On se rappelle tous avec nostalgie de ses 1ères fois. 1er vélo, 1er flirt, 1ère bière, 1er coït, 1er meurtre...et bien sûr 1er album de death. C'est avec une forte et sincère émotion que je reviens ainsi sur ce
Gallery Of Suicide de Cannibal Corpse, l'album qui m'a irrémédiablement fait pencher du côté obscur de la Force, il y a 8 ans (* ravale un sanglot*)...
La lumière est venue à moi par le biais du sampler d'un hors série extrême du magazine Hard Rock (celui que dedans y'a même un super message trop bien de Dani Filth!). Le menu était plus qu'alléchant: du Angel Corpse, du Impaled Nazarene, du Gloomy Grim, du Septic Flesh et surtout, ce 3ème morceau, "I Will Kill You", d'un certain Cannibal Corpse. Une espèce de larsen crescendo qui lance un déferlement d'une brutalité dont je ne soupçonnais même pas l'existence jusqu'alors: voilà qu'en à peine 5 secondes, j'étais devenu un bourrin. "Maman, maman, tu m'amènes à Belle Epine, faut qu'j'achète un CD?". Ouais bon, un bourrin, mais pas encore un homme!
Je l'apprendrai plus tard en faisant plus ample connaissance avec les fans et la discographie des anthropophages,
Gallery Of Suicide, leur 6ème album, est le mal-aimé de la famille, le vilain petit canard. Pas qu'il soit complètement différent de ses frères, Cannibal Corpse n'a après tout jamais trop dévié de sa ligne de conduite, mais il met à jour quelques "innovations". Sans doute la raison pour laquelle cet opus n'est souvent pas bien considéré, alors qu'il recèle pourtant de très bonnes choses.
Et notamment cette ambiance particulière, à la fois oppressante, lourde, sournoise et malsaine. Ce genre d'atmosphère était déjà perceptible sur les plus vieux albums mais là, elle dégage quelque chose de différent, moins gore, mais plus morbide je dirais. En tout cas je ne la retrouve que sur cet album. Celà est sans aucun doute dû aux tempos plus lourds qu'a adopté le groupe. Comprenez-moi bien, la plupart des morceaux de
Gallery Of Suicide sont rapides ("I Will Kill You", "Dismembered And Molested", "Blood Drenched Execution", "Headless" et surtout "Disposal Of The Body", 1'50 de boucherie ultra jouissive!) mais le groupe s'essaye aussi à des rythmiques plus lentes et pesantes, un peu à la manière du "Bloodlands" de
Vile mais en plus poussé. 2 morceaux incarnent bien cette volonté: "Gallery Of Suicide" et son intro lancinante, oppressante et bien sûr le gigantesque instrumental "From Skin To Liquid", monument de lourdeur menaçante avec son riff interminable inédit pour du Cannibal. La production massive (Morrisound oblige!) renforce d'ailleurs bien ce côté pachydermique. D'autres originalités bienvenues parcourent l'album, comme les cassures rythmiques de "Unite The Dead", le riff presque jumpy (!) de "Headless" à 1'38 et 2-3 autres riffs ("Gallery Of Suicide" à 2'20 et "Stabbed In The Throat" à 2'02 notamment) peu communs sur un album de la formation culte.
Au delà de ça, on retrouve les ingrédients habituels de la mixture Canniboule. A savoir des morceaux efficaces, brutaux et bien en jambes soutenus par la dynamique simple (simpliste diront certains et ils n'auront pas tort) de Mazurkiewicz et ses "semi-blasts". On retient aussi la basse râclante logiquement mise en avant (Webster quoi merde!!). De son côté, George "Corpsegrinder" Fisher affirme de plus en plus sa personnalité vocale dont on avait déjà pu admirer les capacités sur l'excellent
Vile et qui aura réussi à faire oublier Chris Barnes, dans un registre certes moins gore et moins guttural, mais plus puissant et plus varié.
Le seul véritable problème de cet album est que s'il renferme quelques tueries ("I Will Kill You", "Disposal Of The Body", "From Skin To Liquid, "Gallery Of Suicide" ou encore "Stabbed In The Throat"), trop de morceaux s'avèrent anecdotiques car répétitifs et ennuyants ("Sentenced To Burn", "Blood Drenched Execution", "Centuries Of Torment", "Crushing The Despised"...). Les Floridiens d'adoption aurait ainsi mieux fait de réduire leur nombre et privilégier la qualité à la quantité!
Gallery Of Suicide n'est donc certainement pas le meilleur album de Cannibal Corpse mais il reste injustement sous-estimé. Une prod' énorme, une légère "évolution", quelques bombes toujours jouées en live, une ambiance oppressante et un "From Skin To Liquid" inoubliable auraient pourtant dû marquer les esprits. La triplette
Butchered At Birth,
Tomb Of The Mutilated et
The Bleeding reste bien sûr inégalée mais c'est toujours avec plaisir que je visite la
Galerie du Suicide, malgré certains titres loin d'être marquants. Et puis c'est mon 1er album de death, alors un peu de respect bordel de merde!
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