Horn Of The Rhino - Weight Of Coronation
Chronique
Horn Of The Rhino Weight Of Coronation
Des fois, Dieu montre du doigt un groupe et dit : “Toi, tu vas en chier”. Rhino peine à se faire un nom avec deux albums pourtant bien reçus que déjà il doit en changer suite à des démêlés judiciaires. Il opte pour Horn Of The Rhino et sort son troisième rejeton mais hé, vie de merde, la promotion de ce dernier vient des mois après sa sortie !
Au moins, le côté pas pressé et le patronyme (ancien comme nouveau) ne trompent pas sur la marchandise : du sludge thrashy estampillé « ministère de l'Homme » avec un batteur tribalo-neurosien qui pèse sur ses toms autant qu'il groove et des guitares looouuuurdes qui suintent la testostérone pas propre sur elle. Tu penses à High On Fire ? Tu penses bien ! Mais par rapport à la bande à Matt Pike, les espagnols jouent plus la carte du dégoulinant que de la chevauchée sauvage. Le côté épique est laissé au chant, version crasseuse de l'ex-chanteur d'Alice In Chains Layne Staley avec quelques intonations de désespéré qui m'ont rappelé le groupe de doom anglais Warning. Une voix aussi typée qu'envoutante, que ce soit dans l'invocation ou la rage, poussant les compositions vers le haut.
Parce qu'à côté, ça s'étale un peu trop à mon goût. Les morceaux sont souvent longs (une bonne partie dépasse la barre des sept minutes), le rhino trainant sa corne lors de plans… légèrement plan-plan (la passe-partout « Throats In Blood »). Pas mauvais pour autant, mais l'introductif « Speaking In Tongues » et le titre éponyme s'embourbent dans des riffs trop proches les uns des autres pour convaincre. Heureusement, les espagouins cultivent un goût pour la frappe bien placée et n'oublient pas de relancer la machine avec une politique de la terre brulée qui empêche l'assoupissement, voire captive l'oreille (« Mass Burial Punishment »). Les mélodies grasses s'autorisent même un feeling 70's allant parfois jusqu'à l'emphase virile sponsorisée orgue Hammond, à l'image de « Sovereign » (du chocolat chaud maison, chargé et doux au palet !). Rien que les trois morceaux concluant le disque valent le coup d'oreille, où les musiciens se sortent les doigts pour pondre des riffs franchement bandants, allant de l'antipelliculaire « Southern Beast » (où ça bourre tellement que j'ai pensé à Entombed) au vicieux « Crucked And Dragged To The Swamp » et sa guitare acoustique qui met des canyons dans les yeux. Et malgré des passages inégaux, il a du charme le salaud, en partie grâce à son côté pas prise de tête, fatigué mais pas fatiguant, et un son mammouthesque écrase-gueule. Tu te surprends à l'écouter régulièrement, sans risque de rhinopharyngite (hop), alors que leur timidité à sortir des sentiers balisés pourrait faire penser le contraire.
Cinq morceaux qui ne niquent pas ta mère mais écrasent quand même ton chien et un trio final qui encule ta sœur et ta tante avec toi qui prend plaisir à reluquer. Pas mal, et avec des vocalises de catégorie A sauvant des guitares lorgnant vers la série B, ça donne un bon album qui saura faire son chemin vers ta platine. En conclusion, Horn Of The Rhino ne détrônera pas ton Blessed Black Wings mais si tu as encore de la place dans le ventre après Snakes For The Divine, nul doute qu'il se remplira joyeusement avec ce Weight Of Cojones euh… Coronation.
| lkea 28 Septembre 2010 - 2304 lectures |
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | je le réécoute par ta faute, et en fait il a beaucoup moins mal "vieilli" que je le craignais un peu, il est sacrément bon - le seul légèrement en-deçà, au moins jusqu'à réécoute, est Dead Throne Monarch à mes yeux |
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07/03/2012 16:27