Depuis la sortie de sa deuxième démo éponyme parue en avril 2018 et chroniquée en ces pages, on ne peut pas dire que les Américains de Coffin Rot aient particulièrement chômé... Le groupe a en effet sorti un split en compagnie de Molder, une compilation réunissant ses deux premières démos ainsi que quelques extraits live, un album live, un split live VHS en compagnie de Molder et Frozen Soul et surtout ce premier album qui n’est pas de toute première fraîcheur puisque celui-ci est paru en octobre 2019 sur Blood Harvest Records et Rotted Life Records.
Intitulé
Monument To The Dead, celui-ci est illustré cette fois-ci par l’Islandais Þorvaldur Guðni Sævarsson aka Skaðvaldur (Evoker, Hellripper, Koffin, Misþyrming, Naðra, Sinmara, Visceral Mass...) et produit par l’infatigable Charles Koryn (Ascended Dead, Chthonic Deity, Thanamagus, Vrenth...). Ce dernier voit également l’arrivée d’un bassiste à temps plein en la personne de Brandon Martinez-Woodall du groupe de Stoner / Doom Tar Pit. Voilà pour les quelques nouveautés puisque pour le reste, Coffin Rot va ici demeurer fidèle à ce qu’il laissait déjà entrevoir dans le cadre sa précédente démo.
Le postulat ayant servi à conclure ma précédente chronique du groupe il y a presque deux ans reste donc toujours d’actualité ici à savoir :
"Si vous êtes plutôt du genre blasés, préférant passer votre temps à marmonner que le Death Metal est mort au début des années 90 en vous passant depuis en boucle les mêmes classiques, Coffin Rot risque bel et bien de rapidement vous ennuyer. Si par contre vous êtes de ceux capables de vous enthousiasmer pour ce genre de jeunes formations ayant pour seule mission de rendre hommage à ses aînés à travers une musique dépourvue de toute originalité mais alors dégoulinante d’efficacité, je ne vois pas comment vous ne pourriez ne pas tomber sous le charme de Coffin Rot.". Donc non, il n’y a rien d’autre à attendre du groupe de Portland qu'un Death Metal à l’ancienne empruntant autant à Cannibal Corpse qu’Obituary ou, plus récemment, à des formations telles que Necrot et Vastum à qui effectivement il ressemble beaucoup.
Si nous sommes donc ici en terrain connu, ceux qui comme moi ont déjà posé leurs oreilles sur la deuxième démo du groupe le seront probablement encore davantage puisque l’on va effectivement y retrouver les quatre titres de cette dernière bien évidemment réenregistrées pour l’occasion. Alors forcément, au moment de faire les comptes, cela ne nous laisse guère que quatre nouveaux morceaux à nous glisser sous la dent mais n’ayant en ce qui me concerne jamais fait l’acquisition de cette cassette, je suis plutôt content de pouvoir retrouver ces quelques titres ici. Pour le reste, vous l’aurez compris, Coffin Rot poursuit son petit bout de chemin sans remettre quoi que ce soit en question. La production sobre mais définitivement taillée pour le job (du grain, du gras mais pas de superflu inutile) va ainsi apporter d’emblée un certain cachet à l’ensemble (tout en se faisant désormais bien plus puissante qu’auparavant) alors que chaque morceau va jouer la carte de la simplicité et de l’efficacité. Partagé entre accélérations thrashisantes menées à grand coups de tchouka-tchouka entrainants ("Intro - Compremesis" à 1:28, "Saw Blade Suicide" à 0:25, "Miasma Of Barbarity" à 0:18), de passages éclairs bien plus soutenus conduits par des blasts explosifs ("Forced Self-Consumption" à 1:37, les débuts de "Necrotized" et "Mechanical Separation") et de séquences mid-tempo au groove particulièrement redoutable ("Intro - Compremesis" à 3:01, l’excellent "Forced Self-Consumption", "Mechanical Separation" à 0:19),
Monument To The Dead jouit d’une excellente dynamique capable ainsi de tenir l’auditeur éveillé tout au long de cette petite demi-heure et ainsi éviter l’ennuie d’une formule trop répétitive. À cela va s’ajouter une riffing simple mais suffisamment bien ficelé pour espérer convaincre, quelques leads et autres solos mélodiques bien sentis ("Intro - Compremesis" à 2:09, "Miasma Of Barbarity" à 3:01, "Incubation Of Madness" à 2:36...), un growl plus arraché que profond et des ambiances sombres et putrides qui, à l’image de cet artwork sanguinolent, puent le caveau humide. Il est également à noter les participations brèves mais remarquées de Dustin James de Church Of Disgust et Aaren Pantke de Molder venus ici pousser la chansonnette le temps d’un titre ("Miasma Of Barbarity" pour le premier) ou bien de quelques lignes de chant plus brèves mais tout aussi sympathiques ("Incubation Of Madness" et ces fameuses intonations rappelant monsieur John Tardy pour le second). Bref, tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un album de ce genre.
Marchant dans les pas de l’excellente
Coffin Rot (avec toutefois une production de bien meilleure qualité), le groupe de Portland nous offre avec
Monument Of The Dead un premier album des plus solides et cela en dépit de sa relative simplicité et de son approche très scolaire. Il faut dire que derrière un cahier des charges respecté à la lettre, on trouve tout un tas de morceaux diablement efficaces et surtout plus variés qu’il n’y paraît. Du blasts, du tchouka-tchouka, du groove, d’excellents solos, des ambiances de mort à couper au couteau... Bref, une petite demi-)heure bien remplie qui saura faire son office parmi tous les amateurs de Death Metal à l’ancienne qui n’en n’ont jamais assez.
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