveau Concrete Winds hallucinant de virulence pour le concurrencer sur ce terrain miné. Porté par une production sur-puissante sans sonner plastique, un batteur fou qui n'en finit pas de martyriser son kit et un guitariste qui enchaîne les tremolos bouillonnants, les riffs qui cisaillent et les solos slayeriens chaotiques, ce premier album tant attendu de Cambion ne déçoit aucunement. Encore mieux,
Conflagrate the Celestial Refugium se place chez moi tout en haut de la liste des albums death metal parus cette année, celui qui a le plus tourné. Pas que chez moi d'ailleurs vu le nombre de louanges qu'il a pu recevoir depuis sa sortie il y a déjà plus de huit mois. Hormis des riffs qui auraient pu sonner un peu plus sombres et evil, un extrémisme qui aurait pu être poussé encore plus loin (il n'y a jamais assez de blasts !) et une basse qui n'a pas trop son mot à dire à part au début de "Obscuratio", c'est un sans-faute. Un indispensable pour tous les fans éplorés d'Angelcorpse et de death metal intense. Allez, on applaudit bien fort les nouveaux Cambion du monde !
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