Quasiment un an après la sortie de l’Ep
« Thy Messenger » revoilà déjà les vétérans Polonais avec cette fois-ci leur nouvel (et douzième) album, qui fait suite à plusieurs excellents crus depuis le début de la décennie. On l’a beaucoup dit et répété mais depuis la sortie du monstrueux
« Welcome To The Morbid Reich » en 2011 et l’intégration du tentaculaire Spider à la guitare, il y’a eu comme un vent de renouveau autour de Peter qui doit désormais se surpasser pour tenir la distance avec celui-ci. Qu’elle semble loin en tout cas la période post-Doc et les errements des décevants
« The Beast » et
« Necropolis », et ce « Solitude In Madness » va continuer dans la même voie que ses prédécesseurs, avec encore une fois la qualité au rendez-vous. Cependant ici le quatuor a décidé d'opérer un léger retour en arrière, aussi bien au niveau de la brutalité que de la production, car ce nouvel opus est tout simplement le plus court (légèrement en dessous de la demi-heure) depuis le furibard
« Litany » sorti il y'a déjà vingt ans. En effet ici points de longs morceaux comme on pouvait en trouver sur les précédentes livraisons, vu qu'aucune compo ne dépasse les quatre minutes montre en main, le groupe privilégiant une violence directe et exacerbée propre à ce qu'il proposait au début de ce nouveau millénaire, le tout avec un son plus organique et moins travaillé que précédemment, vu qu'il a décidé de se passer des services des Hertz Studios où il avait enregistré toute sa musique depuis l'Ep
« The Art Of War » en 2005. Si cette décision n'est pas liée à une brouille avec les frères Wieslawscy, Peter a avoué récemment regretter les nombreux effets présents sur les guitares, et vouloir revenir ainsi à une certaine sobriété chose qui est ici le cas avec le rendu proposé par Scott Atkins et son fameux Grindstone Studio.
Du coup avec tout cela les conditions étaient totalement réunies pour réentendre du pur VADER à l'ancienne, et de ce point de vue là on n'est absolument pas déçu surtout lors du démarrage mené à fond les ballons où la triplette « Shock And Awe », « Into Oblivion » et « Despair » ne va laisser aucun survivant sur son passage. Car ici on a droit à trois titres ultra-courts et primaires où la vitesse et le tabassage ne cessent quasiment jamais (et ne s'effacent qu'en de rares occasions), afin de privilégier le côté bas du front à la place d'épopée plus longues et thrashy, qui ont su se faire une place lors des dernières livraisons du combo. Pourtant celles-ci sont loin d'être absentes ici vu qu'on les retrouve dans la foulée via d'abord l'excellentissime « Incineration Of The Gods », particulièrement remuant et propice au headbanging via un riffing typiquement Thrash et une rythmique en raccord qui ne cesse de monter et descendre en pression, afin d'aérer l'ensemble et de proposer une des meilleures plages de cette galette. Si au contraire « Sanctification Denied » casse un peu cette bonne dynamique à cause d'un côté plan-plan mollasson et peu inspiré, il s'agira cependant de la seule erreur de parcours de ce cru 2020, vu que sa deuxième moitié va être du même niveau que la première.
Continuant sur le pendant "moderne" de la bande « And Satan Wept » et « Emptiness » vont garder ces relents thrashisants du plus bel effet, porté par des changements de tempos nombreux et même quelques plans Heavy sur les solos toujours aussi inspirés. Si Peter et Spider ont parfois tendance à user et abuser des mêmes leads (au côté interchangeable) il faut bien reconnaître que ceux-ci s'accordent à la perfection, et ont sent que les deux acolytes se complètement à merveille sachant comment faire sonner leurs guitares selon le type de son proposé. Cela se retrouve une fois encore via les explosifs et radicaux « Final Declaration » « Dancing In The Slaughterhouse » et « Stigma Of Divinity » qui font office de suite à la triplette initiale, vu qu'on y retrouve ces longs passages blastés joués à deux-cent à l'heure qui décapent les oreilles les plus bouchées et se montrent là-encore particulièrement soignés et redoutables, malgré un classicisme affirmé et assumé par ses créateurs. Mais pour finir de façon plus élaborée et moins primitive les anciens nous balance leur compo la plus longue et travaillée intitulée « Bones » où l'on retrouve ce versant des derniers disques en date où le mid-tempo est plus marqué, porté par un côté légèrement épique des plus agréables typiquement Vaderien, qui clôt ainsi un long-format à cheval sur deux époques et particulièrement réussi.
S'il est indéniable qu'il n'apportera rien de plus à sa discographie pléthorique ce nouveau chapitre fait néanmoins partie du haut du panier, ne souffrant pas de baisses d'attention ni de fautes de goût, tout en se maintenant dans la lignée de ce qui a été proposé lors de ces dernières années. De toute manière on n'attend rien de révolutionnaire de la part de ses géniteurs, juste qu'ils nous montrent ce qu'ils savent faire de mieux et dans ce domaine leur patte reste reconnaissable entre mille, et fait toujours plaisir à entendre quel que soit le moral du moment. Il fait peu de doutes en effet que certaines des compositions présentes ici trouveront facilement leur place sur scène, domaine de prédilection de son frontman depuis plus de trente ans, qui arrive à maintenir son vaisseau en haut de l'affiche malgré le temps qui passe et les péripéties endurées, un exploit en soi et une preuve de son acharnement vu qu'il n'a jamais lâché l'affaire, pour le grand bonheur de ses fans, récents comme historiques.
5 COMMENTAIRE(S)
08/06/2020 16:11
"The Empire", bien que moins féroce (et j'aime, quand c'est féroce), trouve davantage grâce à mes yeux que ce petit dernier, qui bien que bas du front comme nous l'aimons, me semble assez fade côté riffing.
Mais tant mieux si d'autres l'apprécient, et longue vie à Vader.
06/06/2020 17:57
06/06/2020 13:34
05/06/2020 19:10
04/06/2020 21:58