Various Artists - Odour Of Dust & Rot
Chronique
Various Artists Odour Of Dust & Rot (Compil.)
Nous passerons par des lieux et des paysages mystérieux grâce à la compilation du label Rhinocervs qui réunit plusieurs groupes de Black Metal et/ou Doom américain : Absum, Tukaaria, Odz Manouk Nihilobstat, Glossolalia, Kuxan Suum ainsi que des morceaux où l'artiste est inconnu. Cependant, tous ne sont pas sur le même label puisque Glossolalia et Kuxan Suum sont sur Crepúsculo Negro comme Arizmenda ou Volahn. Odour Of Dust & Rotest un long passage vers un monde nouveau. Pourtant, on ne pourra pas dire que tous les groupes se ressemblent, ils ont chacun leur propre style et procurent des émotions différentes.
La solitude est le mot qui me vient en tête. Bien que cette compilation passe par des sensations différentes, c'est entre vous et la musique que tout s'image et se crée. Ne vous pressez donc pas pour faire découvrir cette compilation à vos copains. Même s'ils sont là, ce sentiment persistera. Non pas que cette production pousse à la dépression ou quelque chose comme ça mais elle est intimiste. Le son est toujours un peu crasseux comme s'il avait lui même subit une longue traversée dans le désert d'Atacama, un périple au confins de l'univers ou même une découverte des volcans sous l'Océan.
Alors qu'avec Portal, il est impossible de remonter à la surface à cause de la pression de l'eau où vous êtes attirés irrémédiablement vers les abysses, « Enslaves Every Star » laisse place à une forme de lumière trompeuse. La guitare donne un effet lumineux au morceau sans pour autant qu'elle soit foncièrement rassurante. C'est un peu comme « Filth In The Light » de Glossolalia. Même si les guitares semblent avoir un côté colérique ou même mélancolique, c'est limite si vous pouvez vous figurer It Follows à courir comme un dératé dans la rue pour éviter de vous faire déchiqueter ou que vous évitiez le regard de Tomié sous peine de crever. C'est la narration d'une fuite transposée par un rythme soutenu et des guitares tourmentées.
Même si Odz Manouk nous révèle une partie de la compilation plus basique, on cherche quelque part à nous embrouiller l'esprit (« A Virulent Wind »). Au début on pourrait penser à un Black Metal purement dépressif. C'est une fausse piste. Avec des mélodies presque orientales, des nappes de guitares vaporeuses, Odz Manouk déverse presque dans le contemplatif où le rêve se transforme vite en cauchemar. Je rapprocherai « A Virulent Wind » du morceau de Tukaaria « Empty As The Prophecy » pour leur colère pure où la souffrance est maîtresse. Les voix succinctes déclamées au milieu du morceau de Tukaaria donnaient une ambiance confinée, j'aurais aimé qu'ils les étalent plus amplement. En fait, ils auraient du y incorporer « Strain II » puisqu'il n'y a que des voix pendant une minute ce qui donne un côté très Eyes Wide Shut d'ailleurs.
En écoutant cette compilation, on découvre des vortex, des ambiances tournantes. A la limite d'un Urfaust, « Tempest » nous délivre une partie linéaire presque monolithique sans pour autant être rébarbative. C'est aussi le cas de « Rhythms of The Feast » où j'ai eu une révélation : c'est une atmosphère fantastique, à la Yoga, grâce aux guitares en plein milieu de la piste. En fait, c'est criant de vérité si on écoute Megafauna en parallèle, du moins pour ce passage. En parlant de fantastique, Kuxan Suum sait y faire aussi. A l'inverse, « Principle Of Harmonic Resonance » est assez changeant et s'essaye à des expérimentations. On a l'impression de se retrouver dans l'espace. On est rassuré d'être proche de la Terre et plus on s'éloigne, plus on se perd dans une nébuleuse rouge psychédélique. Même si le voyage peut paraître un peu long (10 minutes), on ne s'ennuie vraiment pas. C'est sûrement le groupe qui a le plus travaillé à ses ambiances pour faire quelque chose de jolie, de presque naïf.
Enfin, contrairement à un choix purement Black Metal, Absum se détache de tous ces groupes. « Living Graves », « Profaned » et « Restless Specter » enclenchent un Doom profondément torturé qui essaye tant bien que mal de sortir de sa torpeur. Absum est un conteur d'histoires. Si les trois morceaux sont mis à la suite, on a l'impression d'être face à un récit de légende urbaine qui provoque la stupeur, l'attente pour se rendre compte que cette histoire aux dangereuses péripéties se termine plutôt bien.
Décidément, les américains ont une scène novatrice qui ouvre sur une nouvelle façon de ressentir le Black Metal. Même si ici le son n'est pas aussi évident qu'un Krallice ou qu'un Deafheaven, on ressent toujours ce désir d’emmener l'auditeur au plus loin dans ses retranchements. Même si les structures restent relativement simplistes, la compilation dégage une aura très positive malgré ses petits coups d'oppression.
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