En musique, il y a les grands groupes, ceux qui ont marqué au fer une scène ou un style par des disques novateurs et excellents. Il y a aussi les petits groupes, ceux qu'on aimerait voir plus connus qui, sans changer quoi que ce soit, correspondent tellement à ce qu'on recherche qu'ils prennent une place privilégiée dans notre esprit. Et il a ceux où, vraiment, on ne sait pas, si ce sont des grands petits ou des petits grands, tant leurs mixtures personnelles évoluent loin des canons actuels, fermés au monde, mais jamais trop loin du génie.
Horn of the Rhino est de ceux-là. La formation menée par Javier Gálvez semble n'avoir que faire des questions d'évolution ou innovation qui encombrent nos têtes, une justification à dire qu'un album trop similaire au précédent nous parle moins. Non, les Espagnols ne se sont pas mis au metal progressif ou au drone avec
Summoning Deliverance. Ils restent cette bête au territoire bien circonscrit, entre metal extrême et élans rock renvoyant à une pléthore d'autres entités mais qu'on retienne ceci : comme les plus féroces dominateurs, les créateurs de
Weight of Coronation tiennent toujours à ce que le sol qu'ils foulent restent LEUR sol. Et personne n'est prêt à leur revendiquer.
Peut-on en vouloir à Horn of the Rhino devant cette maîtrise dont
Grengus n'était qu'un exemple au sein d'une discographie sans faille ?
Summoning Deliverance est une nouvelle preuve de la main-mise du trio sur le terrain des musiques lourdes et sensuelles, où le masculin est la conjugaison première. Aucune raison d'être fatigué de leur orgie entre death, doom et rock à l'écoute du brûlot « Exvenhstench » où les Espagnols se font macabres et frontaux, destructeurs comme les monstres envahissant l'artwork (signé Nick Keller) de ce cinquième album.
Une illustration qui est un indice car s'il serait exagéré de parler de changement, la bande se montre ici sous son versant le plus death metal, donnant à ses culbutes une atmosphère de soufre et de nuit éternelle apportant un léger plus à cette nouvelle œuvre par rapport à celles la précédant. Plus une accentuation de ce qui pouvait déjà se ressentir dans ses essais antérieurs qu'une véritable nouveauté, ce raffinement ne dérange en rien la virilité exacerbée qu'aime transmettre Horn of the Rhino. Ainsi, la quasi-ballade « Deliverance Prayer » n'est pas là pour plaire aux minettes mais bien asseoir le mâle comme Roi, tant elle exsude une luxure, un charme ténébreux et menaçant faisant hérisser le poil d'un homme entrant avec peur dans le domaine d'un autre, bien plus puissant que lui.
Fier gardien de l'ultrametal, Horn of the Rhino continue de tabler sur ses plus beaux attributs, à commencer par la voix de Javier qui n'a jamais paru autant en verge qu'ici. Renouant avec la gouaille de
Breed the Chosen One, le leader offre ici sa performance la plus mémorables entre cris affolés, sanguinaires (« Grim Foreigners » ; « Builder of Carrion Effigies »), et lignes de chants clairs enivrantes (« An Excess of Faith »). Personnelles et pourtant « metal » jusqu'au bout, ses vocalises restent, malgré de nombreuses rencontres, d'une puissance d'évocation qui envoie ces dix compositions (plus une piste cachée, située en soixante-sixième partie) loin du médiocre.
Pourtant, il est nécessaire de prévenir que cette heure risque de ne pas plaire à ceux ayant connu et adoré Horn of The Rhino avec
Grengus. Moins rapide et directement prenant que son aîné,
Summoning Deliverance table davantage sur la durée longue, un temps d'adaptation étant nécessaire pour assimiler ses virages entre titres bourrins et sulfureux et fausses accalmies plus séduisantes. Le tout pourra sembler au départ moins ravageur. Il n'en est rien, les Espagnols n'ayant pas perdu leur aura si particulière en créant des morceaux plus travaillés qu'auparavant. Ils ont simplement affermi leurs lignes, augmenté leurs traits déjà terriblement fermes et durs dans une chirurgie glauque où la nécrose des accents death metal ne fait qu'ajouter du charisme au trio.
Plus que jamais expert dans l'art de se sentir homme, Horn of the Rhino signe avec
Summoning Deliverance un nouvel autel où ses amateurs trouveront à s'agenouiller, en secret, à milles lieux des autres lieux de culte plus affriolants car dans l'air du temps où défilent d'autres fanatiques. À chacun ses idoles. La mienne devient de plus en plus celle-ci, bellâtre, acrimonieuse et toujours en haut de la chaîne quand il s'agit de pratiquer ce rituel particulier de poser ses couilles sur la table. Merci et à bientôt les gars, je suis sûr que votre prochain album, sans rien changer de votre personnalité, sera au moins aussi bon !
12 COMMENTAIRE(S)
10/04/2017 14:15
10/04/2017 13:45
A la fois lourd, planant et terriblement addictif il est le testament d'une formation passée bien trop inaperçue
17/09/2015 21:44
03/10/2014 06:37
Via Doomentia : http://www.doomentia.com/releases.html
ou en contactant le groupe par mail à hornoftherhino@yahoo.es (ils sont un peu lents à répondre).
J'ai pris mon exemplaire chez doomentia et je ne suis pas déçu !
02/10/2014 22:20
18/09/2014 01:15
17/09/2014 20:37
17/09/2014 19:57
17/09/2014 19:51
17/09/2014 19:09
17/09/2014 18:49
Et je détrompe donc le mobilier suédois : j'adore GRENGUS et celui-là m'a l'air yummy.
17/09/2014 09:40