Je ne vais rien vous cacher, les deux précédents albums de Bodyfarm m’ont plongé dans une profonde léthargie (rangés aussitôt), un peu de mal à comprendre cette popularité en pente ascendante (outre des chroniques pas vilaines, le groupe enchaîne les gros festivals extrêmes)… Et pourtant, le premier teaser de
Battle Breed dévoilé (le morceau « The Dark Age ») épaulé de maître Van Drunen (Asphyx, Hail Of Bullets, ex-Pestilence) pour le chant lyrique change la donne. Mais c’est que leur death metal ancré « seconde zone » fait son effet dites-moi ! Et étonnamment le soufflé ne retombe pas complètement sur la suite de la galette. Deux ans après
The Coming Scourge, les Bataves reviennent (soutenus par un nouveau bassiste) pour un troisième album sous le crayon de l’habituel Juanjo Castellano.
Pour cette cuvée 2015, Bodyfarm atténue son death metal primaire old school tout en laissant une place importante aux influences « directes » de Stockholm (Dismember en particuliers, l’introduction de « Dawn Of Defeat » ressemblant trait pour trait à celle de « Under A Bloodred Sky »). Il suffit de débuter l’écoute par le réenregistrement bonus « Slaves Of War » (issu de leur EP éponyme de 2010) pour comprendre l’évolution. Leurs frères d’armes (épaulé de deux membres de God Dethroned)
Winter Of Sin (grosse découverte l’année dernière) ont certainement dû inspirer leur transition mélodique, Bodyfarm pioche ainsi dans le death/black mélodique suédois du milieu des années 90 (Unanimated, Eucharist, Edge Of Sanity, Gates Of Ishtar…), ils savent comment me combler. Riffs glacials simples mais foutrement accrocheurs comme à la belle époque : le hit « The Dark Age », « The Last Crusade », « Prince Of Wallachia » (estampillé No Fashion Records) ou « Wolfpack » permettent de retenir enfin notre attention. Les guitaristes n’ont d’ailleurs rien de manchots, chaque titre ayant droit à son joli lead. Les compositions paraissent quant à elles plus affûtées et « carrées » avec notamment quelques surprises, le break casse nuque de « Storming Revolution » (1:55 « Go ! ») risque de faire des ravages en concert (le clip le prouve).
Le socle virulent demeure tout de même. La production du Enhanced Audio Productions (Aeon, Centinex, Sorcerer) met en valeur les riffs épais (l’ombre Gorefest) et la double pédale sans finesse. Les paroles guerrières ne bougent pas d’un iota : « Dawn Of Defeat » (« Protect the king ! »), « Storming Revolution » (tel un Johnny d’Unleashed), les virées gutturales du refrain de « Wolfpack » et évidemment l’imparable « The Dark Age » (Van Drunen est grand). Il n’est pas le seul invité, on retrouve étonnamment aussi Clemens Wijers (Carach Angren) pour l’introduction symphonique « Hell March » majestueuse. Dommage qu’il n’apparaisse que sur ce titre. Les tares antérieures ne sont pas pour autant effacées, le groupe a toujours du mal à égaler le mid-tempo (riffs et ambiance) de leurs gourous Hail Of Bullets (comparaison inévitable) et Asphyx, on notera quelques moments de flottement sur « Firing Squad » ou « Death By Fire » entres autres mais globalement l’écoute reste plutôt fluide, je reste agréablement surpris.
Oui Bodyfarm fait du recyclage, mais il le fait plutôt bien. Oui
Battle Breed ne marquera en rien les esprits mais soulagera vos pulsions pendant près de 45 minutes (non sans quelques à-coups). Un death metal entendu des centaines de fois mais désormais accrocheur et efficace, a fortiori par rapport à leurs précédents opus assez soporifiques. Objectif atteint pour les Néerlandais. Il manque encore malgré tout un brin de personnalité et d’efficacité afin que le groupe puisse se détacher de la concurrence. Attendons la suite.
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