Cannibal Corpse - Evisceration Plague
Chronique
Cannibal Corpse Evisceration Plague
Evisceration Plague est le onzième album studio de Cannibal Corpse (si on ne compte pas la pelleté d'EP, coffrets, live et autres best-of). Qui aurait pu croire qu'un groupe serait capable d'avoir suffisamment de ressources pour trainer ces guêtres pendant 20 années dans un genre aussi extrême? Qui aurait pu croire à la fin des années 80 que la formation serait un des fers de lance de la scène, à promouvoir la poésie la plus raffinée appuyée par une imagerie jugée à l'époque comme une des plus nauséabondes. Évidement les choses ont changé depuis ce temps, que ce soit pour le public qui commence à avoir l'habitude des bonnes grosses pochettes bien gorasse illustrées par des textes d'un goût des plus douteux (pour peu qu'on comprenne les paroles, chose qui n'est plus du tout assurée maintenant) mais aussi pour le quintet de Tampa dont le parcours musical reste remarquable avec des albums ayant donnés leurs lettres de noblesse au genre death-metal.
Evisceration Plague succède donc au sobrement intitulé Kill, ce dernier n'ayant certainement pas adoucis les critiques vis-à-vis du groupe. Une chose est claire : les personnes abhorrant le groupe depuis le départ de Chris Barnes ou depuis n'importe quel album post-Bloodthirst se rassurent, il y a toujours autant à critiquer sur Cannibal Corpse si ce n'est même plus qu'avant.
Vous brûlez des cierges chaque dimanche à la messe pour que Paul Mazurkiewicz varie son jeu ? Voilà pourquoi il vaut mieux se lever à midi le jour du Saigneur car notre bon Paulo reste sur ses positions, c'est à dire assis derrière son kit à claquer toujours les mêmes rythmiques usées jusqu'à la corde depuis un bon bout de temps. Ces blasts caractéristiques « tout en même temps » sont toujours là, quoique beaucoup moins présents que sur Kill et malheureusement mis en relief (si je puis dire) par LE son du moment : made in Mana Studio comme celle du dernier méfait d'Hate Eternal. Donc pour la foire aux blast-beats ça passe encore, mais pour Paulo ça rajoute un côté franchement mou à l'album.
Vous espériez que Cannibal Corpse puisse faire autre chose que du Cannibal Corpse, ou même qu'il daigne sortir quelques ossements des sentiers battus? Autant se l'enfoncer dans le crâne à coup de pioche : Cannibal a fait, fait toujours et fera encore longtemps ce qu'il sait faire. C'est vrai après tout, pourquoi changer une recette qui marche? L'avis des détracteurs ne changera donc pas d'un iota lui aussi, quant à ceux, et ils sont nombreux, appréciant le groupe quoiqu'il arrive ils pourront se rendre compte que l'album a perdu en sauvagerie mais a gagné en efficacité. Il est vrai que certains passages manquent de folie, on voudrait que Paulo s'excite la tignasse derrière sa caisse claire en balsa plus souvent, on aimerait un peu plus d'accélérations effets «hystérectomie avec une bêche de jardin » comme il y en avait sur Kill. Les compositions restent parfois un peu trop sages à des moments où une hausse de la cadence donnerait du punch à l'ensemble.
On perd en barbarie ce qu'on gagne en solidité, grâce au Môssieur Rutan qui sur cet album a mitonné un son de guitare aux petits oignons. Notre bien-aimé webmaster qui décollait du papier-peint ces derniers temps (et si d'autres personnes sont lasses de se taper tout le travail avec du matériel Bosch), aurait dû acheter cet album car les guitares aurait bouclé la tâche en trois coups de cuillères à pot. Gigantesquement énorme, rugueux et puissant, la paire O'Brien/Barrett fait des ravages, propre comme à l'accoutumée, les riffs mordants contrebalancent le manque de rythme élevé et que dire des bons passages bien écrasants si ce n'est qu'ils remplissent à merveille leur rôle de moment pour headbanger à se détacher les vertèbres. On retrouve la lourdeur qui a fait son retour sur Kill avec même quelques sonorités glauques à la Gallery. Le basse-batterie est d'une solidité à tout épreuve, Alex « doigts tentaculaires » Webster n'est jamais bien loin dans le mixage et fournit une fois de plus un travail remarquable.
Donc même si Paulo est fatigué, l'album passe vite et plutôt bien. On sent que le groupe aurait besoin d'un petit coup de ventoline, mais heureusement les américains démontrent qu'ils maitrisent toujours à merveille les structures plus alambiquées, notamment sur le titre clôturant l'album. Le contenu reste très homogène avec tout de même ces petits tubes imparables comme « To Decompose » ou encore le titre éponyme qui malgré sa simplicité évidente, ne manquera pas de faire violemment secouer quelques tignasses dans les chaumières.
Evisceration Plague se situe dans la même grosse veine cave que Kill et renoue avec une musique un peu plus lourde (ou lourdingue si vous détestez toujours le groupe), plus efficace avec une approche plus frontale. Le talent des musiciens reste toujours impressionnant, spécialement pour Corpsegrinder qui signe une prestation vocale une fois de plus admirable. On regrettera par moment le manque de punch de l'ensemble (pas facile avec une caisse claire en boite de camembert) et qu'on devine quelques passages à des kilomètres mais tout bon fan du groupe ou amateur de death-metal bien gaulé saura y trouver son compte. Quant aux autres, je pense que le groupe vient de leur répondre de la manière la plus appropriée qui soit : en restant fidèle à ses convictions, tant que la flamme brûle.
| Scum 2 Mars 2009 - 4248 lectures |
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