Moins moderne que Decapitated, plus modeste que Behemoth, mais presque aussi ancien qu’un certain Vader, Lost Soul n’a très certainement pas la notoriété de ses compatriotes. Et pourtant, après plus de 20 années passé à manifester pour des décibels à 3 chiffres, le groupe a jugé bon de remercier ses quelques fans les plus ardents avec cette rétrospective de sa carrière qui tient dans un sublime double digipak avec liner notes s’il vous plait. Etudions de plus prêt la bête :
CD1 : « Genesis » :
Premier volet de la compilation qui contient pas loin de 16 titres pour plus de 60 mn de Death Metal : en substance le groupe a ici réenregistré ses deux premières démos (« Eternal Darkness » et « Superior Ignotum ») ainsi que quelques titres emblématiques des premiers albums sortis sur Relapse puis Osmose Productions. On trouvera également deux surprenantes reprises, une version accélérée de « For Whom the Bells Tolls » de Metallica et une plus classique « Spitfire » de Prodigy. Concernant les deux premières démos du groupe, il est intéressant de se remettre dans le contexte de l’époque (début des années 90) : le Death Metal était en plein essor, mais n’avait pas encore atteint le seuil de maturité qu’il a outrageusement dépassé depuis. Il faut donc garder cela en tête, ainsi que l’âge relativement jeune des membres de Lost Soul, lorsqu’on s’intéresse à leurs premiers enregistrements : très classiques dans l’esprit, et oscillant entre Death et Thrash, Lost Soul avait déjà cette science du riff qui fait mouche, certains titres étant mémorables dès la première écoute (en premier lieu « Eternal Darkness » qui est la tête d’affiche des set lists du groupe ces derniers temps) ; Jacek indique dans les notes du livret que son petit préféré est « Back Forerunner », et en effet la multiplicité des tempos et des riffs fait passer un bon moment, même si l’on pense beaucoup à Vader à l’écoute. La production, gonflée à bloc met en avant la section rythmique et ne plaira pas à tous, car très « moderne », notamment au niveau de la batterie avec une double juste omniprésente. Notons le retour bienvenu d’un chant ultra caverneux, là où Jacek avait déçu sur « Immerse into Infinity » avec un chant plus hurlé que véritablement DM ; ça manque juste d’un peu de modération sur la réverb’. Est-ce que je vous ai précisé que les paroles de la première démo étaient intégralement en Polonais ? Voilà qui rajoute un cachet supplémentaire de brutalité, car cette langue n’a ici rien à envier au langage des Uruk-Hai. Les titres de
« Scream of the Mourning Star » et « Ubermensch – Death of God » sont un peu moins recommandés si l’on connaît déjà Lost Soul car les originaux étaient déjà proches de la perfection, mais ils constituent un prolongement bienvenu de la première période du groupe et permettent d’atteindre aisément l’heure de Death Metal. Une fois les saignements d’oreilles terminés, j’ai constaté que j’avais passé un sacrément bon moment avec ce disque, qui met l’accent sur la période purement DM de Lost Soul, moins technique et du coup plus digeste que ce vers quoi le groupe tend aujourd’hui. Notons pour finir que la cohérence de la tracklist est brisé par la présence d’un titre du dernier album, le surprenant « If The Dead Can Speak » qui apparaît sans explications particulières entre les deux démos, et a lui aussi été ré enregistré. Si musicalement il n’y a pas de différences notables, on appréciera une nouvelle fois que Jacek revienne à un timbre de voix plus rauque que l’original.
CD 2 : « Lords of Endeavours » :
On ne va pas se mentir, ce second CD fait vraiment office de bonus ultime pour le fan hardcore. En effet, on y retrouve les deux démos du groupe, mais cette fois ci en version originale, et donc avec un son qui a maintenant 20 ans (plus naturel tu meurs pour le coup). Toute la candeur d’une adolescence passer à manger des Frosties à la vodka se manifeste dans l’interprétation un brin malhabile qui permet de saisir le chemin parcouru depuis 2 décennies. Mais c’est aussi l’occasion d’écouter deux titres de « Superior Ignotum » qui n’ont pas été re enregistrés, dont ce surprenant instrumental athmosphérico-acoustique (« Ill Imaginations ») et ce plus classique titre faisant référence à Tolkien, passage obligé de tout groupe qui se respecte (« Moria »). On zappera donc rapidement cette redite un brin trop nostalgique et malhabile à mon sens, pour s’intéresser aux différents lives qui closent ce disque : le son est tout simplement excellent, et couvre la plupart des meilleurs titres du groupe (« My Kingdom »). C’est donc un bonus conséquent (une nouvelle heure) qui vient s’ajouter à un album déjà généreux en contenu ; que je n’oublie pas en parlant de bonus de vous parler des liner notes, qui dans un très joli livret regroupent les paroles (en Polonais donc, si vous avez suivi) des démos et quelques commentaires de Jacek, entre deux pages de photos d’époques : on regrettera de n’apprendre qu’extrêmement peu de choses pertinentes sur les titres, Jacek nous répétant à l’envie ses influences dont on se serait douté et son amour de la Chrétienté (une affirmation fausse s’est glissée dans cette phrase, sauras-tu la dénicher ?)
CD3 : « Y’en a pas, mais c’est pour respecter ma structure »
Conclusion donc…en substance je ne vais que répéter ce que chaque chronique d’exercice de ce genre suscite comme réflexions : idéal pour découvrir le groupe, indispensable aux fans hardcore, sympatoche pour les autres. Choisissez votre camp. Plus sérieusement, c’est quand même de Lost Soul dont l’on parle ici, un groupe qui maîtrise son DM sur le bout des doigts : attendez vous donc à du haut niveau, qui peut réellement valoir le coup d’ajouter cette rétrospective à vos prochaines écoutes, si vous aimez le Death Metal dans toute sa splendeur. Et en plus, c’est zoli entre les mains (pour les crétins comme moi qui achètent encore des CDs). Bonne écoute.
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