Tu as de sérieux tics moteurs et tu ne peux t’empêcher de jouer à la Game Gear ? Within The Ruins, maître incontesté de la nouvelle scène « Sumeriancore » mélo-technique à la rythmique dystonique, rempile un an et demi déjà après son troisième album
Elite. Pas vraiment un « rush » à vrai dire, leur dernier travail en date étant sorti plusieurs mois en retard suite à la recherche d’un label (après leur départ de Victory Records). Le line-up d’
Elite reste le même ici, Joe Cocchi demeure encore une fois le seul guitariste. Point intéressant de ce nouvel opus, il se base sur des personnages de l’univers des Comics (DC et Marvel) : Batman, Watchmen, Sin City, Spiderman, Wolverine… Tim ira d’ailleurs jusqu’à utiliser quelques répliques de ces héros. Ou comment draguer encore plus de teenagers sociopathes américains ? Pas faux…
Des ados boutonneux qui auront besoin de pas mal de neurones si ils souhaitent analyser le boulot rythmique de
Phenomena. Within The Ruins pousse encore d’un cran le curseur « Gilles de la Tourette » larguant même la concurrence sur cet aspect (After The Burial compris). Attention aux nerfs coincés, une rythmique ultra syncopée à la précision chirurgicale où le mixage met désormais mieux en valeur la batterie. Les passages à la double pédale prennent toute leur ampleur. Le père Joe Cocchi (tête pensante) continue avec sa guitare sept cordes croisée à une Game Boy : riffs saccadés encore plus typés « musique midi de jeux vidéo 8 bits ». Non répugnés par la chose, certains passages restent carrément jouissifs, je pense à « The Other » (1:21 ou le Theme D de Tetris), « Enigma » ou le final « Streets Of Rage special combo » « Ataxia III » (l’habituel morceau instrumental et toujours au-dessus du lot). Quant au frontman Tim, point faible du groupe, il varie d’avantage son timbre avec plus de poussées dans les graves. Du mieux ! Rassurez-vous, toujours aucun chant clair.
Le titre d’ouverture « Gods Amongst Men » (premier morceau dévoilé) annonçait encore un album redoutable (
Elite 2.0), parfaitement calibré : introduction «sursaut », déferlantes de riffs titilleurs, refrain qui vous reste dans la tête, breaks à foison… Malheureusement passé le troisième morceau, notre cerveau commence à lâcher prise. La musique de Within The Ruins tourne en rond et semble moins efficace qu’à l’accoutumé. Notre corps caverneux se regorge peu à peu de sang à l’arrivée du direct « Eternal Shore ». Within Ruins osera ensuite la seule « expérimentation », il s’agit de « Dark Monarch ». Une introduction electro/ambient (à la manière de Born of Osiris) laissant place à l’efficacité qu’on connaît du groupe du Massachussetts. Certainement le titre le plus intéressant de la galette. Quid de ces passages « prog » lancés sur le précédent album ? Il ne se contente que de reprendre les « patterns » moins raffinés d’
Elite. Ce dernier manquait clairement d’originalité certes mais l’efficacité dégagée surpassait le reste de leur discographie.
Phenomena tire lui sur la corde.
Phenomena ravira les adeptes d’
Elite, la recette est strictement identique (production incluse) avec un point d’honneur posé sur la rythmique à la déstructure paroxysmique. Aucune surprise donc mais malheureusement aussi une efficacité en baisse. L’enchaînement de gros hits antérieur reste absent ici. L’inspiration manque et les compositions commencent à devenir trop prévisibles. Néanmoins malgré ses longueurs en milieu de parcours, l’album passe sans réel encombre, certains passages étant imparables pour le genre. L’objectif de Within The Ruins est toutefois réussi mais il va falloir renouveler ou affûter son style pour la suite sous peine de lasser son auditoire.
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