Avec
Towards Divine Death affichant plus de soixante dix minutes au compteur auquel a succédé
Demise, un EP fleuve ne contenant qu’un seul titre de près de trente minutes, rien ne laissait supposer que les Finlandais de Lie In Ruins reviendraient à un format bien moins effrayant (qui ne s’est jamais senti découragé au moment de lancer la lecture d’un album de plus de soixante (cinquante ?) minutes ?). C’est pourtant ce qu’ils ont fait avec
Floating In Timeless Streams, troisième album paru récemment sur Dark Descent Records et qui pour le coup n’affiche qu’un tout petit quarante deux minutes seulement. De quoi redonner le sourire à tous ceux restés sur le bas côté à la sortie de son imposant prédécesseur et peut-être même aux autres...
Côté fiche technique,
Floating In Timeless Streams marque l’intronisation officielle de Jussi-Pekka Manner (Corpsessed, Tyranny...) dans les rangs de la formation en lieu et place de l’ancien batteur Jussi Venäläinen. Pour ce qui est de la production, Lie In Ruins s’est une fois encore chargé de l’enregistrement alors que le mixage et le mastering ont été confiés cette fois-ci à monsieur Henri Sorvali de Moonsorrow et Finntroll. Enfin, après un artwork tout de gris pas forcément très engageant malgré ses qualités évidentes, le guitariste Roni Ärling rempile ici avec ses pinceaux pour une oeuvre toujours aussi réussie quoique plus flatteuse, traduisant avec justesse l’atmosphère morne et tristement morbide qui plane tout au long de ce qui est probablement à ce jour le meilleur album de Lie In Ruins.
Car de cette durée désormais contenue découle une certaine dynamique ou en tout cas une impression d’équilibre retrouvé. Un constat qui fait aujourd’hui de
Floating In Timeless Streams un album beaucoup plus évident à appréhender et sur lequel il sera également plus aisé de revenir puisque ce n’est pas l’envie qui devrait manquer. À ma plus grande surprise, c’est l’arme au poing que les Finlandais ouvrent les hostilités grâce à un "Earth Shall Mourn" particulièrement. vindicatif et qui, après deux extraits déjà extrêmement engageants ("Spectral Realms Of Fornication" et "(Becoming) One With The Aether"), a rapidement fini de me convaincre que ce nouvel album serait effectivement un très grand cru. Car si Lie In Ruins ne renie ni sa nature ni ses origines (il reste ce groupe finlandais ayant certaines prédispositions innées pour ce genre Death Metal rampant aux ambiances chargées typique de son pays),
Floating In Timeless Streams fait preuve d’une brutalité et d’une énergie non pas nouvelles, ce serait mentir, mais occupant dorénavant autant d’espace si ce n’est plus que ces séquences plombées et étirées qui caractérisaient en grande partie
Towards Divine Death et surtout, en tout cas jusqu’ici, Lie In Ruins d’une manière générale. Du coup, sans parler dans prendre plein la tronche, ce troisième album se distingue de ses deux prédécesseurs par ces nombreux passages beaucoup plus soutenus lors desquels la formation originaire d’Espoo ne laisse planer aucun doute quant à ses intentions. Des intentions évidemment hostiles et belliqueuses, formalisées à coup de blasts punitifs et particulièrement jouissifs ("Earth Shall Mourn" à 0:32 et 2:51, "Spectral Realms Of Fornication" à 0:22 et 3:51, "(Becoming) One With The Aether" à 0:41, "Descending Further" à 0:37 et 3:03, "Suffocating Darkness" à 0:26), séquences de tchouka-tchouka toujours aussi efficaces et entrainantes ("Earth Shall Mourn" à 0:43, l’entame de "(Becoming) One With The Aether", "Drowned" à 0:29, "Where Mountains Sleep" à 2:23) et autres cavalcades en tout genre.
Lie In Ruins n’ayant pas non plus viré sa cuti, les parties rampantes sont également toujours de la partie. Outre le titre "The Path" qui joue à plein temps la carte du mid-tempo aux teintes Doom évidentes, on va retrouver tout au long de l’album tout un tas de passages contrastants justement à merveille avec ces séquences nettement plus musclées évoquées justement un petit peu plus haut. Une dualité rythmique plutôt bien équilibrée (même si au final
Floating In Timeless Streams semble être l’album le plus direct et brutal de la formation) qui permet de créer une excellente dynamique tout au long de ces quarante deux minutes qui s’écoulent presque trop rapidement…
Si je suis donc particulièrement enthousiaste concernant ce nouvel album ce n’est pas seulement pour cette durée plus mesurée et cet équilibre dynamique qui selon moi leur sied tout de même un peu mieux mais aussi, comme toujours avec Lie In Ruins, pour l’incroyable qualité du travail mélodique effectué. Les leads et autre solos dispensés tout au long de l’album sont assurément l'un des plus grands atouts des Finlandais, de ceux qui font la différence, notamment lorsqu’il est question de personnalité, et permettent aussi à l’auditeur de laisser son esprit vagabonder pendant ces quarante-deux minutes dans ces paysages imaginés par le guitariste Roni Ärling. Des séquences pleine de feeling, capables de vous coller la chair de poule comme celles sur "Earth Shall Mourn" à 2:30 à 4:17 ou les premières secondes incroyables de "Spectral Realms Of Fornication" ainsi qu’à 3:51. Bien entendu, à cela s’ajoute tout un tas d’autres passages et arrangements mélodiques tout aussi convaincants (de cette guitare acoustique que l’on va retrouver à deux ou trois reprises, ces deux interludes instrumentaux, ces nombreux autres solos peut-être moins épiques mais à l’apport mélodique évident) qui à leur manière vont permettre de poser ces délicieuses atmosphères empruntes, un peu à la façon d’Hooded Menace ou de Desecresy, d’une mélancolie hivernale tout finlandaise.
S’il a fallu six longues années à Lie In Ruins pour donner une suite au très bon
Towards Divine Death, ce dernier sera ici tout excusé puisqu’on tient là le meilleur album des Finlandais à ce jour. Dynamique, plus équilibré, parfaitement arrangé et tout cela sans avoir perdu une once de son identité,
Floating In Timeless Streams s’impose sans mal comme une réussite absolument totale. Un sans faute pour un groupe qui devrait par la même occasion réussir à convaincre ceux restés sur le bas côté en 2014 à cause, justement, de cette durée excessive et de cette cadence moins équilibrée.
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