Evoken - Quietus
Chronique
Evoken Quietus
Formé depuis maintenant une dizaine d’année, les doomeux new yorkais d’Evoken sont considérés comme des piliers du doom extrême, ce malgré une discographie succincte. Ceci dit, on ne leur en voudra pas, compte tenu de la qualité de leurs trois opus. Quietus, sorti en 2001, est le second, succédant au très ténébreux et introuvable Embrace The Emptiness et permettant à Evoken de sortir de l’underground (façon de parler). Bien que cela s’améliore depuis la renaissance du doom metal qu’a connue l’année 2005, Evoken n’a jamais vraiment eu la reconnaissance qu’il mérite, chose sûrement due à une discrétion évidente, malgré une place non négligeable au seins de la scène doom.
Pour mettre les choses au point, m’attaquer à la chronique d’un tel album que Quietus n’est pas chose aisée. C’est je pense le cas de pas mal de chroniqueurs en ce qui concernent leurs albums fétiches, essayer de faire passer dans un commentaire tout ce qui se dégage d’un album en mettant de côté la subjectivité du vécu qu’on peut avoir, c’est loins d’être une partie de plaisir.
Je crois qu’on peut le dire sans craintes, Quietus est le genre d'album dont on ne ressort pas indemne, et ce dès la première écoute. A lui tout seul, il surpasse et enterre bon nombre de groupe en matière de doom (tout style confondu). Du doom, du gros, du 100 % pur doom bien lourd, bien lent et incroyablement sombre et écrasant, voilà ce qu'est Quietus. Ici, pas de rêveries baveuses ou d'inutiles susurrements plaintifs à la j'en-peut-plus-de-cette-vie-je-veut-mourir; tout n'est que lourdeur, ténèbre, obscurité... et une certaine notion de cynisme et de colère règne dans cette musique. Je m’explique.
Contrairement à pas mal d’autres groupes, Evoken évite de tomber dans le cliché mélancolie-dépréssion-pulsions suicidaires. Aidé d’une imagerie certes très doom, mais en même temps très personnel (les photos du livret sont un enchevêtrement approximatif d’images de nature, de monuments et de statues), Evoken nous emmène à l’aide de compositions tournant autour des 10 minutes dans son monde à lui ; un univers sombre, ténébreux (Quietus, Embrace The Emptiness), majestueux (le pont de Withering Indignation, le violoncelle présent sur tous les morceaux - paticulièrement à la fin de Where Ghosts Fall Silent), tantôt à coup de riffs écrasant de misère (Quietus, Tending The Dire Hatred), tantôt plus planant et reposant (les passages en son clair de In Pestilence Burning, le calme et inquiétant final de Withering Indignation)
Lorgnant souvent vers le funeral doom, chaque pièce de cet album recèle de riffs monolithique, de misère pachydermique, d’instant plus posés et méditatifs (le clavier est utilisé avec parcimonie et impose les ambiances), de passages atmosphériques jouées à grand renfort de violoncelles, évoquant indéniablement des endroits mystiques, calmes, sombres, indentifiables à une ruine dans laquelle on erre le cœur empli de colère et de cynisme, à un monument sacré perdu dans la nature silencieuse et couverte d’un ciel gris menaçant, ou même quand le groupe pousse le bouchon à fond, c’est seul à l’intérieur d’une majestueuse cathédrale que l’on s’imaginera.
L'ambiance semble mystérieusement s'éclaircir sur le dernier morceau, l'instrumental Atrementous Journey, alternant riff ultra-lourd made in Evoke et d'étranges arpèges de guitares, créant une atmosphère éthérées et reposante.
Le monolithe qu’est Quietus vous laissera à terre, sans voix, vous laissera aussi l’étrange impression de revoir des endroits que vous aviez sûrement oublié, dans un coins de votre esprit, et également le sentiments que cette planète et les êtres qui la peuplent sont d’un ridicule et d’un panurgisme affligeant.
A la fois écrasant et reposant, le doom d’Evoken sort définitivement du lot de part sa puissance, sa beauté, son aspect « mystique » et reposant, et l’incroyable envie d’envoyer tout le monde se faire foutre qu’il arrive à nous offrir. Quietus est définitivement l’un des tout meilleurs albums de doom/death de la décennie, voir de tout les temps.
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