En voilà un groupe complètement négligé, notamment en France. Je ne vois d'ailleurs que leur éloignement géographique - le groupe est basé à Seattle, loin des scènes new-yorkaise, californienne, floridienne ou texane - pour expliquer ce mystère. Car formé en 1992, Drawn & Quartered fait partie des vieux de la vieille et n'a pratiquement sorti que des albums excellents. Pratiquement oui parce que s'il y a un faux-pas dans la discographie presque parfaite des Américains, c'est bien ce premier album intitulé
To Kill Is Human.
On ne retrouve en effet ici pas grand chose de ce qui fera le charme de D & Q, à savoir un festival de blast-beats et les riffs sombres mémorables de Kelley Kuciemba grâce à un aspect mélodique sournois, ainsi qu'une ambiance du feu de Satan. La voix gutturale et haineuse de Herb Burke, ses paroles mêlant gore et anti-religion et la peinture de Gabriel T. Byrne (non, pas le Dean Keaton de
Usual Suspects!) en pochette sont les seuls ingrédients traditionnels déjà présents. C'est plutôt à une ébauche, à une version plus crue et limitée du gang de Seattle qu'on a affaire ici. Il faut dire que
To Kill Is Human a débarqué il y a dix ans et que la plupart des onze compositions qui l'infestent figuraient déjà sur la démo éponyme de 1996. Mais même en se remettant dans le contexte, l'opus reste bien moyen.
Le défaut le plus flagrant de la bête: la production. Alors d'accord l'album fête ses dix ans cette année et ok, le combo l'a sorti en indépendant (distribué par Moribund Records, le label local plutôt typé black metal par la suite pour qui ce sera son premier client). M'enfin quand même! Les guitares manquent cruellement de puissance et de profondeur et la batterie, déjà en carton, se retrouve noyée dans le mix. Quand en plus le batteur, Matt Cason, est aux fraises (écoutez le lutter sur "Open Mind" vers 2'30 pendant la partie rapide où on finit par ne carrément plus l'entendre!), il ne faut pas s'attendre à des miracles.
A la rigueur, on peut passer outre une production bancale (cf.
Breeding The Spawn), mais les morceaux ne rattrapent rien. C'est bien du death metal old-school classique, le rythme est très souvent rapide (sans blast-beats toutefois à part quelques traces sur "Ministry Of Torture" ou "Carnal Copulation"), les riffs sont sombres et méchants mais le tout manque de percussion et de véritable accroche. Gros problème aussi au niveau de la diversité. Très peu de changements de rythme, la rythmique rapide majoritaire est presque toujours la même. Pour les riffs, c'est la même histoire, le ratio riff/morceau étant trop faible. Résultat: près de la moitié des titres font moins de 3 minutes avec un record pour "Carnal Copulation" à 0'46. En morceau death ultra court et brutal, on préfèrera largement le "Blissful Bloodshower" d'Incantation. Des compositions torchées à la va-vite et sonnant démo amateur, voilà l'impression générale que nous laisse ce
To Kill Is Human. Un opus qui manque également d'une vraie ambiance. Il y a bien quelques ralentissements plombés pour le coup réussis ("Machete Bloodbath", "Open Mind", "Punishment Of Burning Torment", "Mangled Beyond Recognition" et surtout "Implements Of Hell", l'un des meilleurs titres) qui amènent de la lourdeur mais on reste loin du compte. Les 2-3 ébauches de solo mal branlées et finalement inutiles ("Open Mind", "Christian Extinction", "Punishment Of Burning Torment") n'y changeront rien.
Si j'ai mis 5/10 toutefois, c'est qu'il y a quand même de bonnes choses. A part les passages lents et lourds plus dark sur lesquels Drawn And Quartered s'en sort bien mieux que les séquences accélérées, on trouve effectivement quelques riffs très corrects et des mid-tempi headbangants classiques mais efficaces. La voix de Herb, gutturale mais compréhensible et parfois bien mise en avant (
Opeeeeeen), est jouissive et quelques rythmiques entraînantes viennent un peu nous sortir de notre léthargie. On notera aussi le titre "Broken On The Wheel" de loin la meilleure piste du bestiau avec son riff légèrement mélodique comme on aurait aimé en trouver plus sur la galette. Un peu léger mais ça évite le four complet!
Il est clair que
To Kill Is Human n'est pas l'album que je conseillerais pour s'acoquiner avec Drawn & Quartered. Le 1er full-length du combo de Seattle est logiquement le plus raw, le plus old-school, le plus primitif et le moins mélodique de ses disques. Ce qui aurait pu être une bonne chose s'il n'était en même temps le moins nspiré, le moins percutant et le moins marquant. Un album moyen et sans réel génie qui fait tâche dans sa discographie sans cela exemplaire. Et si
To Kill Is Human a quand même quelques bons côtés, on reste loin de ce que deviendra par la suite D & Q, soit la meilleure alternative à Immolation et Incantation. Qui aurait pu penser en effet que les Américains sortiraient quatre ans plus tard le chef-d'oeuvre
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