Dux - Vintras
Chronique
Dux Vintras
Je n'avais malheureusement pas eu le temps de chroniquer leur excellente démo Ezoterik sortie l'année dernière chez Hass Weg Productions mais ce n'était que partie remise puisque les lyonnais remettent le couvert en cette année 2012 qui voyait annoncée depuis un petit moment la sortie de leur premier disque Vintras, après 5 années d'existence qui consacrent aujourd'hui DUX comme un groupe à part entière (et non plus comme un projet annexe des membres d'ORTHANC), puisqu'on a pu avoir l'occasion, j'entends les plus chanceux, de les voir en concert à plusieurs reprises. Une grosse ambiance ritualiste, à grands coups de bougies, de perfectos sales et de corpse paints dégoulinants malheureusement gâchée par l'invasion de parasites, avait habité le Thunderbird de Saint-Étienne le 9 mars dernier, laissant voir tout le potentiel de ce groupe sur l'album à paraître le même mois. De même, l'extrait « Bienheureux les simples d'esprit » dispo sur la Good Sound Radio annonçait un disque chantant les valeurs d'un Black Metal traditionnel versé dans un amour du rock 'n roll évident et bercé par une foi dévorante, à l'image de ce concept fort pertinent tournant autour d'Eugène Vintras, prêtre obscur situé dans la région de Lyon au XIX° siècle, qui contribue durant les 45 minutes de l'opus à accentuer sa force occulte.
Blasphème, sexe cérémonial et giclées de foutre sont donc au menu pour ce manifeste brûlant d'une belle sincérité. Si DUX s'illustre à travers un son grésillant, crasseux comme les fonds sanglants de la cave du prophète, c'est aussi à travers sa pochette et son livret qu'il met en forme son aura, notamment via la dernière illustration qui a pour ambition de retranscrire une cérémonie d'Eugène Vintras à laquelle assistent les membres du groupe représentés en prêtres d'une secte où la baise bestiale et le sang règnent en maître. À atmosphère old school, son old school : une batterie sonnant totalement naturelle, souffrant toutefois d'un léger manque de puissance au niveau de la caisse claire au profit de cymbales bien mises en avant, rythme une guitare cradingue qui vomit tantôt des riffs perçants et pernicieux, à l'image des très poignants « Éternité » (au riff ultra émouvant!), « La mort d'un astre » (présent sur la démo et habilement réenregistré ici) ou encore « Vanité » et son entrée très mélancolique, tantôt des attaques rock 'n roll flirtant avec le Thrash, à l'image du break bien jouissif de « Carapace », de l'entrée à la batterie seule de « Terre Brûlée », le morceau sur lequel Anksudams, batteur du groupe en live, fait son office.
Vintras s'avère être par moments tout à fait Heavy, avec le bel hommage à Ozzy Osbourne annoncé dans « Disciples de Vintras », le bonnard « Des cieux emplis de haine » avec son ouverture qui évoquera IRON MAIDEN (avec cette présence énorme de la basse !) ou MERCYFUL FATE avec ces cris excellents balancés par le vocaliste ou encore la fin de « Terre Brulée », moments qui s'imposent comme les plus old school. Les plus audacieux pourront également voir à la fin de « Vanité » un véritable clin d’œil à BLACK SABBATH et plus généralement au rock occulte des années 70 avec ce riff qui s'articule autour d'une guitare lancinante et d'une basse ronde comme une queue de pelle. Ce premier opus reste pourtant résolument inscrit dans les lignes d'un Black Metal joué à l'ancienne, comme on le pratiquait dans les années 1990 dans l'hexagone : certes, on pense assez rapidement à SEIGNEUR VOLAND (« Carapace », autre titre déjà présent sur la démo) mais aussi à BLESSED IN SIN pour le côté old school ultra blasphématoire (« Disciple de Vintras »), l'importance de la basse dans la production, en témoigne notamment de ce solo dans « Carapace » fort bien branlé -tout comme les braves bonshommes que l'on voit dans le livret- de même que l'ambiance très portée vers le sexe (bien ressentie dans le début du premier, imposant directement cette atmosphère) évoqueront également les Norvégiens de CARPATHIAN FOREST, mais cette personnalité propre à DUX reste bien apparente, notamment grâce à la voix si particulière de Glaurung Samildanac'h. Une voix du Black Metal... ceux qui l'aiment chez ORTHANC l'adoreront chez DUX, poussée au maximum de son timbre si criard et haineux.
Cet organe (vocal bien entendu !) déclame des paroles dans un français léché, parfois ordurier, parfois plus sensible et fin. Si la musique reste très homogène, les textes sont nettement plus variés, abordant tantôt l'occultisme le plus malsain accouplée à une dissonance musicale riche, tantôt les lamentations d'un personnage derrière lequel on devine un Glaurung qui se révolte ou qui se lamente, regrettant ses échecs, ses « défaites » comme il les appelle dans un ensemble touchant parce-qu'assez personnel. Cette production de qualité est donc aussi plaisante que surprenante : un an après cette seconde démo diffusée correctement dans l'Underground, DUX parvient totalement à se démarquer du groupe dont sont issus la majorité de ses membres et qui ont fait leur renommée (sans pour autant dénigrer quelques clin d’œils, avec ce « céleste pourriture ! » gueulé par un vocaliste revanchard dans « Des cieux emplis de haine » ) ; alors que son « alter ego » s'était davantage inséré dans un ensemble plus ambitieux (en témoigne par exemple sa superbe reprise du morceau « Le Glaive » sur L'Amorce du déclin), avec des moyens à la hauteur de sa nouvelle mouture, DUX dresse bien haut son majeur « aux minables et aux traînées » en adoptant une posture régressive qui nous ramène violemment dans les tréfonds d'un Black Metal à l'ancienne, tel que les puristes l'apprécient... et c'est tant mieux !
| Voay 8 Juin 2012 - 2581 lectures |
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