Drawn And Quartered tire son nom de l'expression populaire
hung, drawn and quartered qui désignait l'horrible châtiment réservé aux traîtres en Angleterre du XIIIème à la fin du XVIIIème siècle. Les coupables étaient pendus en place publique (
hanged, plus communément
hung aujourd'hui), retirés de l'échafaud encore vivants, traînés jusque chez le boucher (
drawn), leurs boyaux et testicules arrachés (
(with)drawn aussi selon les versions), la tête coupée et leur corps coupés en quatre (
quartered). Ainsi, comme Brodequin ou Iron Maiden, Drawn And Quartered fait référence aux pratiques tortionnaires du Moyen-Age, une époque malheureusement révolue où l'on savait se débarrasser comme il se doit des indésirables. Mais de haute trahison, le gang de Seattle ne pourra pas être accusé tant il reste fidèle au Death Metal avec un grand D sur ce quatrième album,
Hail Infernal Darkness, sans doute ce qu'il a fait de mieux avec l'intouchable
Extermination Revelry.
Une fidélité incarnée à nouveau dans le line-up qui reste inchangé depuis 2002, dans le studio utilisé puisque le quatuor satanique s'est une nouvelle fois rassemblé à l'Autopsy Room, dans le label Moribund Records qui soutient la troupe depuis ses débuts, et dans l'artwork magique de Gabriel T. Byrne qui a su encore parfaitement capter l'essence de la musique des Américains entre noirceur, beauté, sadisme et menace. Et bien évidemment, dans sa musique. Aucune révolution à attendre de Drawn And Quartered qui se contente de faire ce qu'il sait faire de mieux mais toujours en proposant suffisamment d'évolution pour éviter de se répéter. D&Q poursuit donc dans la direction qui est la sienne depuis le début c'est à dire toujours plus brutale et plus sombre. Pour ce faire, Burke & Cie se sont offerts leur meilleure production à ce jour, à la fois puissante, lourde et agressive, comme quoi on peut bénéficier d'un gros son sans sonner plastique et sans âme comme la plupart des groupes de brutal death moderne. Du pur bonheur notamment pour le batteur Dario Derna, très généreux en blast-beats. Ca blaste et ça double-pédalise très souvent et avec cette batterie sur-mixée, je peux vous dire que c'est un putain de rouleau compresseur! Dommage cela dit qu'elle couvre un peu le chant grave et intelligible à la Ross Dolan de Herb Burke. Mais croyez-moi, la queue reste plaquée au bide pendant les quarante minutes de ce
Hail Infernal Darkness ultra jouissif !
Si la batterie radicale de Derna contribue pour beaucoup au caractère addictif de l'album, elle n'est bien sûr pas la seule raison de sourire niaisement en bavant. S'il suffisait en effet de blaster à tout va avec un kit mis en avant pour pondre un chef-d'œuvre, Hour Of Penance serait le meilleur groupe de tous les temps. Ici, la brutalité omniprésente s'accompagne d'excellents riffs qui ont ce petit goût de reviens-y qui manque tant aux groupes d'aujourd'hui, comme savait le faire Morbid Angel. Et à ce niveau, l'enchaînement des trois derniers titres "Escape To Cremation" (rha ce riff d'intro blasté, je ne m'en remets toujours pas!), "Bind, Torture, Kill" (qui a éteint la lumière?!) et "Nightghoul Of The Graveyards" (si le début ne vous glace pas le sang c'est que vous êtes déjà mort !) est purement génial. On pourra citer aussi un "Suffer A Traitor's Fate" bien obscure, un "Blood Of A Million Martyrs" hypnotique ou le morceau éponyme "Hail Infernal Darkness", carnage de bout en bout. Et le tout est comme d'habitude emballé dans une atmosphère des plus sombres et evil à la Immolation. C'est d'ailleurs sur
Hail Infernal Darkness que l'influence des New-Yorkais se fait la plus forte.
Afin d'accentuer cette aura diabolique, D&Q a plus que des riffs rapides et dark et des paroles à la gloire de Lucifer à nous offrir. Harmoniques sifflées utilisées à bon escient ("Suffer A Traitor's Fate") et breaks ambiancés au tempo plus pesant ("Procession Of Pain" à 4'16 avec la basse ronflante de Greg Reeves qui se permet une échappée solitaire, "Genocide Advocacy" qui se fait bien menaçant à partir de 1'40 ou l'excellent "Throne Of Desolation (Befouling The Scriptures)", le titre le plus modéré de l'album en laissant un peu de répit à nos pauvres oreilles violentées) nous sont entre autres proposés au programme. Un programme dont une des principales attraction reste la lead de Kelley Kuciemba, l'un des guitaristes death metal les plus talentueux de ces dix dernières années. L'Américain a toujours fait ressortir de sa mixture fuligineuse un peu de lumière par le biais de soli et leads mélodiques qui donnent ce côté "beauté défigurée" à la musique. Encore plus présent, le travail sur les leads se fait aussi plus chaotique, plus torturé qu'à l'accoutumée, tout en gardant une part suffisante de mélodie pour nous hanter. Et quand Kuciemba revient à des mélodies plus construites, ça le fait aussi. Le final de "Nightghoul Of The Graveyards" par exemple, lent et presque apaisant, est simple mais accrocheur en Diable.
Drawn And Quartered tape dans le mille encore une fois et prouve, si besoin en était, qu'il fait partie de cette race d'élite qui a tout compris au death metal. Album après album, sans la reconnaissance qu'il mériterait, le groupe enfonce le clou et tape toujours plus fort. Véritable hymne à la destruction, au chaos et aux ténèbres, orgie de blast-beats et de riffs dévastateurs,
Hail Infernal Darkness porte la marque des grands, de ceux qui savent créer une véritable atmosphère et manier de main de maître l'art de la mélodie sinistre sans montrer aucune pitié. Voilà pourquoi D&Q a une place toute particulière chez moi. Et puis en plus, c'est toujours Drawn And Quartered que j'écoute quand je sors mon chien, alors forcément…
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