Within The Ruins - Halfway Human
Chronique
Within The Ruins Halfway Human
Ah Within The Ruins… Petit plaisir honteux et caché depuis la découverte de
Creature en 2009. Enfin pas vraiment, leur discographie est chroniquée par votre serviteur sauveteur sur votre webzine préféré. Huit ans plus tard et malgré un style en perte de vitesse (concurrence Sumerian Records ou leur dernier méfait
Phenomena), la recette metalcore/deathcore aux mélodies « 8 bits » (qui vous feront ressortir votre récente Nes Classic) et rythmique désarticulée sous perfusion Meshuggah ne bouge quasiment pas d’un iota ou presque ici. Pour cette cuvée 2017, les Américains passent chez les Teutons de Long Branch Records (sous-label de SPV) pour la distribution européenne (eOne pour les US) et recrute un nouveau bassiste qui exposera un nouvel aspect de Within The Ruins.
Si vous avez déjà découvert les premiers extraits de ce
Halfway Human, vous savez que Within The Ruins a franchi une ligne et pas n’importe laquelle pour le genre, celle du chant clair… « Honte », « vendu », « gay »… Les messages virulents ont fusé dans les commentaires YouTube et sur le Facebook du groupe. A l’instar d’un Veil Of Maya qui aura lui aussi succombé, on prépare dès lors le disque comme projectile pour son chien Pitou. Les premières écoutes seront plus dubitatives et pourtant le bassiste grand gaillard (contraste avec son chant clair) arrive à tenir notre attention et curiosité. D’une part car il ne vient qu’en soutien au reste de la musique (le mixage allant dans ce sens) et que ses lignes de chant sont souvent justes (et cela sans effet), arrivant à dégager quelque chose presque « émotionnelle ». Et cela globalement dans une certaine limite, sans trop de pathos ou de mièvre pour chagrin d’amour teenage. « Beautiful Agony », « Objective Reality » (rappelant le défunt Scarlet) ou « Treadstone » arrive à plutôt bien fonctionner, chaque intervention étant juxtaposée à un déluge de notes « midi », de rythmes « pieuvre » ou des hurlements du frontman. Présent sur les trois-quarts des morceaux de l’album, oui forcément certains passages en auraient pu être dispensés (comme « Sky Splitter »).
Pour le reste Within The Ruins fait du Within The Ruins mais monte encore d’un bon cran dans le travail de composition et la rythmique « Gilles de la Tourette ». On a beau connaître le refrain depuis presque dix ans, on bougera sa nuque comme un demeuré dès l’ouverture « Shape Shifter » (final au trémolo frissonnant et son « Everything is fine! » pour enfoncer le clou), « Absolution » ou « Ivory Tower » (meilleur titre à mon sens). La batterie « mécanique » sied toujours parfaitement au style, démonstration des talents « extrêmes » du musicien sur la brutale up-tempo « Bittersweet » (un des titres les plus « rentre dans le lard » du groupe). L’écoute demeure ainsi plaisante (production aidant) mais démontrera une musique relativement inégale, outre des morceaux assez quelconques (« Death Of The Rockstar » et « Sky Splitter » notamment) la bande du Massachusetts commence à perdre en inspiration dans son style usé jusqu’à la moelle. On retrouvera même des rallonges sur l’habituel morceau instrumental « Ataxia IV » qui démarre en trombe pour finalement s’essouffler à mi-parcours. De facto du réchauffé mais toujours relancé par un passage touchant/rentre dedans comme sur les conclusions de « Incomplete Harmony » ou « Bittersweet » (solo poignant évitant l’astiquage de manche). La touche progressive que l’on pouvait entrevoir sur les précédents opus reste encore malheureusement très discrète, ce n’est pas pour cette fois.
Même conclusion que pour son aîné
Phenomena,
Halfway Human fait le job mais tire une nouvelle fois la recette deathcore mélodique « breakbeat » presque à sa limite et cela sans de réels hits. Within The Ruins se rattrape sur des compositions carrées nettement plus fouillées que sur leurs précédents travaux et une saveur « émotionnelle » à affiner. Contrairement à certains commentaires acerbes, l’apparition du chant clair pourra rebuter au premier abord mais arrive à se fondre dans la musique et ajoutera une légère touche de fraicheur, point important pour un style qui commence à tourner en rond.
| Mitch 15 Mars 2017 - 1098 lectures |
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