Vous connaissez le label suisse Asgard Hass ? Personnellement je l’avais déjà croisé dès 2012 pour la sortie de
A tous les soldats inconnus d’
AGHONE puis pour
And the Waters Turned to Blood de
PURE en 2014. Mais à part ces deux albums je ne connaissais pas vraiment ses activités. Cela devrait changer car il multiplie les bonnes signatures, et surtout parce que c’est lui qui a récupéré
DUX. Ce groupe français qui avait attiré l’attention et même fait l’unanimité en 2012 avec son premier album,
Vintras, paru chez Hass Weg Productions. Oui, il faut vraiment le faire exprès et aimer les noms similaires pour passer de Hass Weg à Asgard Hass...
Et c’est trois ans qu’il aura fallu attendre pour découvrir cette suite, et je peux vous dire que le groupe n’a rien perdu de ses atouts. Au contraire même, il poursuit sur sa lancée et propose 8 titres de très bonne facture, avec un album dans la tradition du black underground à la française.
DUX a des qualités qui trouvent leur origine dans notre scène toulonnaise, avec une approche qui a des accents de
SACRIFICIA MORTUORUM, et surtout de
ORTHANC. Comparaison évidente puisqu’à l’origine on retrouvait trois de ses membres : Glaurung, Souffrance et Pesttanzer. Et même si ces deux derniers ne sont plus actifs chez
DUX, on a gardé l’esprit. Et donc de l’énergie diabolique, des vocaux crachés à la gueule, des mélodies torturées et puis des influences thrash et punk. Ceux qui regrettent le split d’
ORTHANC vont enfin trouver un palliatif.
DUX a bien une formule qui déménage. Les dents volent à l’écoute de l’agressivité continue renforcée par des traits punk et des nuances thrash, suffisamment légères pour ne pas rebuter un détracteur de ces deux genres comme moi. Sûrement parce qu’un équilibre est constamment bien pensé avec des mélodies démentielles et de nombreux apports dosés à la perfection. Cela commence tout de suite par une première piste très représentative. « Le fruit de vos entrailles est maudit » s’ouvre sur un cœur qui bat, laisse place à quelques secondes de crissements de guitare électrique, en glisse une autre acoustique, et donne la parole à un homme qui déclame avec une intonation qui rappelle
PESTE NOIRE : « Je vous salue mes frères, vous êtes si dégueulasses, ôtez vos oripeaux, je vois toute votre crasse ». Ce sera la seule référence à la mauvaise peste, car là, alors qu’une seule minute est passée, c’est une explosion de sons. Tous les instruments apparaissent subitement et viennent nous déflorer. Les hurlements en français, peu audibles, ne sont pas en reste et nous bastonnent. On s’en prend plein les mirettes et chaque titre aura sa petite particularité.
« La Chair marque l’esprit » se démarque par sa basse, très bien mise en avant, et par un rythme plus lent au début. Il a des lueurs momentanément mélancoliques.
DUX a la capacité de se rendre imprévisible et bien qu’il faille le classer dans le black traditionnel rentre-dedans, il se permet beaucoup d’écarts. Comme du chant lyrique sur « L’humaine condition », passage relançant totalement un titre qui commençait moyennement avec des riffs saccadés trop désagréables. Les surprises, ce sont aussi tous ces espaces laissés aux instruments. Les vocaux se taisent souvent pour laisser s’exprimer ces météorites. La palme revient peut-être à « Vieux Cuir Usé », titre dédié à un certain regretté Jeanfi, et qui garde carrément 4 minutes instrumentales surprenantes. Des riffs et une batterie qui changent d’orientation et nous jouent une sorte de
NACHTMYSTIUM souterrain. Un plaisir qui se savoure au fil des écoutes.
On pourra aussi citer « Je n’ai plus que les os », dont les textes sont bien évidemment ceux de Ronsard. Ils sont magnifiquement mis en musique, avec une forte tension grâce à un rythme endiablé qui se termine dans un excellent final apocalyptique. Un feu d’artifice musical qui va vous faire redécouvrir le poète sous un nouveau visage. Il n’y a guère que le passage avec des vocaux à la Sydney Valette qui me fait tiquer, mais c’est plus la faute à ma connaissance de Sydney Valette qu’à celle du groupe. Car cet ajout est finalement marquant...
Inutile de citer tous les morceaux, sachez qu’ils défoncent bien, toujours avec la même hargne saupoudrée de petites zestes de mélanco-nostalgie. La scène française a de beaux restes,
ORTHANC est peut-être mort, mais
DUX arrive à maintenir le flambeau bien allumé.
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