Fêtant cette année ses dix ans d’existence BODYFARM aura mis du temps pour devenir un combo à suivre, car tel un diesel son début de carrière a commencé tranquillement d’abord avec le sympathique et prometteur « Malevolence », avant que le décevant et mollasson
« The Coming Scourge » ne fasse l’effet d’une douche froide, le faisant ainsi repartir presque de zéro. Loin de se laisser abattre il a fait de cette déception une force et est revenu plus motivé que jamais, résultat un troisième opus excellentissime intitulé
« Battle Breed » où ses créateurs semblaient avoir enfin trouvé la bonne formule musicale. Malheureusement il faut croire pour eux que rien n’est jamais acquis ni facile, car alors que ce quatrième album venait d’être mis en boîte on apprenait le départ avec effet immédiat du chanteur-guitariste Thomas Wouters pour cause d’ennuis de santé non-précisés. Si l’avenir du groupe a été incertain quelques temps le trio restant décida de continuer malgré tout et d’assurer les concerts prévus pendant l’été avec l’intérimaire Remco Kreft (SOULBURN), en lieu et place de son frontman historique, en attendant de lui trouver un remplaçant définitif. En effet les choses allaient s’accélérer dans le mauvais sens, car après avoir annoncé que son leader ne réintégrerait finalement pas la formation on se disait que les choses n’étaient pas fameuses pour lui et que son état semblait particulièrement grave. Hélas ce qui était redouté tomba comme un couperet le 6 août dans un communiqué où ses acolytes annonçaient le décès de leur ami à l’âge de trente et un ans des suites d’un cancer, faisant ainsi de cette attendue galette une sortie posthume à la saveur particulière.
Pourtant il faut faire abstraction de ce contexte afin de rester objectif pour cette chronique, car ce disque bien que très agréable va se révéler être en dessous de son prédécesseur malgré des qualités nombreuses. En effet on va avoir régulièrement l’impression d’une certaine routine dans l’écriture à cause de certaines compos jouées en pilotage automatique, et d’une rythmique globale basée majoritairement sur la vitesse, et dont on aurait apprécié que ses géniteurs lèvent plus souvent le pied. Dès le départ le tempo va être effectivement élevé pratiquement en continu, tout d’abord via l’ultra-classique et efficace « Dreadlord » qui ne s’embarrasse pas de futilités et reste appuyé sur le champignon presque en permanence (le temps juste d’y ajouter quelques cassures et de ralentir l’allure pendant une courte période), tout comme sur le très court « Rites Of Damnation ». Plus direct et radical ici l’énergie générale est poussée plus loin encore via de longs blasts histoire d’augmenter encore la pression, d’ailleurs pour continuer sur la même lancée « Manhunt » va être lui-aussi redoutable et rentre-dedans, mais voit également l’apparition en son centre de parties mid-tempo remuantes à souhait et hyper agréables, bien calées entre les deux rafales de déferlantes. Après ce premier tiers plus que réussi « Woods Of Dismay » confirme les bonnes dispositions des bataves car il compile tout ce qui a été proposé jusque-là pour mieux les mélanger, et servir ainsi de bon résumé pour montrer toute la patte technique de ceux-ci. Si jusque-là tout s’est déroulé sans forcer et sans accrocs on a néanmoins remarqué que les riffs et patterns de batterie finissent par être relativement similaires, donnant du coup une sensation d’interchangeabilité un peu dommageable (même si tout ça est suffisamment attractif pour qu’on se laisse embarquer). Preuve en est avec le très bon « We Sailed To Head » épique à souhait grâce à un rythme plus posé où l’explosivité est moins mise en avant, ce qui donne du coup envie de headbanguer et de partir attaquer son ennemi entre deux variations bien senties.
Mais après cela la suite va être plus clinique et scolaire, preuve en est avec « The Horseman » et « Unholy Resurrection » loin d’être ratés mais moins captivants et surtout plus répétitifs, vu qu’ils se contentent de reprendre ce qui a été déjà fait sans chercher plus loin. Pourtant arrivé au dernier tiers de ce long-format l’oreille va de nouveau être en alerte car cette baisse de régime n’était heureusement que passagère, il suffit d’écouter le surprenant et accessible « Angelreaper » pour en être convaincu. Plus lourd et massif que ce qu’on a entendu jusque-ici il montre aussi une facette moins brutale et légèrement mélodique (même quand l’entrain repart de plus belle), sans pour autant perdre en agressivité, à l’instar de la doublette de fin qui pointe le bout de son nez. Celle-ci va dévoiler la facette la plus radicale du quatuor et va à coup sûr cartonner sur scène, que ce soit via le très Punk « Faces Of Death » (dont l’intro à la basse montre qu’on n’est pas là pour rigoler) expéditif au possible et tout en puissance, et le déchaîné « Undead Warmachine » qui donne envie de se dandiner tout en ne ralentissant jamais l’allure.
Cette conclusion menée à cent à l’heure termine les hostilités de la meilleure des façons et bien que conservant sa trame de base ose sortir légèrement jeu des sentiers battus, et ainsi se faire plus extrême dans son contenu. Car malgré ses imperfections et répétitions cette nouvelle livraison reste cependant de très bonne tenue, tant elle reste accrocheuse et fluide sur la durée, surtout quand les gars baissent un peu en intensité. Pas aussi parfaite que la précédente elle bénéficie quand même de vrais bons moments attractifs et d’une énergie à toute épreuve, du coup elle figurera sans peine dans le haut du panier d’une discographie désormais mature et éloignée des erreurs de jeunesse des débuts. A voir désormais ce que les néerlandais nous réserveront dans le futur et s’ils arriveront à surmonter la perte de leur frontman, l’avenir nous le dira sans doute relativement rapidement.
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