Cannibal Corpse - Kill
Chronique
Cannibal Corpse Kill
Cannibal Corpse c'est un peu comme quand vous revenez de chez le coiffeur et que vous voyez les réactions que suscite votre nouvelle coupe de cheveux. D'un côté, on a ceux qui vous trouvent toujours aussi beau qu'avant et de l'autre côté, on a les septiques, ceux « qui aimaient mieux comme c'était avant ». Avec Cannibal Corpse, il y a ceux qui ont laissé le groupe depuis le merveilleux Vile et ceux qui se sont accrochés et qui suivent encore.
Pourquoi ce genre de réactions ? Tout simplement parce que Cannibal Corpse n'est pas un groupe qui se remet complètement en question à chaque album. Bien au contraire, et ils l'assument parfaitement. Pourquoi changer quand on tient une recette qui marche ? Dans un sens c'est vrai, mais c'est aussi bien de rajouter quelques petits ingrédients pour donner plus de goût à la mangeaille. Aux premiers abords, on peut croire qu'on en a plutôt enlevé : exit l'épileptique Jack Owen. Forcément, quand on en a marre de jouer du death, on rejoint Deicide (cherchez l'erreur). Mais aussi, grande habitude de la maison Cannibal, l'occasion de faire peur à ses parents en leur montrant la dernière pochette bien sanguinolente du moment. Mais là, point de tripailles, point de zombies affamés, même pas de nouvelles idées de tortures.
Beaucoup de gens vont croire que Cannibal Corpse sans Jack Owen et sans pochette outrageuse ce n'est plus le « vrai » Cannibal. Ces gens là se plantent le bistouri dans l'œil jusqu'au talon, croyez-moi. Il suffit juste de rappeler Rob Barrett, un membre que le groupe connaît bien vu que ce dernier à joué sur Vile en 1996. Entre temps le sieur Barrett a joué pour Malevolent Creation et c'est 10 ans plus tard qu'il revient dans Cannibal Corpse. Forcément, cela a une incidence sur la musique du groupe. Ne vous attendez pas non plus à un bouleversement radical (on parle de Cannibal Corpse quand même) mais la musique du sanglant quintet américain a un peu évolué.
Cette évolution se marque par la production impeccable d'Erik Rutan. Guitares acérées et limpides, son de batterie impeccable, mixage irréprochable et pour une fois, Alex Webster bénéficie d'un son de basse excellent, bien audible, ce qui permet de constater, pour ceux qui ne connaissent pas l'homme au doigt de poulpe, qu'il est toujours en forme. Mais le plus gros changement vient de la « simplification » des compositions (l'arrivée de Rob Barrett ?). Je n'ai pas pris la peine de jeter une oreille sur l'intégralité de The Wretched Spawn mais les titres sont à l'image du nom de l'album. Concis et plus directs.
Il reste quand même ces riffs ciselés dans la chair comme sur « The Discipline Of Revenge » ou avec « Brain Removal Device », mais dans l'ensemble le death de Cannibal Corpse mise un peu plus sur l'efficacité des riffs que sur la rapidité d'exécution. Ne prenez pas peur, il reste toujours ces bons vieux blasts écrasants mais il y a plus de parties lourdes ou de bons vieux binaires efficaces. Rob Barrett a sûrement apporté une touche pour la création de compositions malveillantes (ahah). L'intro de « Death Walking Terror » est un peu dans ce style, comme bon nombre de passages dans l'album. Kill se rapproche davantage de Gore Obsessed tout en s'éloignant de The Wretched Spawn. Une chose est sure, la touche émétique de Gallery Of Suicide est loin derrière. Ce Kill sent plutôt la torture au couteau rouillé qu'un immense bain de sang.
Ce n'est pas pour autant que Cannibal Corpse ne prend plus plaisir à faire valser nos rotules à coup de blast, la fin de l'album se durcit : « Maniacal » ne fait pas de détails, c'est du direct de chez direct, ou encore « Barbaric Bludgeonings » avec ses rythmiques moins linéaires qu'à l'entame du cd. Et puis il y a les titres qui sont un habile mélange des deux tel que « Murder Worship » qui est à mon sens le meilleur titre de l'album. Le riff est affûté, le ralentissement est monstrueusement efficace, et tout cela alterne entre passages lourds et parties « rouleau compresseur ».
Et puis comment ne pas parler du dernier titre : « Infinite Misery ». Composé par Pat O'Brien, ce titre instrumental sent la misère. Mais la misère dans un couloir dégueulasse, le tout en étant poursuivi par une scie circulaire rouillée (ça donne envie hein ?). Bref, c'est un final auquel on ne s'attendait vraiment pas. De plus le solo est exécuté à la perfection et colle bien à l'atmosphère du titre.
Au final, on tient un bon album de Cannibal Corpse. Certes, ce n'est pas l'album de l'année, mais il a au moins le mérite de montrer que Cannibal Corpse trouve le moyen d'ajouter un peu d'eau dans son vin, à défaut d'un peu de sang, pour varier les plaisirs. Forcément il y a toujours les éternels mécontents qui ne prennent pas la peine de fouiller le contenu de ce cd. Même si révolution il n'y a pas, il faut admettre que le groupe a évolué sur quelques points ce qui est plutôt une bonne chose. Avec Erik Rutan à la production, le retour de Rob Barrett et des compositions entraînantes, acérées et efficaces, Cannibal Corpse se devait de rajouter quelques cicatrices sur nos visages poupins et ce Kill en ajoute quelques unes particulièrement douloureuses.
| Scum 13 Avril 2006 - 5062 lectures |
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