Depuis que
NATTVERD est sur Osmose Productions, je constate qu’ils ont des visuels de pochettes très réussis. Bon, c’est uniquement le deuxième album que les Norvégiens sortent chez le label d’Hervé Herbaut, et en plus un seul était sorti avant eux, chez l’Allemand Darker Than Black Records, mais j’avoue avoir envie de saluer ces belles réalisations. L’album précédent, ce n’était que l’année dernière d’ailleurs. On ne s’attendait donc pas nécessairement à un retour si rapide, surtout que ce n’est pas le projet d’un petit misanthrope plongé dans sa solitude et donc ayant tout le loisir de s’adonner à la composition à un rythme effréné, mais bien celui d’un groupe véritable, composé de 4 âmes. Parmi elles, deux sont là depuis les débuts, depuis 2010 : Atyr (guitares) et Ormr (Chant). Un bassiste les a rejoints en 2018, Sveinr, et depuis 2020 c’est Anti-Christian qui est à la batterie, succédant à trois gaillards partis sous d’autres cieux les uns après les autres. Anti-Christian, musicien de session avant cette promotion, est connu pour son travail au sein de
TSJUDER,
BEATEN TO DEATH ou encore
THE CUMSHOTS. Un batteur qui déchire bien quoi !
Et si les visuels sont soignés, la musique l’est tout autant. Et pourtant ma note de
Styggdom n’avait pas dépassé 7.5/10 ! Il lui manquait un petit quelque chose qui est finalement plus apparu sur ces 8 nouvelles compositions : de la concision. Un coup d’oeil rapide sur la durée des pistes le prouve d’ailleurs tout de suite. Alors que la moyenne des titres de l’album précédent était de 7 minutes, elle est tombée à 5 ici ! Alors comme il y a le même nombre de morceaux au total, 8, on pourrait se dire qu’on a perdu beaucoup de temps de jeu, et c’est vrai que les 42 minutes de
Vandring semblent bien maigres face aux 57 de
Styggdom, mais vu que c’est bien plus pertinent et efficace ainsi, on ne peut qu’approuver. C’est suffisant pour nous mettre la raclée et nous donner même envie d’en reprendre tout de suite un petit coup supplémentaire !
Désormais,
NATTVERD semble mieux maîtriser son art et utiliser ses qualités au maximum. Celle qui le distingue le plus ? Sa capacité à faire un black metal somme toute assez basique mais sachant dévier vers des nuances différentes selon les morceaux, selon les passages. C’est un peu comme une couleur, un vert qui tourne au bleu par moments, au jaune à d’autres. La première piste, « Det bloer paa alt som spirer », est un bon exemple. Il commence sur les chapeaux de roue, rempli de haine et de fureur ultra carrées, nous faisant croire que le groupe allait effectivement se ranger du côté de
TSJUDER. Et alors qu’il se met à flirter avec du BM orthodoxe, il intègre subitement sur sa 5ème minute un riff clair ultra libérateur. Cette sensation ! Comme si le couvercle qui nous appuyait sur la tête avait tout à coup disparu ! Pssssht ! Et le groupe a le talent pour jouer avec les évolutions. C’est ainsi très naturellement qu’il glisse de parties dévastatrices à d’autres très aérées... sans que ce soit non plus systématique. Il arrive donc comme sur « Martyrer av kristus » que la branlée soit ininterrompue, et ce n’est pas un mal, on ne sait donc jamais si un titre va nous manger tout cru ou nous faire cuire un peu avant.
Mais le morceau qui se démarque, et qui pourrait même déplaire à certains puristes, c’est « Naar taaken fortaerer alt ». Il commence évidemment par tabasser sévère, avec un riff accrocheur et toujours cette voix massive imperturbable, mais tout à coup, c’est un break au piano qui vient le couper ! L’instrument qu’on n’attendait pas ! Et qui va rester lorsque les autres réapparaissent. La hargne est alors trempée dans la mélancolie. C’est savoureux ! La frustration vient cependant sur la suite de l’album car il ne reviendra pas. C’est gênant car après y avoir goûté, on est tenté de le retrouver, lui d’autres surprises du même style. Ce ne sera pas le cas... Heureusement le final torturé de "Det visker i veggene" nous fera bien frissonner.
Mais même sans ça, c’est un album très efficace. Le genre de ceux qui se retrouvent dans un top, mais pas non plus tout en haut d’un classement. Il serait tout à fait logique aux portes d’un top 10 par exemple, surtout que le style fait qu’il peut convaincre des amateurs de black de branches différentes. Amateurs de violence, amateurs de mélodies, c’est vraiment pour tout le monde.
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