…Comment ? Si les histoires de Lovecraft me font encore peur aujourd’hui ? C’est vrai, il y a eu trop d’imitations, de détournements, d’humour faits sur son œuvre… J’apprécie toujours relire mon exemplaire de « La couleur tombée du ciel » ou voir un film d’horreur avec Jeffrey Combs mais le plaisir est autre, moins porté sur l’angoisse. C’est peut-être pour cette raison que le metal inspiré par l’écrivain me laisse souvent froid, à quelques exceptions près. Ça tombe bien, Wreck of the Hesperus en est une et j’ai justement une chronique d’un de leurs albums à écrire !
Merci d’avoir posé la question car, en effet, ces Irlandais bons pour l’H.P. sont de ceux maniant l’occulte et le dégueulasse comme d’autres la glaise et ce, dès leur début. La différence entre ce deuxième album et celui qui le précède se situe dans le fait qu’on pense moins à une bande de déglingués dotée d’un bon batteur de free jazz (a.k.a.
The Sunken Threshold) et plus aux Dieux oubliés, autrefois vénérés à coup de démos et EPs – dont une partie peut se retrouver sur la compilation
Terminal Eulogy – et désormais personnifiés. Wreck of the Hesperus tient sur
Light Rotting Out la recette magique qui départage adorateurs et adorés, faisant habiter ces trois compositions taille maximale dans des cavernes voisines de celles d’
Hesper Payne et
Serpentine Path.
Le métronome rangé au placard depuis longtemps, le groupe joue son funeral comme après une sévère biture et son sludge comme le blues de monstres antiques, ventripotents et clochards, aveugles et affamés. Si
The Sunken Threshold montrait déjà un potentiel par ses guitares faites de viande froide,
Light Rotting Out étale un peu plus son malaise, donne ce qu’il faut de finesse aux rémolades de Wreck of the Hesperus : « Cess Pit People » par exemple, où l’ajout de voix féminines perdues dans le mix rend pervers les ruminements du colosse, par un contraste avec les crachins stridents des autres instruments. Lentes mais implacables, les compositions paraissent filer la même folie, la même existence lunaire auréolant ses membres d’une lumière pourrissante (
Light Rotting Out, get it ?), rendant l’écoute semblable à celle d’un seul bloc.
Sûr, on n’est pas chez les joyeusetés riffues de Coffinworm ici ! Les Irlandais ne donnent à aucun moment la sensation de descendre à notre niveau pour nous accrocher (tant mieux), passant d’une mélodie rectiligne comme une peinture d’Egon Schiele – la pochette, au passage, me rappelle énormément le travail du peintre dans une version cadavérique – à une déconstruction méthodique des quelques fondations posées ici et là par des effets bruitistes et claviers dérangés.
Sans doute, Wreck of the Hesperus n’est pas le seul à jouer autant sur le sick et le mythologique. Pourtant,
Light Rotting Out, malgré de nombreux concurrents cachant leur regard blanc sous la bure, conserve un pouvoir d’évocation assez bluffant le long de ses quarante minutes (oui c’est trop court). Donc, pour te répondre – désolé du hors-sujet –, non, Lovecraft ne me fait plus peur aujourd’hui. Mais je crois que c’est surtout parce que ses atrocités sont devenues avec le temps une partie de moi, partie avec laquelle je m’entends très bien. Apparemment, je ne suis pas le seul.
…Ah, j’oubliais ! Je ne savais pas où le caser et eux non plus, mais « The Holy Rehum » possède un guest d’Albert Witchfinder (Reverend Bizarre entre autres). Une apparition inattendue, absurde et donc géniale que je ne pouvais que citer. C’est fait.
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène