chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
285 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer
Ray Keenaghan » Morok - In t... »

Evoken - Antithesis Of Light

Chronique

Evoken Antithesis Of Light
Il y a des groupes qui ont sorti de tels monuments qu'on aborde toujours le moment de parler d'eux avec une certaine crainte, de peur de ne pas leur rendre un hommage à la hauteur de leur talent. Et il y a Evoken, ce groupe qui est entièrement un monument, dans lequel on entre à chaque fois avec une sensation de solennité, de petitesse face à lui, d'incapacité à retranscrire les émotions qu'il nous procure tant il paraît s'inscrire au-delà du temps, ses pierres résonnant d'un âge avant les âges, ses portes s'ouvrant dans une atmosphère d'éternité sur laquelle passé, présent et futur n'ont aucune influence. Il va falloir parler de Antithesis of Light. Et cela ne va pas être facile.

« Mort. J'étais mort. Et mort, j'entrais dans le temple »

Car si chaque réalisation se démarque par des ambiances plus ou moins éthérées ou rêches ainsi qu'une évolution dans les sonorités – l'époque des touches black sur la demo Shades of night descending paraît lointaine –, la formation reste cette machine à broyer implacable. Une main faite de marbre qui vous serre le cœur, faisant naître en vous des sentiments de désespoir voire d'abattement. Evoken est un appel au Néant, une vision extatique de la Mort trônant seule et fièrement, mise parfaitement en musique par un doom/death funéraire des plus froids et singuliers. Éléments que l'on retrouve donc sur Antithesis of Light. Un diamant noir parmi d'autres dans la discographie du groupe, où vous retrouvez ces notes de synthétiseur à la fois grandiloquentes et spectrales ainsi que ces lignes de guitares aristocratiques, mélancoliques mais allant à l'essentiel sans faire dans l’excès (cf. le morceau titre). Pourtant ce dernier va plus loin dans cette volonté d'assujettissement et de violence austère. D'ailleurs rares sont les sorties à m'avoir autant déstabilisée et poussée dans mes derniers retranchements que celle-ci, se plaçant de ce fait comme la pièce maîtresse du groupe et chef-d’œuvre à part entière. Se rapprochant plus d'un Embrace The Emptiness par son âpreté, tout est accentué ici : atmosphères lugubres et angoissantes (avec notamment la courte introduction ou encore le début de « Accursed Premonition »), production brute et décharnée ou encore le côté death plus prédominant. Le temps semble s'être figé dans l'univers terne et déshumanisé de Evoken et le batteur vient éteindre vos dernières lueurs d'espoir lors de poussées de violence. Des frappes cliniques et vicieuses qui vous assomment dès le morceau « In Solitary Ruin », offrant un contraste étonnant avec les mélodies plombantes et entêtantes sortant du chaos. Une singularité qui fait la beauté et la force de Antithesis Of Light.

Pénétrer dans ce disque revient à pénétrer dans un mausolée. Un mausolée où l'architecture nous écrase de sa grandeur, pensé de ses fondations, solides malgré un enchevêtrement dont seul son créateur connaît les règles géométriques qu'elles appliquent, son sol, lisse, carré, et en même temps troublant au point qu'il paraît nous inviter, narquois, à un repos sans fin, à ses hauteurs, nous privant du ciel pour nous contempler de toute leur puissance. Un bâtiment qui, à chaque instant, à chaque mur, lacet, colonne, autel, décoration, montre qu'il existait avant nous, qu'il nous survivra, que notre existence faite de chairs, d'efforts, de rêves, d'émotions, n'est qu'une blague maintes fois répétées à ses oreilles ennuyées, mais dont il garde toujours pour lui la chute. Une œuvre morte, qui respire pourtant, d'un souffle lent, sentencieux, noble, un vent glacial nous caressant les os, nous élevant à quelques centimètres de ses dalles et nous dictant sa démarche. Un lieu statique, qui bouge pourtant, se meut dans une autre dimension que la nôtre, où l'oubli, l'ennui et l'éternel font Loi. Avec un écoulement liquide où le goutte-à-goutte se fait à rebours, Antithesis of Light s'agrandit au fur et à mesure qu'il nous réduit, dans une étrange initiation de laquelle on ressort éteint et amoureux morbide, nouvel apôtre du fatidique aussi bien que transi prenant son bonheur dans l'abdication.

Si les influences étaient encore palpables sur les autres réalisations, Evoken prend davantage la tangente ici avec un album à la fois très personnel et intemporel. Une musique faite pour marquer durablement les esprits, vous aveuglant de sa lumière tant froide que crue et dont l'intensité n'a pas cessé de faiblir avec les années. Un petit plaisir masochiste que l'on ressort souvent, toujours avec cette même frénésie et ce sourire béat sur les lèvres.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Evoken
Funeral Death / Doom
2005 - Avantgarde Music
2011 - Peaceville Records
notes
Chroniqueur : 9.5/10
Lecteurs : (6)  9/10
Webzines : (13)  8.26/10

plus d'infos sur
Evoken
Evoken
Funeral Doom / Death Metal - 1994 - Etats-Unis
  

formats
  • CD / 2005 - Avantgarde Music
  • CD / 2011 - Peaceville Records

tracklist
01.   Intro  (00:49)
02.   In Solitary Ruin  (10:44)
03.   Accursed Premonition  (12:33)
04.   The Mournful Refusal  (13:30)
05.   Pavor Nocturnus  (10:46)
06.   Antithesis Of Light  (12:16)
07.   The Last Of Vitality  (11:00)

Durée : 71:38

line up
parution
21 Mars 2005

voir aussi
Evoken
Evoken
Atra Mors

2012 - Profound Lore Records
  
Evoken
Evoken
Embrace The Emptiness

1998 - Elegy Records
  
Evoken
Evoken
Hypnagogia

2018 - Profound Lore Records
  
Evoken
Evoken
A Caress Of The Void

2007 - I Hate Records
  
Evoken
Evoken
Mendacium

2025 - Profound Lore Records
  

Essayez aussi
Ataraxie
Ataraxie
Le Déclin

2024 - Ardua Music
  
Convocation
Convocation
Ashes Coalesce

2020 - Everlasting Spew Records
  
Eye Of Solitude
Eye Of Solitude
Canto III

2013 - Kaotoxin Records
  
Mournful Congregation
Mournful Congregation
The Monad of Creation

2005 - Weird Truth Productions
  
Wreck of the Hesperus
Wreck of the Hesperus
Light Rotting Out

2011 - Aesthetic Death
  

Trench Hell
Southern Cross Ripper (EP)
Lire la chronique
Deathhammer
Crimson Dawn
Lire la chronique
Flesh Storm
The Path Of The War
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Décembre 2025
Jouer à la Photo mystère
Centinex
With Guts And Glory
Lire la chronique
Entretien avec Anthares
Lire le podcast
The Ultimate Soul Grinding Festival - Last Inhumate Show Ever
Illegal Corpse + Inhumate +...
Lire le live report
Warfield Within
Rise of Independence
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2025
Jouer à la Photo mystère
R.B.Band
Chains of silence (EP)
Lire la chronique
Ordered To Kill
Endless War
Lire la chronique
Reabilitator
Fucking Thrasher
Lire la chronique
Hexecutor
…Where Spirit Withers In It...
Lire la chronique
Live Report Muscadeath 2025 2ème jour (samedi)
Lire le podcast
Live Report Muscadeath 2025 1er jour (vendredi)
Lire le podcast
La photo mystère du 1 Novembre 2025
Jouer à la Photo mystère
Mortal Scepter
Ethereal Dominance
Lire la chronique
Revocation
New Gods, New Masters
Lire la chronique
Ormagoden
Purphoros
Lire la chronique
Electrocutioner
Harbinger
Lire la chronique
Vio-Lence
Oppressing The Masses
Lire la chronique
Ex Tenebris Lux Acte VII
Gravekvlt + Zöldïer Noïz
Lire le live report
Entretien avec DEVANGELIC
Lire le podcast
Dead Heat
Process Of Elimination
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2025
Jouer à la Photo mystère
Entretien avec AVULSED
Lire le podcast
Vile Apparition
Malignity
Lire la chronique
Aragon
Aragon
Lire la chronique
Violator
Unholy Retribution
Lire la chronique
Death Feast Open Air 2025
AngelMaker + Brodequin + Ce...
Lire le live report
La photo mystère du 1 Octobre 2025
Jouer à la Photo mystère