Convocation - Ashes Coalesce
Chronique
Convocation Ashes Coalesce
Il n’y a pas à chercher longtemps la raison m’ayant fait ignorer Convocation jusque-là, malgré un line-up prestigieux (composé de Lauri Laaksonen, tête pensante de Desolate Shrine, et Marko Neuman, chanteur de Dark Buddha Rising) ainsi qu’un premier album, Scars Across, ayant reçu de très bons retours à sa sortie en 2018 : son nom, qui a toujours entrainé chez moi des rictus gênés difficiles à dépasser. Quand un groupe de funeral doom / death, genre contenant une multitude de formations anonymes peinant à transmettre une atmosphère réussie de bout en bout, vous rappelle vos rendez-vous chez le CPE pour « échec scolaire », ça vous donne envie de lui laisser une chance, chez vous ?
Pourtant, Convocation (...je ne m’y fais toujours pas) aura réussi à m’avoir, au travers d’un extrait contenant une mélancolie délicieuse, classique mais parvenant à transmettre cette élévation triste, poussiéreuse, un ras-de-sol qui voudrait être haut dans les airs, avec « The Absence of Grief ». L’album parfaitement illustré par une pochette ce qu’il faut d’austère et mythologique, il ne m’aura fallu pas davantage pour décider d’aller voir de quoi il en retourne chez le duo. Bien m’en aura pris : clairement marqué par les grands maîtres du genre, Ashes Coalesce offre une synthèse réussie de ce qui se fait de mieux dans celui-ci. Là, les ambiances death metal au ralenti, sulfureuses et proches du Chaos, d’un Tyranny lors de « Martyrise » ; ici, la tragique solennité d’un Mournful Congregation avec « The Absence of Grief » ; ailleurs, l’austère peinture d’une morgue transformée en temple d’un Evoken durant « Misery Form »... Une succession d’images connues, élégamment retranscrites, à laquelle les Finlandais donnent ce qu’il faut d’identité propre, notamment dans ce son réverbéré et ample, m’évoquant ce qui faisait l’attrait d’un groupe oublié comme Urna.
Convocation, cependant, ne se situe clairement pas dans une volonté d’étrangeté aussi marquée que chez les Italiens. Il assume pleinement son rôle de peintre traditionnel, cherchant simplement à partager du mieux possible son amour du funeral doom / death. Un pari dont il ressort victorieux, grâce à des compositions se mouvant les unes dans les autres, assez variées dans leurs émotions et leurs structures pour ne pas ennuyer. Lauri Laaksonen, se chargeant seul des compositions et des instruments, met à profit sa situation de solitaire pour donner une cohérence interne à cet album, où les morceaux paraissent se répondre, comme une collection de tableaux exprimant une histoire ancienne d’élévation après la chute, se terminant par un « Portal Closed » laissant au bord de la Félicité (cette reprise acoustique de la mélodie principale de « The Absence of Grief », aussi douce que fatidique). Enfin, il y a la performance de Marko Neuman, retranscrivant impeccablement cette diversité d’atmosphères, entre cris de damnés souhaitant nous noyer et force nous extirpant vers une lueur lointaine, un chant clair spectral nous appelant d’un ciel inaccessible.
Ainsi, les moments où le duo déçoit sont rares, ne se situant que dans quelques riffs moins inspirés (les claviers à mi-parcours de « Martyrise » par exemple) ou dans cette impression qu’il en garde encore sous la semelle, Ashes Coalesce se terminant avec l’envie de voir Convocation avancer encore plus vers cette ambivalence entre ombre et lumière trouvant son dénominateur commun dans l’expression d’une certaine condition humaine. Un projet qui se destine principalement aux amateurs d’une niche codifiée mais prenante quand elle est représentée avec respect et application, au point de se dire qu’il aurait plutôt dû se nommer Conviction. Il n’est pas trop tard.
| lkea 6 Juin 2020 - 1356 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène