Si les Américains avaient fait appel au même fils de pub chargé de promouvoir la L1 sur Canal, ça aurait probablement donné lieu à une séquence mettant en scène un Corpsegrinder hilare derrière un motoculteur, labourant à qui mieux mieux une montagne de cadavres transformés en hachis parmentier. Eh oui, c’est la reprise ! Et force est de constater que malgré trois ans de trêve, cette longue intersaison n'a pas suffi aux vétérans du brutal death pour revenir gonflés à bloc, « Torture » s’avérant rapidement leur sortie la plus insignifiante depuis des lustres. Il faut croire que la perspective de bosser à nouveau sous les ordres d’Erik Rutan n’a pas suffi à remonter le moral de troupes pourtant bien vaillantes lors des saisons précédentes
(« Evisceration Plague » et surtout
« Kill »)!
Lorsque l’équipe, toujours articulée autour du maître à jouer Alex Webster, ne tient pas son rang, il est de coutume d’accuser l’entraîneur de tous les maux mais la production plus naturelle du père Rutan n’est pas en cause. Non, si le spectacle proposé peine à ce point à susciter l’enthousiasme, c’est bien la faute du sacro saint manque d’inspiration et les pauses café ont du être interminables au Mana Recording Studio, tant tout ça transpire l’ennui et le manque de passion à des kilomètres. C’est bien simple, malgré une note d’intention collant peu ou prou à celle du très réussi
« Evisceration Plague » (plus de variations et de mid tempo pour un CC moins monolithique que sur
« Kill »), CANNIBAL CORPSE n’a plus les jambes pour faire le pressing, comme en témoigne ce « Demented Aggression » étonnamment faiblard en ouverture, sorte de « Severed Head Stoning » au rabais qui fait très vite craindre une valise. Heureusement pour les supporters de la cause brutale, « Sarcophagic Frenzy » et ses riffs vicelards rassure son petit monde, « Torture » capitalisant pas mal sur bon nombre de passages thrashy bien efficaces disséminés ça et là. Le meilleur d’une galette essuyant pléthore de temps faibles (« Scourge Of Iron » ou la lenteur incarnée, balayée par le souvenir de « Dead Walking Terror » ou
« Gallery Of Suicide »). Et si la speedée « Encased In Concrete » aide à garder espoir jusqu’à la piste cinq, il n’y a guère que l’intro lugubre de « Followed Home Then Killed » et quelques gris gris techniques d’Alex Webster (le seul à surnager dans ce marasme) sur « The Strangulation Chair » à retenir d’une fin de programme donnant dans ce qu’il y a de plus ordinaire, entre riffs de seconde main et plans usés jusqu’à la corde pour se pendre.
Car entre un George Fisher aussi concerné qu’un troisième gardien et une paire de guitaristes alignant les poncifs comme à la parade (les solis sentent le je m’en foutisme à plein nez), il n’y a pas grand-chose à retenir d’un « Torture » à l’intérêt quasi nul pour qui possède les bien plus redoutales productions précédentes. Lorsqu’on en arrive à regretter les matches nuls
« The Wretched Spawn » ou
« Gore Obsessed », c’est bien qu’il faut changer quelque chose au sein d’une team gagnée par l’usure du pouvoir. Et au petit jeu des pronostics, je mettrais bien une pièce sur le futur transfert d’un Pat O’ Brien déjà prêté (sans option d’achat) récemment à SLAYER, et dont la dernière prestation significative remonte à « To Decompose ». En attendant les grandes manoeuvres, reste un bilan famélique : deux ou trois titres corrects ("Sarcophagic Frenzy", "Encased In Concrete", "Followed Home Then Killed") qui seraient passés inaperçus sur les albums précédents, aucun classique instantané susceptible d'intégrer une setlist digne de ce nom et un surprenant manque de hargne qui frôle la faute professionnelle.
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