Traitez-moi de fou mais j'ai un sixième sens. Pas celui de voir des gens morts, celui de sentir à l'avance qu'un album ne va pas me plaire. Ce nouveau Drawn and Quartered sorti le mois dernier sur Krucyator Productions, par exemple, je ne le sentais pas du tout. Pourquoi, alors que D&Q pour les intimes fait partie de mes groupes de death metal préférés, que je fais manger les Américains à la même table que Incantation et Immolation avec lesquels ils partagent le podium du dark death catégorie séniors ? Parce que l'album précédent,
The One Who Lurks, sans être une catastrophe, m'avait déçu. Un nouveau batteur au jeu et au son détestables, principalement. Une inspiration en baisse dans l'ensemble, aussi. Et je ne voyais pas comment le trio de Seattle pouvait rectifier le tir sur
Congregation Pestilence, puisque Simon Dorfman fait toujours partie de la formation. Il y a certes cette pochette superbe et ce titre alléchant évoquant à la fois des dieux grecs et des légendes bataves qui pouvait donner quelques espoirs. Mais je n'y croyais pas une seconde.
En fait, j'étais loin du compte. Le résultat s'avère encore plus décevant que ce à quoi je m'attendais.
Congregation Pestilence, c'est
The One Who Lurks en pire. Les mêmes défauts, exacerbés. Ceux qui avaient adhéré à l'opus précédent pourront donc s'en satisfaire. En ce qui me concerne, je suis triste, énervé et dégoûté de trouver ce nouvel album de Drawn and Quartered limite inécoutable. Pourtant, rien n'a changé. Le combo pratique toujours son death metal noir de chez noir assez bestial, sorte d'Immolation en plus brutal et cru. "Blast-beats" à foison (les guillemets sont importantes, on y reviendra !), rythmiques thrashies, ralentissements malveillants, tremolos sinistres, leads tourmentées et solos chaotico-mélodiques perçants l'obscurité, harmoniques sifflées, growl sépulcral et monotone terrifiant, le tout instaurant une atmosphère soufrée particulièrement dark et implacable (ça pue le Mal !). On reconnaît sans peine le style de Drawn and Quartered et le jeu de guitare du maître à penser Kelly Kuciemba. Il a peut-être juste introduit un peu plus de dissonance. Non, ce n'est pas ça le problème. Le problème, du moins le plus flagrant, c'est à nouveau le batteur. On questionnera déjà le placement de la plupart de ces instruments trop en avant dans le mix (quoique ce n'est pas forcément un problème si on réécoute le jouissif
Hail Infernal Darkness) ainsi que le son trop mécanique et compressé. Aucune nuance dans les toms, entre autres. Mais soit, on a déjà entendu plus synthétique. Je ne pardonnerai par contre pas son jeu d'une platitude abyssale sans aucun feeling et son incapacité à balancer des blast-beats corrects. Dorfman me rappelle ces deux batteurs qui avaient participé à la reformation live d'Angelcorpse et m'avaient gâché la fête en se montrant incapables de reproduire les blasts dévastateurs de John Longstreth ou Tony Laureano, sans parler du reste. Dorfman en fout partout mais ça tape dans le vent. Dès que ça bourre, ça ne ressemble à rien, pas aidé non plus par cette mise en valeur peu judicieuse dans le mix et une production globale assez crue tout à fait adaptée au style à la base mais qui en devient brouillonne. Les batteurs qui savent blaster pourtant, il y en a une tripotée ! Incroyable que ce qui constituait un des points forts du groupe avec l'excellent Dario Derna devienne depuis deux albums sa plus grande faiblesse. Mon Satan ce que je peux le regretter le Dario !
Alors oui, je fais souvent une fixette sur la batterie, c'est un peu une obsession chez moi. On ne plaisante pas avec les sacro-saints blast-beats ! Cependant, si je tape volontiers sur le batteur, pour moi le plus gros souci de ce
Congregation Pestilence, on ne peut pas non plus tout lui mettre sur le dos. Au-delà de la batterie et de l'absence de vrais bons gros blast-beats des familles, force est de constater la claire baisse d'inspiration de Kuciemba dans les riffs. On a même parfois l'impression qu'il se contente de bourdonnements, de "buzzsawing" que de vrais riffs sur les parties rapides. Encore une fois, la production brouillonne n'arrange rien et il faudra plusieurs écoutes avant de pouvoir tout discerner (et encore !). Deux-trois riffs mid-tempos m'ont aussi fait un peu tilter. Pas mauvais mais trop "dansants" pour le style pratiqué.Et puis, ré-enregistrer quatre titres de la démo dispensable de 2016
Proliferation of Disease ("Proliferation of Disease", "Dispensation (Rise of the Antichrist)", "Six Devils (Trepanation)" et "Rotting Abomination (The Cleansing)") sur neuf morceaux soit presque la moitié de titres non inédits, cela ne s'apparente pas vraiment à une démarche ambitieuse.
Font-ils au moins quelque chose de bien ici, mes anciens chouchous ? Oui ! Dans le marasme ambiant, on pourra tout de même trouver quelques éclairs qui, sans se mettre au niveau de la formation à plein régime, nous rappelleront au moins pourquoi on l'appréciait. En fait, cela passe beaucoup mieux dès que le tempo ralentit. Là où le batteur ne fait pas trop tâche et que l'on distingue tout correctement. On pourra citer l'ouverture de "Oblivion Pilgrimage" ou quasiment tout le titre de clôture, le lancinant "Congregation Pestilence", de très loin la meilleure piste de l'œuvre, entre autres parce que c'est justement la plus lente. Au moins, on termine sur une bonne note ! Leur point commun outre le tempo ? Le jeu en lead de Kuciemba. Même si ses solos ont un peu trop tendance à se ressembler, ils constituent toujours un des atouts principaux de Drawn and Quartered, une partie importante de son identité, des mélodies à la fois classieuses et perverses. Et dans l'ensemble, la musique des Américains dégage toujours ce côté ultra sinistre, malsain, malfaisant et barbare que j'affectionne tant. Néanmoins, est-ce que j'écoute Drawn and Quartered pour les séquences lentes ou quelques fulgurances solitaires ? Non, je l'écoute pour le tout. Et ça, ils me l'ont enlevé. Voilà pourquoi je ressens autant de colère et d'amertume. Je ne prends aucun plaisir à tirer à boulets rouges sur un groupe pour lequel j'ai le plus grand respect. J'étais comme un gosse quand j'ai pu les voir lors de leur premier et unique concert en Europe au NRW Deathfest en 2019, même si le batteur de session n'avait lui non plus pas été à la hauteur. J'exprime juste la vérité. Ma vérité, du moins. Car j'ai pu lire beaucoup de louanges ici et là sur ce
Congregation Pestilence. Tant mieux pour le groupe et son label français. Ils n'ont pas besoin de moi après tout. Et moi je n'ai plus besoin d'eux quand il existe des Dead Congregation et des Deiquisitor. De toute façon, il me suffit de réécouter le triptyque magique
Extermination Revelry /
Return of the Black Death /
Hail Infernal Darkness ou plus récemment
Feeding Hell's Furnace (le dernier opus avec Dario Derna ...) si je veux le meilleur de Drawn and Quartered. C'était quand même autre chose que cette bouillie. La déception de l'année, sans aucun doute.
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