Plus tout jeune, ce témoignage scénique d’un CANNIBAL CORPSE parvenu à l’apogée de son style avec
« Bloodthirst » (1999) rappelera à jamais à votre serviteur de bons vieux souvenirs de biture en haute montagne. En effet, quoi de mieux qu’une 1664 congelée à même le torrent puis sifflée à 2300 mètres d’altitude sur fond de brutal death ? Si d’infortunées marmottes en gardent encore quelques séquelles, le combo roteuse + raréfaction d’oxygène fait sans doute plus d’effet qu’un tampax imbibé de vodka enfoncé dans le derrière (nouvelle marotte des kids, après le binge drinking et l’absorption de whiskey par les yeux !). Rétrospectivement, c’est également un des skeuds qui m’a fait franchir le pas vers un death metal plus froncièrement sauvage et bourrin que celui auquel j’étais bercé jusqu’alors (OBITUARY, MORGOTH, DEATH).
Toutes considérations personnelles mises à part, si l’on observe la courbe de carrière des Américains, c’était le bon moment pour sortir un live en forme de best-of tant la setlist, prévisible mais difficilement critiquable, regorge de classiques (ici dépoussiérés par le biais d’une production chaleureuse signée Colin Richardson). 18 titres extraits de deux concerts très proches (à Milwaukee et Indianapolis) faisant la part belle aux premiers albums du groupe, même si la période Corpsegrinder n’est pas délaissée pour autant. On passera assez vite sur l’interprétation des « Libérant l’assoiffé de sang », « Collection d’humains morts », « Je vais te tuer » et autres « Galerie du suicide » (toujours un régal de traduire les paroles de Canniboule, c’est là qu’on se rend compte de l’absolue crétinerie de la chose), toutes légèrement inférieures aux versions studio, encore que « Massacre à la torche vive » se défende franchement pas mal. Non, ce qui remue autant les intestins qu’une bonne vieille raclette entre ours des cavernes, c’est le ravalement de façade dont bénéficient à plein les perles de
« The Bleeding » : une « Fixant à travers les yeux du mort » où George sort le bleu de chauffe, la sentencieuse « Déshabillée, violée, étranglée » aux paroles toujours aussi délectables et surtout « Baisée avec un couteau », évidemment dédiée à toutes les putains de filles dans la salle et sur laquelle la basse d’Alex Webster claque comme jamais.
On embraye avec des moments de grâce dont seul CANNIBAL CORPSE a le secret (« This next song is about shooting blood out of your cock ! »), le quota de groove débilitant étant assuré par les formidables « A Skull Full Of Maggots » -
que j’ai longtemps traduit par « Une école pleine de vers », allez savoir pourquoi ! - , « Covered With Sores » et surtout « I Cum Blood », sur laquelle les
grooo grooo de George "Diplodocus" Fisher font merveille. Entre trois blastouilles de Paulo et la surenchère de riffs d’un duo Owen/O’Brien vendangeant gentiment quelques solis, les cris du public viennent rappeler à quel point un concert de Canniboule reste un grand moment d’hystérie collective comme seul le foot peut nous l’offrir. OM vs PSG = Corpsegrinder vs Barnes ? Si les puristes de la première heure regretteront de ne pas retrouver le Bob Marley zombifié de SIX FEET UNDER derrière le micro, George va calmer tout le monde sur les deux extraits de
« Vile », la monstrueuse « Rongé par la vermine » et une « Souffrance Perverse » qui rompt un tant soit peu avec la routine de compos versant allègrement dans la violence gratuite. Quasiment que l’ultra-calorique (manque juste « Pounded Into Dust » pour que la vache soit plus folle), une date de parution idoine qui nous épargne de pénibles extraits des faiblards
« Gore Obsessed »/
« The Wretched Spawn » et un pot pourri tout indiqué pour qui n’a pas envie de se farcir l’intégrale du cadavre cannibale. C’était le bon plan old school de la semaine, trouvable à vil prix chez les receleurs habituels.
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