Plutôt du genre productifs, les Chiliens de Slauggthbath n’avaient pourtant pas sorti de nouvel album depuis 2013 et le très bon
Hail To Fire. Certes, le groupe n’a pas manqué d’être occupé et généreux puisqu'il a tout de même collaboré à la réalisation de quatre splits et concocté également deux compilations particulièrement fournies (notamment
Further Down To The Depths que je traîne dans mes "chroniques en attente" depuis des lustres). Cependant, il était temps qu’ils reviennent aux fondamentaux. C’est chose faite avec la sortie en août dernier via Hells Headbangers Records d’un deuxième album intitulé
Alchemical Warfare.
Produit une fois de plus par Pablo Clares (ex-Athanatos, ex-Magnanimvs, ex-Totten Korps, ayant collaboré avec presque toute la scène chilienne puisqu'on lui doit certaines productions de groupes comme Atomicide, Demonic Rage, Force Of Darkness, Invincible Force, Mortem ou bien encore Unaussprechlichen Kulten), ce nouvel album est illustré cette fois-ci par le discret Alonso Wiltschek. Le résultat, à mon goût plutôt réussi, ne laisse assurément aucun doute sur les intentions belliqueuses de Slauggthbath ni sur les thèmes abordés tout au long de ce nouvel album.
Fidèle à une ligne de conduite aussi radicale qu’intransigeante, le groupe chilien renoue sans grande surprise avec ce Black bestial qui a fait sa renommée parmi les amateurs du genre. Dans un milieu peu enclin aux changements et aux prises de risques, Slauggthbath s’en tire en premier lieu grâce à une production mêlant à la fois puissance, caractère et grande lisibilité. Certes, l’ensemble manque peut-être un peu d'abrasivité et de ce caractère bancal et crasseux qui faisait, en tout cas à l’époque, le charme de ces groupes sud-américains dont le degré de professionnalisme a d’ailleurs bien évolué mais on ne peut nier l’impact d’une telle production sur ce genre de compositions aussi redoutables qu’impitoyables.
Et si le principal défaut de Slauggthbath a toujours été de proposer des morceaux plus ou moins calqués les uns sur les autres, ceux-ci s'enchaînent cependant avec toujours autant de force, de panache et de véhémence. Un déferlement de violence (derrière ses fûts, le père Negro s’en donne à cœur joie, notamment à coup de blasts et autres séquences particulièrement pimentées) qui fait rapidement oublier ce manque évident d’originalité ainsi qu’une certaine linéarité au profit d’une puissance de feu sans pitié. Ainsi, outre cette production servant à juste titre le propos des Chiliens et cette sauvagerie qui anime chaque seconde (ou presque) de ce nouvel album, Slauggthbath s’en tire également une fois de plus grâce à l’efficacité de ses riffs pourtant toujours aussi simples et primitifs. Un jeu largement orienté Black/Thrash qui rappellera à certains le meilleur des Australiens de Nocturnal Graves (notamment la période allant de
Satan’s Cross à
...From The Bloodline Of Cain) dans ce qu’il a de plus redoutable et efficace. De "Ritual Bloodbath" à "Resuscitated By Immortal Scorn" en passant par "Alchemical Warfare", "Amulet Of Carnage" ou "Celestial Overthrow", il est clair que le bien nommé P. Skullshredder n’est pas là pour faire de la figuration, balançant à la face de l’auditeur ahuri ses riffs vicieux et concis et ses quelques solos chaotiques avec une intensité qui frise l’hystérie.
Pourtant on note, par bribe, quelques digressions mélodiques visant à entretenir l’atmosphère morbide ou faisant tout simplement preuve de davantage de retenue (le début de "Cavern Of Misanthrophy", le plus modéré et très chouette "Rejoined Into Chaos" avec ses faux-airs de Watain, les premières mesures d'"Ascension To The Dragon's Throne"). On ne parlera donc pas d’évolution, celles-ci étant trop brèves pour être considérées comme telle. Néanmoins, outre le fait qu’elles ne sont pas sans se faire remarquer, ces dernières apportent également un soupçon de nuance intéressant à la formule distillée avec exemplarité par les Chiliens.
Pour ce deuxième album sorti six ans après un
Hail To Fire ayant ici reçu bonne presse, Slauggthbath n’a bien évidemment rien changé de sa formule, continuant d’asséner avec la même haine et la même intensité ce Black Metal sauvage aux relents Thrash évidents. La seule petite différence avec son prédécesseur vient de cette production limpide qui semble encore avoir gagné un peu en coffre. Pour le reste, c’est plutôt bonnet blanc et blanc bonnet ce qui, personnellement, me va évidemment très bien. Destiné à un public bas du front qui aime se taper sur la tête plutôt que discourir au sujet des multiples facettes que peut revêtir le Black Metal en 2020, ce nouvel album de Slaughtbbath ne manquera pas de faire son petit effet. Aussi bien sur les gros balaises du premier rang que sur les plus fragiles au fond de la salle.
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